Se mobiliser pour les étudiants-parents

Ces journées d’activités sportives ont été rendues possibles grâce au dévouement du personnel du CEPSUM et des trois bénévoles de l’APEUM.

Ces journées d’activités sportives ont été rendues possibles grâce au dévouement du personnel du CEPSUM et des trois bénévoles de l’APEUM.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Avec la grève des enseignants dans plusieurs écoles primaires et secondaires, des étudiants-parents se sont trouvés au dépourvu. Histoire d’une mobilisation pour leur fournir un moment de répit.

«C’est Marie-Claude Ménard, de l’Association des parents étudiants de l’Université de Montréal [APEUM], qui m’a contacté pour savoir si l’on pouvait faire quelque chose pour les étudiants et étudiantes en période d’examen qui n’avaient pas d’endroit où envoyer leurs enfants en raison de la grève du personnel enseignant dans plusieurs écoles primaires et secondaires», raconte Marc Sarrazin, coordonnateur de la programmation pour enfants, des activités récréatives et évènementielles au CEPSUM. «Je voulais trouver une solution équitable pour tous. Certains se voyaient forcés d’amener leur enfant en cours et je sais – ayant moi-même un déficit d’attention avec hyperactivité – que ça peut déranger et pénaliser les autres étudiants», explique Mme Ménard, qui fait une maîtrise en relations industrielles. À peine deux jours plus tard, le camp sportif d’urgence pour les étudiants-parents voyait le jour.

Ces journées d’activités sportives, qui ont commencé le 1er décembre, ont été rendues possibles grâce au dévouement du personnel du CEPSUM et des trois bénévoles de l’APEUM, qui sont eux-mêmes étudiants-parents. «Ils travaillent fort pour répondre aux besoins et ils sont aussi en fin de session», rappelle Marc Sarrazin. «Ça a été une vraie gymnastique de notre côté», observe Marie-Claude Ménard.

Les étudiants-parents devaient inscrire leur enfant et débourser 10 $, une somme qui visait surtout à éviter qu’une place soit monopolisée par un enfant qui ne se présenterait pas. La moitié des coûts du camp a été couverte par ces contributions. Marie-Claude Ménard, qui siège à la FTQ comme représentante de l’Alliance de la fonction publique du Canada, a multiplié les démarches pour obtenir des fonds des syndicats, des subventions (notamment du Fonds d’amélioration de la vie étudiante de l'UdeM), mais aussi des syndiqués eux-mêmes. «Je suis dans le milieu du syndicalisme et sur les lignes de piquetage pour soutenir les membres en grève. Je suis d’avis que nos actions syndicales doivent avoir un effet positif sur la collectivité et qu’on doit redonner tout en respectant le droit de grève», affirme-t-elle.

Se réorganiser rapidement

Crédit : Courtoisie

Le CEPSUM proposait déjà des journées d’activités sportives pour les jeunes les lundis et vendredis. Malgré quelques annulations de groupes scolaires en raison des journées de grève, il continuait de recevoir des groupes d’écoles privées ou d’écoles publiques non touchées par le mouvement de grève. Pour offrir des activités cinq jours par semaine, il fallait donc se réorganiser et rapidement. D’abord, il a fallu trouver l’espace: «On a utilisé les locaux disponibles et l’on a envoyé les enfants dehors et à la piscine», précise Marc Sarrazin. Il faut dire que les travaux pratiques des étudiants et étudiantes de l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique se déroulent au CEPSUM.

Ensuite, on a dû trouver les gens pour s’occuper des enfants. «On a fait appel à notre bassin d’animateurs de camps de jour et d’autres activités», explique Martin St-Pierre, responsable de la programmation jeunesse au CEPSUM. Environ 130 personnes travaillent en effet à l’animation des différentes activités offertes au CEPSUM. «Le défi, c’est que pour répondre aux besoins des étudiants-parents, on fait appel à d’autres étudiants aussi en fin de session!» remarque-t-il. Les organisateurs ont fait preuve de flexibilité pour constituer des horaires de travail selon les disponibilités de chacun.

Des parents soulagés, des enfants occupés

Crédit : Courtoisie

Ce n’est pas la première fois que l’équipe du CEPSUM s’adaptait à une nouvelle situation: «On a été le premier camp de jour ouvert au Québec pendant la COVID-19, relate Marc Sarrazin. On a l’habitude de réagir rapidement pour répondre aux besoins de la communauté.» En fin de compte, ce sont 15 jours d’activités qui ont été et seront offerts. De 30 à 50 enfants sont inscrits par jour, le nombre de participants culminant lors des journées de grève générale du Front commun.

Les étudiants-parents sont très reconnaissants de ce répit: «On leur a offert un cadeau dont ils avaient besoin», croit Marie-Claude Ménard. Certaines et certains sont parents uniques ou étudiants étrangers, ce qui complique leur situation (pas de réseau de soutien, droits de scolarité déjà élevés). «Quand ils ont appris le déclenchement de la grève, plusieurs ne savaient pas quoi faire avec leurs enfants. C’est difficile de concilier les rôles de parent et d’étudiant», confie Camille Féral-Basin, responsable de la programmation jeunesse au CEPSUM. «Quand la grève a commencé, j’ai eu l’impression de revivre la pandémie», confirme d’ailleurs Mme Ménard.

Les enfants, quant à eux, sont heureux de créer des liens et de participer aux activités, malgré le contexte particulier. «Pour eux aussi, c’est une adaptation. Ils n’ont pas le même animateur d’un jour à l’autre, ce n’est pas le même lien qui se crée que dans un camp de jour habituel. Ils sont très résilients», constate Camille Féral-Basin. «De notre côté, c’est motivant de pouvoir aider ainsi concrètement la communauté», poursuit Martin St-Pierre.

Les activités se termineront le 21 décembre, mais l’initiative pourra être reprise au besoin si la grève se prolongeait (ce que personne ne souhaite!). «On ne laissera pas tomber les étudiants-parents», conclut Camille Féral-Basin.