René Doyon: le scientifique étoilé qui a les deux pieds sur terre

De gauche à droite: Sophie-Andrée Blondin, René Doyon et Charles Tisseyre.

De gauche à droite: Sophie-Andrée Blondin, René Doyon et Charles Tisseyre.

Crédit : Martin Ouellet-Diotte

En 5 secondes

L'astrophysicien René Doyon vient d’être sacré scientifique de l’année 2022 par Radio-Canada. Nous avons rencontré certains de ses collaborateurs, collègues et mentors pour témoigner de son univers.

C’est l’un des quatre cerveaux derrière les instruments constituant le fameux télescope spatial James-Webb (JWST), la machine la plus complexe jamais construite par l’humain. Il fait partie de l’équipe qui a réalisé la première photographie d’un système planétaire à l’extérieur de notre système solaire.

Directeur de l’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes et de l’Observatoire du Mont-Mégantic, il possède une expertise unique en conception d’appareils astronomiques visant à trouver de la vie «là où la main de l’homme n’a jamais mis le pied».

René Doyon, professeur au Département de physique de l’Université de Montréal, est un astrophysicien d’exception. Et voilà que, pour une seconde fois, Radio-Canada lui décerne le titre de scientifique de l’année.

S’il cherche à savoir si nous sommes seuls dans l’Univers, il semble évident que, lui, n’est pas seul dans le sien. Rencontre avec quatre collègues qui considèrent que cette marque de reconnaissance est plus que méritée.

John C. Mather

John C. Mather

John C. Mather

Crédit : Chris Gunn/NASA

Lauréat d’un prix Nobel de physique et astrophysicien principal au laboratoire de cosmologie observationnelle du Goddard Space Flight Center de la NASA, John C. Mather est le scientifique principal du JWST. Il dirige l’équipe scientifique du télescope et représente les intérêts scientifiques au sein de la direction du projet.

René Doyon a commencé à travailler avec M. Mather lorsqu’il a pris la tête de la contribution canadienne au télescope James-Webb, après le départ à la retraite du responsable précédent, John Hutchings.

«J’adore travailler avec René, déclare d’emblée John C. Mather. Dès qu’il est entré dans le projet de James-Webb, il s’est assuré que le matériel fonctionnait parfaitement. Il devait également résoudre un problème majeur: l’instrument canadien [l’imageur NIRISS] était conçu autour d’une pièce qui ne pouvait finalement pas être fabriquée. René a très rapidement conçu un nouveau modèle qui pouvait être construit, et lui et son équipe l’ont livré à temps pour l’intégration dans le télescope. René est un excellent scientifique avec de nombreux projets en cours dans la recherche d’exoplanètes. Je le félicite pour cette distinction!»

Marcia Rieke

Marcia Reike

Marcia Reike

Crédit : NASA

Professeure d’astronomie à l’Université de l’Arizona, Marcia Rieke est chercheuse principale pour la caméra dans le proche infrarouge (NIRCam) du télescope spatial James-Webb, un des instruments qui peut fournir des images de régions de l’espace masquées en lumière visible par la poussière interstellaire.

Mme Rieke est celle qui a invité René Doyon à participer au projet en 2001. Au départ, la NIRCam devait être construite conjointement par les États-Unis et le Canada. Plus tard, la contribution canadienne a changé et s’est traduite par l’élaboration d’un instrument distinct, le NIRISS.

«René a guidé la transition, a fait ensuite passer l’instrument à travers un certain nombre de défis techniques et a livré un bel appareil doté de nouvelles capacités dont je n’aurais pu rêver, dit-elle. Il a plus que fait honneur à mon invitation avec cet instrument tout en étant un excellent membre du groupe de travail scientifique du JWST.»

David Lafrenière

David Lafrenière

David Lafrenière

Astrophysicien et professeur au Département de physique de l’Université de Montréal, David Lafrenière est un collaborateur de longue date de René Doyon. En 2008, avec leur collègue Christian Marois, ils se sont illustrés mondialement en publiant la première image directe d’un système d’exoplanètes obtenue grâce à une technique d’imagerie qu’ils avaient eux-mêmes conçue.

Cette année-là, Radio-Canada leur a décerné à tous trois le titre de scientifiques de l’année.

«René Doyon est une force! affirme David Lafrenière. Il a une bonne intuition pour repérer et poursuivre le bon projet, le doigté et l’énergie pour rassembler les ressources nécessaires et le savoir-faire afin de relever les défis et la détermination pour le mener à bien peu importe les difficultés rencontrées. Il dira que ses succès sont le fruit d’un travail d’équipe. Certes. Mais cette équipe, c’est lui qui l’a constituée, qui la mène et qui l’inspire. Étant un proche collègue et pour l’avoir longtemps côtoyé, j’ai pu voir que ses choix de projets, ses actions et son acharnement au travail sont toujours guidés par une volonté profonde de soutenir son équipe et de la faire rayonner.»

Victoria Kaspi

Victoria Kaspi

Victoria Kaspi

Crédit : Rachelle Paree Sochaczevski

Victoria Kaspi est professeure de physique à l’Université McGill, astrophysicienne et directrice de l’Institut spatial Trottier de McGill. Connue pour ses études sur les cadavres d’étoiles, elle est la première femme à avoir reçu la Médaille d’or Gerhard-Herzberg en sciences et en génie du Canada, un prestigieux prix scientifique décerné par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie.

«J’ai été ravie d’apprendre que mon ami et collègue René Doyon était honoré de cette façon. J’ai longtemps admiré son excellent travail et ses réalisations, et j’ai toujours senti qu’il était un “héros méconnu” ici, au Québec, mentionne-t-elle. J’ai eu de nombreuses occasions d’interagir avec lui, en particulier sur des questions liées à nos instituts, et j’ai trouvé qu’il était extrêmement raisonnable et juste, un collègue sur lequel je peux compter pour sa sagesse et sa sincérité.»