La société civile canadienne fait front commun

Samuel Rainville

Samuel Rainville

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

De retour de la COP26, Samuel Rainville, coordonnateur du Centre étudiant des Premiers Peuples des Services aux étudiants de l’UdeM, nous parle de son expérience.

La COP26, tenue à Glasgow jusqu’au 12 novembre, s’est terminée par une entente que plusieurs jugent insuffisante pour réduire le réchauffement climatique. Mais au-delà de ces réactions, UdeMNouvelles a voulu savoir comment Samuel Rainville, coordonnateur du Centre étudiant des Premiers Peuples des Services aux étudiants de l’Université de Montréal, a vécu son expérience comme membre de la délégation canadienne à cette grande conférence de l’Organisation des Nations unies sur les changements climatiques.

«Voir des gens de partout dans le monde se déplacer pour discuter et négocier à propos d’une même cause, la lutte contre le réchauffement climatique, c’est impressionnant en soi, affirme Samuel Rainville. Et c’est certain que l’ambition de la société civile et de la jeunesse est toujours plus grande que celle des décideurs de notre planète.»

Il ne revient donc pas désillusionné de cette expérience. Ce qui l’a le plus émerveillé, c’est de voir la société civile canadienne unie derrière un même objectif. «Les organismes communautaires, les groupes environnementaux et les syndicats travaillent vraiment ensemble pour se bâtir un argumentaire fort basé sur la science qui met de la pression sur les gouvernements: ç’a été mon coup de cœur.»

Samuel Rainville a d’ailleurs rencontré à quelques reprises Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, qui était au cœur des négociations. «Il croit à la science et c’est important d’avoir quelqu’un comme lui pour représenter le Canada dans ces rencontres», estime-t-il.

Le premier ministre François Legault et Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, sont aussi sur la liste des politiciens rencontrés par Samuel Rainville. «Le groupe de jeunes dont je faisais partie leur a demandé de mettre sur pied un comité-conseil sur la question climatique, raconte-t-il. Personnellement, j’ai mis de l’avant les liens entre la lutte climatique et le racisme environnemental. Les communautés autochtones sont parmi les premières à subir les répercussions du réchauffement planétaire. Nous nous sommes sentis écoutés.»

À la rencontre de leaders autochtones

Samuel Rainville, Innu urbain membre de la communauté de Pessamit, était emballé à l’idée de rencontrer des leaders de communautés autochtones des quatre coins du monde. «Plusieurs venaient des Amériques, mais peu du Pacifique, précise-t-il. Ce ne sont pas toutes les communautés autochtones qui peuvent se permettre d’envoyer des représentants dans une conférence en Europe, en pleine pandémie, alors que la vaccination n’est pas accessible à tous. Certaines communautés ne peuvent pas prendre le risque de rapporter la COVID-19 chez elles.»

Dialoguer avec des Autochtones de différentes régions a permis à Samuel Rainville de voir des liens entre les communautés. «Les valeurs des Autochtones sont similaires partout sur la planète et ils ont vécu le même genre de conséquences dues à la colonisation, dit-il. Les différentes communautés sont aussi sur la ligne de front des changements climatiques et demandent la protection des territoires.»

Les prochaines COP

Se sentant privilégié d’avoir pu participer à la COP26, Samuel Rainville espère que plusieurs autres jeunes Autochtones auront la même chance que lui dans les prochaines années. Il croit du reste que les questions des droits de la personne et de la justice climatique prendront de plus en plus de place dans les futures COP (conférences des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques).

«Il y a de fausses solutions dans l’Accord de Paris et dans le pacte de Glasgow sur le climat, déclare-t-il. On parle de compensation du carbone par exemple, qui permet à des compagnies d’acheter le droit de polluer. On ne parviendra pas ainsi à une grande réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et cela se fait toujours au détriment des gens qui vivent les contrecoups du réchauffement de la planète, comme les Autochtones. Il y a d’ailleurs déjà des réfugiés climatiques dans le monde.»

Selon lui, il faudra donc parler davantage de la notion de pertes et de préjudices liés au réchauffement planétaire. «Il faut financer la sortie du pétrole et le virage des pays défavorisés vers une économie plus verte, mais il faut aussi financer des initiatives qui permettront aux communautés les plus démunies, notamment autochtones, de mieux s’adapter et d’être plus résilientes face aux changements climatiques.»

À cet égard, il a été particulièrement touché par les paroles d’une leader autochtone du Tchad, Hindou Oumarou Ibrahim, présente à la COP26: «Nous ne sommes pas ici à titre de victimes, nous sommes ici, car nous avons des solutions.»

«Je trouve que ses mots résument bien le potentiel des peuples autochtones, indique Samuel Rainville. Il faut mettre ce potentiel de l’avant.»