La nouvelle maîtrise qualifiante en éducation préscolaire et en enseignement primaire connaît un succès inattendu

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Après avoir reçu 942 demandes d’admission à son nouveau programme de formation, la Faculté des sciences de l’éducation a accepté 225 étudiants au lieu des 120 prévus au départ.

«On espérait avoir du succès, mais on n'imaginait pas que ce serait aussi populaire!» s’exclame d’entrée de jeu Pascale Lefrançois, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal. Elle parle de la maîtrise qualifiante de 60 crédits offerte depuis l’automne et conçue pour permettre aux titulaires d’un baccalauréat dans une autre discipline de suivre une formation qui les conduira au brevet d’enseignement au préscolaire et au primaire: «On voyait que dans le milieu scolaire il y avait des enseignants et enseignantes non légalement qualifiés qui souhaitaient enseigner, mais qui n’avaient pas la formation requise. Des gens qui n’étaient pas prêts à arrêter de travailler pendant quatre ans pour faire un baccalauréat à temps plein. Mais entre voir des personnes qui ont besoin de ce type de formation [maîtrise qualifiante] et recevoir autant de demandes d’admission, honnêtement, on ne s’attendait pas à ça», dit-elle en rappelant que les candidates et candidats déçus de ne pas avoir été acceptés pourront se reprendre aux prochaines périodes d’inscription.

Un besoin de personnel criant

La maîtrise qualifiante en éducation préscolaire et en enseignement primaire est née pour au moins deux raisons: pallier la pénurie de personnel enseignant et répondre aux besoins d’une clientèle différente de celle qui s’inscrit au baccalauréat en enseignement: «On pense vraiment avoir ciblé des personnes que le baccalauréat n’aurait pas attirées, donc ce n’est pas un déplacement de la population étudiante d’un programme vers un autre. On a des raisons de penser que c’est du nouveau personnel scolaire qu’on est en train de former et ça, c’est une bonne nouvelle», soutient Pascale Lefrançois.

On se souvient qu’en 2019 le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge avait invité les universités à créer des programmes de formation différents menant au brevet d’enseignement. C’est cette déclaration qui a servi de bougie d’allumage à une réflexion entamée depuis 2018: «Lorsqu’on rencontrait nos partenaires du milieu scolaire et qu’ils nous disaient à quel point ils manquaient de personnel, on se demandait comment les aider. Devait-on admettre plus d’étudiants et d’étudiantes au baccalauréat? Concevoir des programmes travail-études? On explorait toutes sortes d’idées avec le milieu scolaire», se rappelle celle qui est aussi professeure au Département de didactique de l’UdeM. Quand le ministre Roberge a lancé aux universités un appel de projets inédit dans le but entre autres d’élaborer de nouveaux parcours de formation pour qualifier de nouvelles personnes, l’UdeM a entrepris son projet, qui s’est concrétisé en plusieurs étapes.

À l’été 2019, la Faculté des sciences de l’éducation a proposé un cours d’initiation de trois crédits aux rudiments de l’enseignement pour aider celles et ceux qui allaient faire de la suppléance ou des contrats de remplacement à l’automne: «On a ensuite créé tout un programme qui a été accepté par la Commission des études de l’UdeM en mai 2020 et l’on a pu ouvrir les admissions en mars 2021 pour cet automne», résume Mme Lefrançois.

Des données à recueillir

La Faculté des sciences de l’éducation n’a pas encore eu le temps de scruter les 942 demandes d’admission reçues pour savoir de quel domaine les candidats et candidates venaient, mais c’est quelque chose qui l’intéresse.

Au cours des mois et années à venir, la faculté va aussi recueillir des données sur ses étudiantes et étudiants et leur progression dans le programme: «C’est la première fois qu’on l’offre, alors il y aura certainement des choses à améliorer», affirme la doyenne avant de renchérir: «On veut vraiment être capables de prouver que les enseignants qu’on va former à travers cette maîtrise sont au moins aussi compétents que ceux qui passent par le baccalauréat. C’est ce qu’on a observé avec la maîtrise en enseignement au secondaire.»

Pascale Lefrançois fait ici référence à la maîtrise qualifiante pour enseigner au secondaire qui existe depuis une dizaine d’années. À l’époque, plusieurs voix s’étaient élevées pour mettre en doute l’efficacité d’un tel programme: «Quelques années plus tard, il y a eu des travaux de recherche rigoureux qui ont montré qu'aussi bien du point de vue des employeurs [milieu scolaire] que du point de vue des formateurs [universités] on estime que les enseignants du secondaire formés par la maîtrise qualifiante ont la même compétence que les diplômés du baccalauréat», conclut-elle.