Des activités de pleine conscience réduisent le fardeau du syndrome métabolique chez les aînés

  • Forum
  • Le 1 septembre 2021

  • Martin LaSalle
Les résultats d'une étude effectuée par Bianca D'Antono montrent que des approches reposant sur la pleine conscience, tels la méditation, la relaxation et le yoga, entraînent une réponse du système parasympathique qui se traduit par une diminution cliniquement significative du taux de cholestérol et du tour de taille et, dans une moindre mesure, de la pression artérielle.

Les résultats d'une étude effectuée par Bianca D'Antono montrent que des approches reposant sur la pleine conscience, tels la méditation, la relaxation et le yoga, entraînent une réponse du système parasympathique qui se traduit par une diminution cliniquement significative du taux de cholestérol et du tour de taille et, dans une moindre mesure, de la pression artérielle.

Crédit : Getty

En 5 secondes

Des séances de méditation de type pleine conscience peuvent contribuer à réduire les facteurs responsables du syndrome métabolique, qui peut causer différents troubles cardiovasculaires.

Pas moins de 40 % des adultes de 60 ans et plus, dans le monde, vivent avec le syndrome métabolique, qui est caractérisé par la présence d’au moins trois de ces marqueurs chez l’individu, soit l’embonpoint abdominal, un taux élevé de triglycérides sanguins, une pression artérielle élevée, un haut taux de «mauvais cholestérol» et une glycémie élevée.

Et lorsqu’une personne présente trois de ces signes physiologiques, elle court un grand risque d’être atteinte de diabète de type 2, de troubles cardiovasculaires ou de subir un accident vasculaire cérébral.

Or, dans une étude récemment publiée dans la revue Clinical Gerontologist1, la professeure Bianca D’Antono, du Département de psychologie de l’Université de Montréal, et ses collègues montrent que des approches reposant sur la pleine conscience, tels la méditation, la relaxation et le yoga, entraînent une réponse du système parasympathique qui se traduit par une diminution cliniquement significative du taux de cholestérol et du tour de taille et, dans une moindre mesure, de la pression artérielle.

Le rôle du système nerveux parasympathique

Bianca D'Antono

Crédit : Amélie Philibert

Spécialiste de la psychologie de la santé et chercheuse à l’Institut de cardiologie de Montréal, Mme D’Antono a mené plusieurs projets de recherche sur les facteurs psychosociaux et psychophysiologiques qui contribuent à l’apparition et la progression des troubles cardiovasculaires, ainsi que sur les interventions pouvant diminuer les risques associés à ces facteurs.

«Des recherches effectuées dans mon laboratoire et dans d’autres laboratoires dans le monde ont déjà démontré que le stress joue un rôle dans les troubles cardiovasculaires, les maladies coronariennes, l’arythmie et le risque d’en mourir», évoque-t-elle. Nous avons aussi montré que des interventions psychologiques peuvent avoir une influence sur les réactions physiologiques, dont certaines accentuent les facteurs responsables du syndrome métabolique.»

La chercheuse et ses collègues ont donc voulu vérifier si des interventions axées sur la pleine conscience pouvaient agir sur ces facteurs, en observant la réponse du système nerveux parasympathique des participants – l’une des deux branches du système nerveux autonome chez l’humain.

Ce système est activé dans la réponse de relaxation, la récupération et la restauration, la digestion, l’orientation sociale, la croissance et la réponse immunitaire, de même que dans le ralentissement des fonctions de l’organisme pour conserver son énergie, car il permet d’abaisser le rythme cardiaque et la tension artérielle.

Chez la plupart des gens, le système parasympathique répond normalement, mais pour ceux dont ce n’est pas le cas, le risque de syndrome métabolique est accru.

Méditation, relaxation et yoga au menu!

Pour vérifier la réponse du système nerveux parasympathique et son effet sur les facteurs de risque du syndrome métabolique, Bianca D’Antono et ses collègues ont recruté 19 patients de l’Institut de cardiologie de Montréal atteints du syndrome.

«Notre projet visait trois objectifs, soit valider que l’intervention était bien acceptée par des personnes âgées à risque de maladie coronarienne, qu’elle aide à réduire ces facteurs de risque et que la réponse parasympathique des participants est associée aux changements métaboliques», précise Mme D’Antono.

Pour ce faire, les participants ont pris part à un programme d’intervention de neuf séances de 180 minutes étalées sur neuf semaines. Le programme comportait des séances de méditation de type pleine conscience, de yoga doux, de discussion sur le stress et de relaxation ainsi qu’une retraite silencieuse.

La moitié des sujets ont pris part aux séances, tandis que les autres composaient le groupe témoin qui, ultérieurement, a aussi suivi le programme.

Avant le début du programme, l’équipe de chercheurs a pris différentes mesures physiologiques, biologiques et psychologiques auprès des participants: pression artérielle, échantillons sanguins, niveau de stress, système nerveux autonome et qualité de vie. Ces mesures ont été reprises à l’issue des séances ainsi que deux mois plus tard aux fins de comparaison.

Moins de cholestérol et une meilleure pression artérielle

L’analyse des données a permis de constater que les personnes possédant de meilleures capacités relatives à la relaxation, aux relations interpersonnelles et à la prise de conscience de leur corps sont celles dont la réponse du système parasympathique était associée à une diminution de certains facteurs métaboliques.

«De plus, elles ont montré une réduction cliniquement significative du cholestérol et une normalisation des réponses parasympathiques au stress, mentionne Bianca D’Antono. Qui plus est, ceux qui ont démontré une plus grande normalisation des réponses parasympathiques au stress sont également ceux qui ont présenté de plus grands changements métaboliques.»

De fait, entre le début et la fin de l’expérience, les chercheurs ont observé une diminution moyenne de 15 % des lipoprotéines de basse intensité (ou «mauvais cholestérol», le LDL en anglais), comparativement à une réduction de 4,5 % dans le groupe témoin. Et globalement, l’ensemble des participants ont vu leur tour de taille diminuer de trois centimètres.

«Ce sont des résultats très significatifs sur le plan clinique, mais ce qui est remarquable, c’est qu’ils sont associés aux changements observés dans le système nerveux autonome», insiste Mme D’Antono.

En d’autres termes, même chez celles et ceux dont le système nerveux parasympathique répondait initialement de façon anormale, les résultats étaient corrélés avec une baisse de certains facteurs associés au syndrome métabolique.

L’importance d’être présent à soi

Pour Bianca D’Antono, ces résultats sont «encourageants, car ils prouvent que ce type d’intervention en gestion du stress pourrait aider à prévenir l’apparition du syndrome métabolique chez les personnes dont le système parasympathique est «non normatif».

«Cette approche, que nous voulons tester à plus grande échelle, donne des résultats intéressants à première vue et mérite qu’on s’y arrête, conclut-elle. Sans prétendre qu’elle pourrait remplacer la prise de médicaments ou la psychothérapie, elle pourrait constituer une voie complémentaire pour empêcher les troubles cardiovasculaires.»

 

1 Bianca D’Antono et coll., «Mindfulness-Based Stress Reduction in Older Adults at Risk for Coronary Artery Disease: A Pilot Randomized Trial», Clinical Gerontologist, publié en ligne le 15 mars 2021.