Venir à bout de ses cauchemars

Photo: Getty Images

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En 5 secondes

Diminuer la fréquence et l’intensité des cauchemars est possible grâce à certains traitements.

La majorité des personnes qui sont en proie à de terrifiants cauchemars pensent qu’il n’y a rien à faire pour les empêcher. Bonne nouvelle: on n’est pas condamné à les subir.

«Tout le monde fait des cauchemars, au moins à l’occasion, une ou deux fois par année», dit Antonio Zadra, spécialiste international des rêves et des cauchemars, qui enseigne au Département de psychologie de l’Université de Montréal. Pour la plupart d’entre nous, ces cauchemars ne sont pas gênants. Certains les voient même de façon positive et louent la part de créativité qu’ils peuvent engendrer. En revanche, d’autres peuvent s’en trouver très fortement perturbés. Craignant de faire des cauchemars, ces personnes vont avoir du mal à trouver le sommeil et vont être fatiguées. Cela peut causer une forte anxiété, de l’insomnie et de la détresse… et encore plus de cauchemars. Mais il existe des traitements pour les affronter directement comme des problèmes et non simplement comme des symptômes.

Un traitement psychologique pour les cauchemars

Peu connue, la thérapie par répétition de l'imagerie mentale (Imagery Rehearsal Therapy) permet d’atténuer la fréquence et l’intensité des cauchemars. Il s’agit d’une technique de visualisation consistant à imaginer jour après jour leur transformation.

«Certaines personnes pensent qu'il faut nécessairement en changer l’issue pour une fin heureuse, mais ce n’est pas obligatoire, affirme Antonio Zadra. On peut laisser la liberté au rêveur de décider ce qu’il souhaite modifier dans son récit. Certains vont choisir de changer le scénario de A à Z, d’autres vont simplement vouloir une autre fin. D’autres encore vont juste modifier de petits détails comme la couleur d’un mur pour qu’il passe du jaune au bleu.»

Cet exercice assez simple peut être adapté chez les enfants. Ils vont alors dessiner quelque chose de différent dans le scénario de leurs cauchemars. «Déposer le cauchemar, qui est si subjectif, sur une feuille de papier avec des couleurs ou des mots permet alors de le rendre extérieur à soi», explique le chercheur.

À force de travailler jour après jour les scénarios des cauchemars, ceux-ci en viennent à se transformer et à s’estomper. Ils vont jusqu’à disparaître totalement dans 80 % des cas. La thérapie par répétition de l'imagerie mentale fonctionne à long terme et indépendamment du type de cauchemars, qu’il s’agisse de cauchemars liés à des traumatismes ou pour lesquels on ne connaît pas la cause exacte. De vastes essais randomisés réalisés chez des militaires, des personnes âgées et des enfants ont prouvé son efficacité.

Un traitement pharmacologique pour les cauchemars post-traumatiques

Pour aider des militaires ou d’autres personnes atteintes de stress post-traumatique et qui font des cauchemars, différents médicaments ont été testés. Le plus efficace d’entre eux est la prazosine. Elle permet de réduire les déséquilibres de neurotransmetteurs dans le cerveau. Elle agit essentiellement sur la phase de sommeil paradoxal, au cours de laquelle la majorité des cauchemars ont lieu. Les cauchemars vont ainsi être atténués.

Plus de cauchemars pendant la pandémie

Durant la pandémie, nous avons été plus nombreux à rapporter des cauchemars. En télétravail pour beaucoup d’entre nous, donc sans la nécessité de devoir nous déplacer, nous pouvions dormir jusqu'à 45 minutes, voire une heure de plus chaque matin. Ce temps de sommeil supplémentaire a essentiellement allongé la phase de sommeil paradoxal, où nous faisons les rêves les plus émotionnellement intenses et étranges. Restant plus longtemps au lit et n’étant pas obligés de nous réveiller brusquement, nous en avions également un meilleur souvenir.

Les thèmes des cauchemars étant grandement liés à nos préoccupations, ils ont varié selon la manière dont la pandémie nous a causé du stress. Pour certains, ç’aura été une perte d’emploi; pour d’autres, un parent devenu très malade; pour les travailleurs et travailleuses du réseau hospitalier, un épuisement psychologique. Une personne affectée par l’isolement pourrait pour sa part avoir rêvé qu’elle n’arrive pas à entrer en contact avec ses amis ou avec d’autres personnes ou encore qu’elle se trouve perdue en forêt ou ailleurs.

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