Étudier les troubles du sommeil pour comprendre la maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson touche un peu plus les hommes que les femmes et les premiers symptômes apparaissent habituellement autour de 64 ans.

La maladie de Parkinson touche un peu plus les hommes que les femmes et les premiers symptômes apparaissent habituellement autour de 64 ans.

Crédit : Getty

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Shady Rahayel reçoit 135 000 $ pour étudier un trouble du sommeil précurseur de la maladie de Parkinson et mettre au jour de nouveaux biomarqueurs pouvant mener à de potentiels traitements.

Le chercheur Shady Rahayel étudie le cerveau de personnes aux prises avec un trouble du sommeil qui, dans 90 % des cas, est un signe précurseur de la maladie de Parkinson.

«Le diagnostic peut survenir 10 ou 15 ans après la reconnaissance du trouble du sommeil. Ainsi, nous sommes dans une position privilégiée pour mieux comprendre les anomalies déjà présentes dans le cerveau avant que la maladie de Parkinson ou une démence apparentée soit diagnostiquée», explique le neuropsychologue.

Shady Rahayel est professeur adjoint au Département de médecine de l’Université de Montréal et chercheur au Centre d’études avancées en médecine du sommeil de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal. Il y dirige le laboratoire d’imagerie sur le trouble du comportement du sommeil paradoxal. Les personnes atteintes de ce trouble présentent un sommeil agité où coups de pied et de poing ainsi que violence verbale et cris sont fréquents. Normalement, pendant cette phase du sommeil, le corps du dormeur reste immobile.

Élimination des déchets

Shady Rahayel

Shady Rahayel

Crédit : Liv Mann Tremblay

Le chercheur est l’un des lauréats du concours de recherche 2025 de Parkinson Canada. La subvention reçue – 135 000 $ répartis sur trois ans – permettra à son équipe de poursuivre la quête de marqueurs biologiques et, éventuellement, d’un traitement pour la maladie de Parkinson.

Les travaux porteront sur un possible dysfonctionnement du système glymphatique, responsable de l’évacuation des déchets métaboliques du cerveau. Un tel bris de fonctionnement pourrait permettre de mieux comprendre pourquoi les protéines toxiques s’accumulent dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

«Nous voulons savoir si ce système de nettoyage du cerveau qui élimine les déchets pendant qu’on dort est perturbé chez les personnes souffrant d’un trouble du sommeil. Dans l’affirmative, nous obtiendrons une information fondamentale sur la maladie de Parkinson», indique le chercheur en ajoutant que «ce nettoyage est primordial pour le cerveau».

Des failles dans ce système, dans un cerveau où la maladie de Parkinson se développera, pourraient conduire à cibler plus précisément les zones où la maladie se déclare. Et mener à un traitement.

Plus de 100 000 Canadiens – dont 24 000 Québécois – vivent avec cette maladie neurodégénérative, chronique et évolutive, dont les symptômes comprennent des tremblements, de la rigidité musculaire, une grande lenteur dans les mouvements ou des changements dans l’élocution. Fatigue, douleur, changements d’humeur et dépression sont parfois présents. Une démence peut aussi apparaître avec le temps.

La maladie de Parkinson touche un peu plus les hommes que les femmes – 56 % contre 44 % – et les premiers symptômes apparaissent habituellement autour de 64 ans. Cela dit, un diagnostic dans la quarantaine, bien que rare, est possible. Des médicaments peuvent freiner la progression des symptômes, mais leur efficacité est inégale au fil du temps.

Une imposante cohorte

Le laboratoire que coordonne Shady Rahayel a accès à la plus grosse cohorte au monde de patients atteints du trouble du comportement du sommeil paradoxal. En plus des sujets du Québec et du Canada, des équipes à Paris, Prague, Sydney, Gênes, Oxford, Århus et Bonn collaborent aux travaux en partageant des données d’imagerie par résonance magnétique. Son équipe suit l’évolution du cerveau de plus de 400 personnes sur de nombreuses années.

Des recherches précédentes, notamment sa thèse doctorale et ses travaux de postdoctorat, ont permis à Shady Rahayel de mettre au jour certains changements dans le cerveau de personnes atteintes d’un trouble du comportement du sommeil paradoxal. Le cerveau présente un amincissement du cortex dans plusieurs régions et les ganglions de la base, au milieu du cerveau, qui jouent un rôle clé dans la coordination des mouvements, sont anormalement contractés. Plus généralement, certaines parties du cerveau liées au fonctionnement cognitif présentent aussi des anomalies.

Outre son expertise en neuropsychologie, Shady Rahayel est titulaire de postdoctorats en neurosciences et en imagerie informatique. Il ne cache pas qu’il n’est pas toujours facile d’apprendre à un patient qu’il risque de souffrir de la maladie de Parkinson ou d’une forme de démence, dont celle dite à corps de Lewy.

«La plupart des gens préfèrent connaître les répercussions possibles de leur trouble du sommeil. De plus, ils comprennent qu’ils jouent un rôle dans l’avancement de la recherche et ils en sont heureux», souligne le chercheur.

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