Mieux comprendre les réalités autochtones dans le milieu de la santé

En 5 secondes

L’UdeM offre désormais une formation pour aider les professionnels de la santé et des services sociaux à mettre en place des pratiques adaptées aux personnes autochtones.

La Faculté de l’éducation permanente, la Faculté de médecine et la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal viennent de lancer la formation Place aux réalités autochtones: pour des pratiques pertinentes et sécuritaires en santé publique, santé et services sociaux et santé animale.

Cette nouvelle formation invite les professionnels de la santé, les intervenants sociaux et les gestionnaires en exercice à adopter une approche décolonisante, réconciliatrice et culturellement sécuritaire dans leur offre de services sociaux et de santé.

Élaboré en collaboration avec des Autochtones, le programme met de l’avant des points de vue et des réalités provenant d’une diversité de nations autochtones du Québec.

«À la Faculté de médecine, mais aussi à l’Université de Montréal, nous voulons favoriser la cohérence culturelle; que les professionnels que nous formons terminent leurs études en étant conscientisés aux enjeux en matière de sécurisation culturelle. Cette responsabilité sociale s’étend au-delà des gens que nous formons: nous devons également soutenir l’acquisition de compétences culturelles auprès de l’ensemble des professionnels du réseau de la santé», indique le Dr Samuel Blain, membre du comité responsable de la formation et professeur de clinique à la Faculté de médecine de l’UdeM.

Aux yeux du professeur, les compétences culturelles devraient faire partie des devoirs et des obligations déontologiques des équipes de soins.

Mener à un changement de pratique professionnelle

Offerte en ligne de façons asynchrone et synchrone, la formation vise à intégrer les philosophies, les connaissances et les cultures autochtones au sein des organisations de santé et de services sociaux et à sensibiliser aux préjugés et aux biais inconscients.

«Notre formation est orientée vers le savoir-être et le savoir-faire. Oui, nous partageons les savoirs et les connaissances sur les nations autochtones, mais nous expliquons de plus comment les appliquer et les incarner dans le but de changer les pratiques. Par exemple, nous allons parler des pensionnats et du traumatisme intergénérationnel en proposant des façons d’intervenir en fonction de ces enjeux, plutôt que de seulement les mentionner», précise Chantal Levesque, aussi membre du comité responsable de la formation et responsable de programmes à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université.

L’approche est ainsi salutogène, c’est-à-dire qu’elle considère également les capacités de résilience des personnes et des communautés favorisant la santé et le bien-être au lieu de ne tenir compte que des facteurs de risque, ce qui permet de miser sur les forces de ceux et celles qui reçoivent des soins et des services sociaux.

«Il s’agit vraiment de reconnaître que les déterminants culturels ont une influence sur la santé et la pertinence des soins», ajoute le Dr Blain.

Un projet intersectoriel

Fruit d’une collaboration inédite entre trois facultés, la nouvelle formation table sur la perspective Une seule santé (One Health) pour promouvoir une santé globale. C’est également un projet qui a permis de travailler en collaboration grâce aux ponts qui existaient entre les milieux d’enseignement et autochtones et qui reposent notamment sur le principe du double regard (l’union des savoirs autochtones et occidentaux).

De l’élaboration de la formation jusqu’à la mise en place des modules, des personnes autochtones ont participé à sa mise sur pied. Tous les milieux de vie ont d’ailleurs été représentés: dans la communauté, en dehors de la communauté et en milieu urbain.

Claude Boivin, de la communauté innue de Mashteuiatsh, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, fait partie des collaborateurs du projet. Ses savoirs assurent à la formation des informations véridiques et un vocabulaire qui traduisent adéquatement la réalité des Autochtones et leur vision de la santé.

«Quand on veut savoir quelque chose sur une nation, on va directement voir les personnes concernées, ce que l’UdeM a fait. Je trouve cette ouverture à notre égard valorisante et importante pour partager les connaissances dans le respect et la vérité», confie Claude Boivin.