Troubles d’apprentissage: pour une réussite élargie

Des histoires pour créer des moments mémorables en classe.

Des histoires pour créer des moments mémorables en classe.

Crédit : Julie Durocher

En 5 secondes

Les professeurs Marie-Eve Boisvert et Daniel Daigle participeront à une table ronde de la Faculté des sciences de l’éducation à l’occasion du Mois de la sensibilisation aux troubles d’apprentissage.

Marie-Eve Boisvert et Daniel Daigle

Marie-Eve Boisvert et Daniel Daigle

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Selon l’Institut de la statistique du Québec, le quart des élèves présenteraient des difficultés d’apprentissage. De ce nombre, environ 10 % auraient un trouble d’apprentissage. Celui-ci peut concerner la lecture et l’écriture (dyslexie et dysorthographie), le langage (dysphasie), la coordination (dyspraxie) et les mathématiques (dyscalculie). «La différence entre une difficulté d’apprentissage et un trouble, c’est que le trouble est permanent malgré un accompagnement», précise Daniel Daigle, professeur au Département de didactique de l’Université de Montréal.

Pour qu’ils puissent atteindre leur plein potentiel, ces élèves en situation de handicap ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage devront donc être accompagnés par leurs enseignants, le personnel éducatif et autres spécialistes et leurs parents. Pour souligner le Mois de la sensibilisation aux troubles d’apprentissage, la Faculté des sciences de l’éducation (FSE) de l'Université, en collaboration avec le Réseau des diplômés et des donateurs de l’UdeM, organise une table ronde dans le cadre des Grands Entretiens de la FSE. Animée par la chargée de cours Oxana Leonti, la table ronde réunira le professeur Daigle de même que Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Isabelle Gélinas, directrice générale du Centre de services scolaire de Montréal, et Marie-Eve Boisvert, professeure adjointe au Département de psychopédagogie et d’andragogie de la faculté.

Travailler ensemble pour la réussite

«Cet évènement met en lumière les efforts de tous les milieux, de la famille à l’école, pour permettre la réussite, affirme Daniel Daigle. Parce que ce qui est clair, c’est que la présence d’un trouble d’apprentissage complexifie le chemin qui mène à la réussite, que ce soit pour les parents, l’enfant ou l’enseignant.» Deuils à faire pour les uns, difficulté et sentiment d’être différent pour les autres, tâche professionnelle complexe pour les derniers: les troubles d’apprentissage ajoutent des obstacles pour tous.

Et si le diagnostic est un outil pour l’obtention d’un accompagnement et d’accommodements, les intervenants autour de l’élève doivent travailler en fonction de ses besoins et non pas de son trouble. «Un diagnostic, même s’il nous donne des informations importantes, ce n’est pas un besoin éducatif», résume Marie-Eve Boisvert. Ainsi, certains enfants n’ont pas toujours besoin des accommodements qu’on leur propose, alors que d’autres n’ont pas ceux dont ils auraient besoin pour réussir. La professeure soulève la nécessité d’un système scolaire plus flexible, qui répondrait aux besoins variés de tout élève. «Oui, il y a certaines mesures pour soutenir les élèves, mais ce qu’on voudrait, c’est une analyse des facteurs facilitants et des obstacles à la réussite», souhaite-t-elle.

La réussite pour tous

Une étudiante à la Faculté des sciences de l’éducation accompagne une élève de l’école Saint-Germain dans ses apprentissages.

Une étudiante de la Faculté des sciences de l’éducation de l'UdeM accompagne une élève de l’école Saint-Germain dans ses apprentissages.

Crédit : Julie Durocher

Malgré ces difficultés, les élèves aux prises avec un trouble d’apprentissage peuvent bien réussir, rappellent les deux chercheurs. «Ce n’est pas parce qu’on a un trouble d’apprentissage que la vie se termine. Il y a des histoires de réussite et il faut les nommer!» déclare Daniel Daigle.

Au-delà des notes sur le bulletin, la réussite, c’est l’atteinte du plein potentiel de chaque individu, ce qui lui permet de participer pleinement à la société. La réussite est de plus variable d’un enfant à l’autre. Mais que ce soit les élèves avec des difficultés ou des troubles d’apprentissage ou les élèves très doués, s’adapter aux besoins des enfants est gagnant pour tout le monde. «On ne tient pas compte davantage des besoins des élèves les plus forts! Enseigner pour la moyenne des élèves ne marche pas. Alors que certains ont de la difficulté à suivre le groupe, d’autres s’ennuient», observe Marie-Eve Boisvert.

Construire une vision collective

Mais le Québec a encore du chemin à faire. «La politique de la réussite éducative du ministère de l’Éducation fixe des cibles en pourcentage… Il y a d’autres façons d’évaluer la réussite», avance Daniel Daigle. Celui-ci demande des cibles plus flexibles, avec un seul objectif en tête: que les élèves soient heureux et réussissent et qu’ils puissent apprendre. «Beaucoup vivent des situations vraiment très démotivantes à l’école», confie Marie-Eve Boisvert.

Avec une pénurie d’enseignants et une tâche qui se complexifie, les défis en éducation pour les prochaines années seront grands. «La réponse sera multifactorielle. Il faut un regard croisé et collectif pour établir une vision commune, croit Daniel Daigle, qui a conscience que la tâche ne sera pas simple. Mon travail, ce n’est pas d’être réaliste, mais de faire bouger les choses en désignant un idéal vers lequel tendre!» La table est mise pour une discussion animée le 26 octobre prochain.

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