Beáta Bőthe: la pornographie sous la loupe

Beáta Bőthe, professeure adjointe au Département de psychologie de l’UdeM

Beáta Bőthe, professeure adjointe au Département de psychologie de l’UdeM

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Nouvellement professeure adjointe au Département de psychologie de l’UdeM, Beáta Bőthe poursuit ses recherches sur la sexualité, les dépendances et les comportements sexuels en ligne.

Participer à l’éducation des générations futures et approfondir la recherche sur les comportements sexuels en ligne, particulièrement la consommation de pornographie. Telle est la mission de Beáta Bőthe, qui a intégré depuis peu le corps professoral de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.

D’origine hongroise, Beáta Bőthe a fait des études en psychologie à l’Université Loránd Eötvös de Budapest. Tôt dans son parcours, elle considère avec intérêt les comportements sexuels problématiques et compulsifs en ligne. La consommation de pornographie s’impose alors comme le sujet à la jonction de ces champs d’études.

Désireuse de creuser la question, elle se tourne vers le Québec pour entreprendre un postdoctorat auprès de Sophie Bergeron, professeure au Département de psychologie de l’UdeM, et Marie-Pier Vaillancourt-Morel, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Depuis, elle s’intéresse à la consommation excessive et problématique de pornographie, aux façons de distinguer les effets positifs et négatifs des comportements sexuels en ligne et à la mise en place de stratégies pour réduire les comportements sexuels compulsifs.

«Il est encore difficile de tracer la ligne entre les comportements qui sont problématiques et ceux qui ne le sont pas, et c’est ce qu’on cherche à mieux définir. On peut tout de même considérer la fréquence à laquelle les individus s’adonnent aux activités sexuelles et si ces comportements ont des conséquences néfastes, par exemple, sur les relations avec les autres ou sur le travail», souligne la professeure adjointe du Département de psychologie de l'UdeM.

Sensibiliser tôt...

Dans une étude qu’elle a menée auprès de plus de 80 000 personnes dans 42 pays, Beáta Bőthe a constaté que les comportements sexuels compulsifs en général (les activités sexuelles avec des adultes consentants) concernent quatre pour cent de la population et la consommation problématique de pornographie trois pour cent des individus à elle seule.

«C’est répandu autant que la dépression ou l’anxiété, indique la chercheuse. Et l’usage problématique de pornographie peut être associé à des symptômes dépressifs ou des niveaux plus faibles d’estime de soi.»

Pour amoindrir cette statistique, Beáta Bőthe estime qu’il faut sensibiliser les gens, et particulièrement les jeunes, aux conséquences de l’utilisation problématique de la pornographie.

«C’est autour de 11-12 ans que les jeunes commencent à regarder des vidéos pornographiques, rappelle-t-elle. Ce serait très pertinent d’inclure dans les cours d’éducation sexuelle une ou deux séances sur la pornographie. D’abord pour que les jeunes puissent reconnaître ce qui est réel ou non dans ces représentations, mais aussi pour qu’ils sachent qu’il existe des solutions s’ils ont des problèmes de consommation – thérapies, groupes de soutien, programmes en ligne gratuits, etc.»

... et faire tomber les tabous

Pour Beáta Bőthe, il faut donc multiplier les discussions autour de la pornographie pour «laisser davantage d’espace à des discours plus nuancés». Car la chercheuse tient à mentionner que la pornographie n’est pas qu’essentiellement préjudiciable. Pour certaines personnes, elle peut aider à explorer sa sexualité et ses préférences sexuelles et ultimement à ressentir une plus grande satisfaction sexuelle.

«Le recours à la pornographie peut être bénéfique ou risqué, et c’est la raison pour laquelle il faut en parler davantage dans la société, en plus d’accroître les études scientifiques à ce sujet», dit-elle.

Et c’est exactement ce que compte faire Beáta Bőthe à l’UdeM.