Jean-Michel Cousineau: un mentor pour ses doctorantes et doctorants
- UdeMNouvelles
Le 19 août 2024
- Martin LaSalle
Le professeur Jean-Michel Cousineau parle de son rôle de directeur de recherche aux cycles supérieurs, tandis que Pierre Tircher, qu’il a pris sous son aile, s’apprête à recevoir son doctorat.
À l'aube de ses 75 ans, Jean-Michel Cousineau, professeur à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal, continue d'insuffler sa passion pour la recherche à ses étudiants et étudiantes de 3e cycle. Cette année, il accompagnera fièrement Pierre Tircher à la remise officielle de son doctorat, qui marquera l'aboutissement d'un parcours universitaire exemplaire.
Au cours de sa carrière, le professeur Cousineau a dirigé une quinzaine de thèses et une trentaine de mémoires. Son approche pédagogique, empreinte d'ouverture et d'écoute, a évolué au fil des ans. «Quand j'avais 40 ans, ma démarche était plus classique, axée sur la recherche et les subventions, se souvient-il. Aujourd'hui, libéré de la pression de produire, je suis plus à l'écoute de mes étudiantes et de mes étudiants.»
Cette évolution se reflète d’ailleurs dans sa relation avec Pierre Tircher, un doctorant d'origine belge qu'il a connu dès l’entrée de ce dernier au baccalauréat en relations industrielles. Fasciné par la rigueur de l'analyse économique, l’étudiant s'est démarqué par son intelligence et son engagement, devenant correcteur et moniteur pendant ses études. «Il maîtrisait aisément la matière pour soutenir mon enseignement et, déjà, il aimait le contact avec ses pairs, qui le respectaient dans son rôle», souligne Jean-Michel Cousineau.
Le projet de recherche de Pierre Tircher, portant sur les mesures incitatives pour le maintien des personnes âgées sur le marché du travail, illustre l'approche collaborative adoptée par son directeur de thèse. Partant d'un travail initial sur l'effet des crédits d'impôt sur le maintien en emploi des gens âgés, il a élargi son champ d'investigation en analysant d'autres politiques gouvernementales. Cette démarche a abouti à la publication d'un article écrit avec M. Cousineau, témoignant de la synergie entre le doctorant et son directeur.
Un enrichissement intellectuel mutuel
Pour Jean-Michel Cousineau, l'encadrement des étudiantes et des étudiants aux cycles supérieurs est une source constante d'enrichissement intellectuel. «J'apprends d'eux et ils apprennent de moi, ils m'abreuvent autant que je les abreuve», confie-t-il.
Ce mode d'apprentissage mutuel se manifeste avec d'autres doctorants, comme Eliane Racine, qui étudie les conséquences des changements technologiques, démographiques et climatiques sur le marché du travail, ou encore Voahirana Raharison, spécialisée dans l'intelligence artificielle et les mutations du monde du travail.
Cette importance qu'accorde Jean-Michel Cousineau à l'encadrement aux cycles supérieurs ne date pas d’hier: elle remonte à son mandat de directeur de l'École de relations industrielles, de 1985 à 1987. Il a alors travaillé à élargir l'accès au doctorat, considérant les étudiants et étudiantes de 3e cycle comme «des quasi-collègues», capables de faire avancer les connaissances.
Cette vision du rôle de mentor transparaît dans sa façon d'aborder la fin de l'accompagnement. «En tant que professeurs, nous sommes préparés à voir nos étudiantes et nos étudiants partir à la fin de leur parcours universitaire, philosophe-t-il. C’est l’aboutissement naturel du processus d'apprentissage: nous leur apprenons à voler et notre plaisir est de les voir voler de leurs propres ailes par la suite.»
Savoir partir… mais pas tout de suite!
Malgré l'approche de sa retraite, prévue dans trois ans, le professeur reste animé par sa passion pour l'enseignement et la recherche. «Ça me motive à rester en poste, je n’ai pas besoin d'un incitatif gouvernemental pour cela», plaisante-t-il, faisant référence aux travaux de Pierre Tircher.
Ainsi, Jean-Michel Cousineau incarne l'essence même de la mission universitaire: transmettre le savoir tout en restant ouvert à l'apprentissage continu.
Mais le statisticien demeure conscient que le temps viendra où il lui faudra passer le flambeau. «Les probabilités que mon esprit commence à offrir un état moins lumineux intellectuellement sont grandes, donc je me retirerai et continuerai de contribuer bénévolement à la vie universitaire tant que je le pourrai», conclut-il en rigolant.