COVID-19: les personnes plus âgées développent plus d’anticorps

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Une étude de l'Université de Montréal révèle qu’une cohorte de 32 adultes ayant eu une forme peu grave de la COVID-19 ont tous développé des anticorps, mais dans une proportion liée à leur âge.

Avec l’apparition préoccupante de variants du SRAS-CoV-2 dans le monde entier, la progression de la pandémie s’est accélérée. Une équipe de recherche dirigée par Joelle Pelletier et Jean-François Masson, tous deux professeurs au Département de chimie de l’Université de Montréal, a voulu savoir ce qui procurait une meilleure protection contre le virus: les anticorps produits par l’infection elle-même ou ceux produits par la vaccination?

Les résultats de l’étude publiée aujourd’hui dans Scientific Reports montrent que chez certains des participants qui ont été vaccinés – vaccins de Pfizer BioNTech ou d'AstraZeneca – les anticorps augmentent de façon significative et ces anticorps sont aussi efficaces contre le variant Delta, qui n’était pas encore présent au Québec en 2020 lors de cette étude.

Une trentaine de Canadiens déclarés positifs mais non hospitalisés

Jean-François Masson

Jean-François Masson, spécialisé dans l’instrumentation biomédicale, et Joelle Pelletier, experte en chimie des protéines, se sont intéressés à une population qui reste peu étudiée jusqu’à maintenant: les personnes infectées par le SRAS-CoV-2 mais non hospitalisées.

Trente-deux adultes canadiens déclarés positifs à la COVID-19 – grâce à un test PCR –, mais qui n’ont pas été hospitalisés ont donc été recrutés par le Centre hospitalier de l’Université Laval de 14 à 21 jours après leur diagnostic en 2020, avant l'émergence des variants Bêta, Delta et Gamma.

«Toutes les personnes infectées ont développé des anticorps, mais les plus âgées en ont développé davantage que les plus jeunes, soit celles âgées de moins de 49 ans, explique Jean-François Masson. En outre, plus de 16 semaines après le diagnostic, des anticorps étaient encore présents dans leur sang.»

Les anticorps fabriqués à la suite d’une infection par le virus d’origine ont aussi réagi aux variants du SRAS-CoV-2 apparus dans les vagues subséquentes, soit le Bêta (Afrique du Sud), le Delta (Inde) et le Gamma (Brésil), mais dans une moindre mesure, soit de 30 à 50 %.

Une réaction surprenante au variant Delta

Joelle Pelletier

«Toutefois, ce qui nous a le plus surpris dans les résultats de cette étude, c’est que lorsque nous avons mesuré la capacité de ces anticorps à prévenir l’interaction de la protéine spike du variant Delta avec le récepteur des cellules humaines ACE-2 – le mécanisme par lequel le virus infecte nos cellules –, les anticorps développés par les gens infectés ont offert une certaine réactivité, sauf chez les personnes de moins de 49 ans, rapporte Joelle Pelletier. Nous n’avons pas observé le même phénomène avec les autres variants.»

La vaccination beaucoup plus efficace que l’infection pour protéger la population

Lorsqu’une personne ayant eu une forme peu grave de la COVID-19 est vaccinée, la quantité d’anticorps présente dans son sang double – par rapport à une personne qui n’est pas vaccinée, mais qui a déjà été infectée par le virus – et ses anticorps ont une meilleure capacité à empêcher l’interaction spike-ACE-2.

«Mais encore plus intéressant, ajoute le professeur Masson, c’est que nous avons des échantillons d’un individu de moins de 49 ans chez qui l’infection n’a pas produit d’anticorps inhibant l’interaction spike-ACE-2, contrairement à ce qu’a fait la vaccination. Cela donne à penser que la vaccination augmente la protection contre le variant Delta chez les personnes ayant souffert d’une infection avec le virus d’origine.»

Les travaux de recherche doivent donc se poursuivre afin de déterminer quelle est la meilleure combinaison pour garder un niveau optimal d’anticorps qui soient réactifs à l’ensemble des variants du virus, concluent les deux chercheurs.

À propos de cette étude

L’article «Cross-reactivity of antibodies from non-hospitalized COVID-19 positive individuals against the native, B.1.351, B.1.617.2, and P.1 SARS-CoV-2 spike proteins» a été publié le 26 octobre 2021 dans Scientific Reports.

L’étude a été réalisée en collaboration avec l’Université Laval, le Centre hospitalier de l’Université Laval, Héma-Québec et le Conseil national de recherches du Canada. Elle a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le programme Défi en réponse à la pandémie du Conseil national de recherches du Canada et de la Fondation canadienne pour l'innovation.

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