Les engagements des partis en matière d’enseignement supérieur

Des candidats de quatre partis ont pris part au débat. De gauche à droite et par ordre alphabétique: Youri Chassin (CAQ), Philippe Lebel (PLQ), Alexandre Leduc (QS) et Adam Wrzesien (PQ).

Des candidats de quatre partis ont pris part au débat. De gauche à droite et par ordre alphabétique: Youri Chassin (CAQ), Philippe Lebel (PLQ), Alexandre Leduc (QS) et Adam Wrzesien (PQ).

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

L’accès aux études, le logement et l’environnement ont été les principaux enjeux abordés au débat coorganisé par la FAÉCUM et l’Union étudiante du Québec.

Des représentants de quatre des cinq principaux partis en lice pour l’élection provinciale ont pris part, le 26 septembre, à un débat tenu à l’Université de Montréal et coorganisé par l’Union étudiante du Québec et la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM).

Le choix des enjeux à traiter et les questions soumises aux représentants des partis ont été suggérés par des étudiantes et des étudiants. Le choix des candidats qui ont participé au débat a été déterminé par chacun des partis; le Parti conservateur du Québec n’en a délégué aucun.

Voici donc les grandes lignes défendues par Youri Chassin, député sortant de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans la circonscription de Saint-Jérôme; le candidat Philippe Lebel, du Parti libéral du Québec (PLQ), dans Argenteuil; le député sortant Alexandre Leduc, de Québec Solidaire (QS), dans Hochelaga-Maisonneuve; et Adam Wrzesien, candidat du Parti québécois (PQ) dans Vachon.

Il est à noter que les réponses formulées par chacun des candidats ne reflètent pas nécessairement la globalité des mesures présentées dans le programme du parti qu’il représente. Pour en savoir plus sur ces grands thèmes, on peut consulter la comparaison des engagements effectuée par Radio-Canada ou encore visiter le site Web des partis.

Environnement: comment l’État québécois peut-il accompagner et aider les universités dans leur transition écologique?

«À Québec Solidaire, on veut faire du Québec le pays le plus vert au monde», a lancé Alexandre Leduc. Son parti souhaite réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport à 1990. QS vise aussi l’atteinte de la carboneutralité pour le Québec d’ici 2050, notamment par l’électrification du transport en commun et l’instauration de cibles pour diminuer l’empreinte carbone des entreprises.

«À la Coalition Avenir Québec, nous croyons qu’il est réaliste de réduire de 37,5 % les émissions de GES d’ici 2030», a dit Youri Chassin. Le titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en économie de l’UdeM a indiqué que son parti mettra sur pied un programme de sept milliards de dollars visant à financer les projets qui mèneront à une «économie verte».

«Au Parti québécois, nous proposons de diminuer de 45 % les émissions de GES d’ici 2030: 40 % de cette réduction proviendra du secteur des transports et 22 % des grandes entreprises», a mentionné Adam Wrzesien. Le diplômé en droit de l’UdeM a ajouté que le PQ offrira une «passe climat pour le transport collectif» qui représente un coût de un dollar par jour, en plus d’éliminer l’utilisation du gaz naturel et du mazout dans les établissements d’enseignement.

«Au PLQ, nous proposons aussi de réduire les GES de 45 % d’ici 2030 et nous adopterons une loi qui établira des cibles quinquennales afin d’atteindre la carboneutralité en 2050», a affirmé Philippe Lebel. Le diplômé en microbiologie de l’UdeM a également parlé d’augmenter «les redevances sur l’eau pour les industries qui l’utilise», de modifier le Code de construction pour accroître de 10 % l’efficacité énergétique des habitations et d’«exploiter la filière d’hydrogène».

Logement: plus de 64% de la population étudiante consacre au-delà de 30% de son budget pour se loger. Que proposez-vous pour diminuer cette charge?

Youri Chassin

Youri Chassin (CAQ)

Crédit : Amélie Philibert

La CAQ n’a pas d’engagement particulier en matière de logement, mais Youri Chassin a soutenu que «l’aide financière aux étudiants serait accrue – les frais de subsistance sont déjà pris en compte dans l’aide financière, ce qui réduit la contribution des parents et conjoints: ça laisse donc plus d’argent pour faire face aux dépenses supplémentaires».

«Le PLQ propose de construire 50 000 logements abordables et sociaux dans les 10 prochaines années et nous ferons en sorte que la réalité étudiante soit prise en compte à l’intérieur du programme AccèsLogis, a répondu Philippe Lebel. Et nous permettrons aux municipalités de moins de 100 000 habitants de se prévaloir du droit de préemption pour bâtir plus de logements abordables.»

«QS s’engage à établir un registre des loyers et à geler le coût des loyers, en plus d’imposer un moratoire sur les rénovictions en modifiant le Code civil, a insisté Alexandre Leduc. On veut aussi serrer la vis à Airbnb.»

Le PQ «continuera à financer les 10 000 logements sociaux actuellement en construction et en fera ensuite construire 5000 par année. Nous sommes aussi contre Airbnb et, pour les logements étudiants, nous éliminerons les taxes foncières des programmes de coopératives de logement», a dit Adam Wrzesien.

Accessibilité aux études: comment réduire le fardeau financier pour favoriser l’accès à l’enseignement supérieur?

Alexandre Leduc

Alexandre Leduc (QS)

Crédit : Amélie Philibert

«Québec Solidaire veut rendre l’aide financière aux études plus juste et plus équitable, en plus de réduire de 25 % les droits de scolarité pour tous les étudiants, incluant celles et ceux venant de l’étranger, a déclaré Alexandre Leduc. Nous voulons diminuer de 50 % les prix du transport en commun et nous voulons arriver à la gratuité scolaire dans un deuxième mandat.»

«L’aide financière aux études a bien évolué au fil des années, a assuré le représentant de la CAQ. Il y a eu des bonifications temporaires et permanentes pour l’année 2022-2023 et nous ajouterons 1,3 G$ sur cinq ans. Nous voulons maintenir à un niveau raisonnable les augmentations des droits de scolarité, en les limitant à trois pour cent par année.»

«Au PQ, nous visons la gratuité scolaire effective en aidant les étudiants les plus vulnérables, a expliqué Adam Wrzesien. Nous offrirons plus de bourses que de prêts tout en réduisant le prix des loyers et en augmentant le salaire minimum à 18 $ l’heure.»

«Le PLQ veut revoir le mode de financement des universités en rencontrant les recteurs, pour éviter que la facture étudiante grimpe, a mentionné Philippe Lebel. Et nous voulons nous asseoir avec les associations étudiantes pour voir comment nous pouvons augmenter l’aide financière aux études. Nous voulons aussi offrir le transport en commun gratuit et geler les frais d’électricité.»

Comment abaisser les droits de scolarité, qui varient de 19 000 à 55 000 $ par année, des étudiants étrangers dans les universités québécoises?

Adam Wrzesien

Adam Wrzesien (PQ)

Crédit : Amélie Philibert

«Le PQ veut revaloriser les cégeps et les universités en région en remboursant ce qu’il en coûte aux étudiants étrangers qui acceptent d’occuper des emplois en région», a fait valoir Adam Wrzesien.

«Le PLQ veut travailler avec les recteurs à trouver de meilleurs modes de financement sans accentuer le fardeau financier des étudiants, a renchéri Philippe Lebel. Avec la charte des régions, nous voulons régionaliser l’immigration en créant des secrétariats régionaux pour cibler les besoins et accorder le financement en conséquence.»

«À la CAQ, nous estimons que la qualité de l’enseignement prodigué au Québec a un coût et que ce n’est pas aux Québécois d’assumer l’éducation [supérieure] des personnes qui viennent étudier ici, a opposé Youri Chassin. Nous ne reviendrons pas sur la pertinence d’avoir dérèglementé les droits de scolarité» [pour les étudiants étrangers].

«QS n’a jamais été à l’aise avec la dérèglementation, car elle a eu pour effet pervers de favoriser les grands centres ainsi que les universités anglophones», a soutenu Alexandre Leduc.

Malgré la loi adoptée en février sur le statut des stagiaires, tous et toutes ne voient pas leurs dépenses liées à un stage être compensées. Comment remédier à la situation?

Philippe Lebel

Philippe Lebel (PLQ)

Crédit : Amélie Philibert

«Le PLQ veut revoir les programmes de bourses de stage [qui ont été modifiés] durant le dernier mandat pour en mesurer les effets réels, a dit Philippe Lebel. Les conséquences, tant pour les étudiants que pour les entreprises, de l’imposition fiscale des compensations financières doivent être analysées avant de statuer.»

«Dans le projet national du PQ, il est prévu que les heures travaillées dans le cadre d’un stage obligatoire soient rémunérées, a assuré Adam Wrzesien. Tout travail doit être payé.»

«Québec Solidaire a travaillé avec le ministre Jean Boulet [Travail, Emploi et Solidarité sociale] sur le projet de loi no 14, en accompagnant les associations étudiantes. Ensemble, on a négocié des améliorations, mais il faut aller plus loin et obtenir un congé fiscal», a avancé Alexandre Leduc.

«Nous ne formulons pas d’engagement, mais nous sommes ouverts, a indiqué Youri Chassin de la CAQ. Un stage n’est pas qu’un travail, c’est aussi un moment d’apprentissage, de transition des connaissances et des compétentes. Nous avons d’ailleurs ajouté des sommes importantes pour les stages dans le milieu de la santé, où il y a une pénurie de main-d’œuvre.»

Les problèmes psychologiques dans la population étudiante ont atteint des sommets alarmants: qu’entendez-vous faire pour l’aider?

«Québec Solidaire veut embaucher 900 psychologues dans le système de santé public et augmenter leur salaire de 30 %, en plus d’accroître le financement des organismes communautaires qui agissent en santé mentale, a signalé Alexandre Leduc. On veut accentuer la lutte contre le harcèlement sexuel sur les campus et agir sur les déterminants sociaux et la qualité de vie.»

«La CAQ a reconnu que c’est un problème majeur et nous avons créé une liste d’attente [en soins psychologiques] qui permet enfin de quantifier les besoins et l’ampleur du phénomène, a expliqué Youri Chassin. Nous avons un plan d’action interministériel en santé mentale et nous prévoyons bonifier de 7 M$ par an l’aide aux universités afin qu’elles améliorent leur offre de services en santé mentale.»

«Il est anormal de devoir attendre à l’urgence quand on souffre d’un problème de santé mentale et le PQ propose de réinstaurer les services de santé de proximité en redonnant plus de moyens aux centres de santé pour traiter ces problèmes, a suggéré Adam Wrzesien. Nous voulons aussi injecter 460 M$ dans les organismes communautaires pour qu’ils développent leur expertise et agissent sur les causes des problèmes de santé mentale.»

«Le PLQ veut créer un système public gratuit en santé mentale, a conclu Philippe Lebel. Ce n’est pas normal de demander aux universités de traiter les problèmes de santé mentale, c’est à l’État de s’en charger. Nous voulons aussi travailler avec les associations étudiantes et les universités pour prévenir les problèmes.»

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