«Ubu roi»: un classique du théâtre de l’absurde sur la scène du Centre d’essai

«Alors là… Sacrée pièce! Je pense qu’il est impossible de s’attendre à ce que vous allez voir», lance l’interprète Mila Derosiaux, qui joue plusieurs rôles dans la pièce de théâtre Ubu roi, dont la conscience du père Ubu. L’étudiante en dernière année de médecine a été très surprise à la première lecture de ce texte dramaturgique. «Ce n’est pas le genre de pièce que choisit habituellement cette troupe, mais j’ai senti que ça allait être un projet formidable parce que l'ensemble des membres de la pièce avaient l’air talentueux et la pièce très drôle!» dit-elle.

Théâtre de l’absurde

Pour cette étudiante, le texte d’Alfred Jarry, précurseur du courant du théâtre de l’absurde, raconte l’histoire de la mère Ubu qui convainc le père Ubu de faire un coup d’État pour prendre la tête de la Pologne. «Sauf que ces deux personnages sont extrêmement beaufs et ridicules», mentionne-t-elle.

En effet, le personnage d'Ubu est devenu le symbole universel de l'absurdité du pouvoir, du despotisme et de la cruauté. Le dramaturge français du 19^e siècle en montre le ridicule, lui oppose l'arme que les faibles gardent face aux tyrans: la formidable liberté intérieure que donne le rire. Le sens du comique et de l'humour change le tyran en marionnette.

«C’est vraiment très drôle parce qu’il y a de tout, du comique de parole, de geste et des scènes de bataille en tout genre», poursuit l’interprète.

En plus d’être très drôle, le texte de Jarry est, selon Adunni Garber, qui joue elle aussi plusieurs rôles dans la pièce, «très riche, grandiose et même impressionnant». Elle ajoute que «la pièce est complètement éclatée et c’est ça qui la rend magnifique».

Un siècle plus tard, un sujet encore d’actualité

Ubu roi, écrite en 1895, aborde la folie des grandeurs et le ridicule des détenteurs du pouvoir, un sujet toujours actuel, selon Hassan Kabalan: «Ubu roi est une véritable parodie des tragédies shakespeariennes qui en détourne les codes et offre un résultat assez moderne pour une pièce qui a plus de 100 ans.»

La guerre, la violence et l’esclavage sont quelques-uns des thèmes abordés et tournés en dérision par Jarry. «Au départ, je ne m’étais pas rendu compte de la puissance de ces enjeux, admet Mila Derosiaux. Je pense que c’est la meilleure façon d’aborder ce genre de sujet, c’est ce que nous essayons de communiquer dans notre jeu caricatural: l’absurdité des situations.»

Quatorze étudiantes et étudiants incarnent plusieurs rôles dans la pièce. Il s’agit de Mariam Afifi (communication), Jose Danielle Beauvil (communication), Léopold Biessy  (science politique), Juliette Brey (cinéma), Alex Chartier (urbanisme), Mila Derosiaux (médecine), Romain Dispans (histoire), Adunni Garber (psychologie), Laetitia Gosselin (communication), Naomi Jiminiga (communication), Hassan Kabalan (droit), Marion Mignot (linguistique), Camille Puel (linguistique) et Ekaterina Yakovleff (muséologie).

Le metteur en scène, Laurent Forget, est accompagné de Marc-Antoine Morin et Alexane Desaulniers, étudiante en enseignement du français au secondaire à l’UdeM. La scénographie est signée par Morgane Pilon-Donoghue et la conception musicale par Sarah Leblanc-Gosselin.

Parce que le théâtre universitaire symbolise à la fois le dynamisme des étudiantes et étudiants et la vie sur les campus, les Activités culturelles des Services à la vie étudiante sont fières de présenter la deuxième production de la saison 2023-2024 de Théâtre Université de Montréal. Cette troupe permet à une trentaine de membres de la communauté étudiante de vivre une expérience théâtrale sous la direction de metteuses et metteurs en scène professionnels.