Myriam Beaulieu: intervenir auprès d’adultes en difficulté

Myriam Beaulieu

Myriam Beaulieu

Crédit : Christine Gallifet-Lauter

En 5 secondes

Myriam Beaulieu rejoint les rangs de l’École de psychoéducation de l'UdeM à titre de professeure.

Quand on songe au domaine de la psychoéducation, on a surtout en tête les interventions auprès d’enfants ou d’adolescents. Mais ce sont celles auprès d’adultes qui intéressent Myriam Beaulieu, nouvellement professeure à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal. Elle souhaite consacrer ses travaux aux personnes ayant un trouble persistant lié à l’usage de substances. 

Une riche expérience en intervention

Éducatrice auprès d'enfants autistes, animatrice dans un camp pour personnes handicapées, préposée aux bénéficiaires à domicile auprès de personnes âgées en perte d'autonomie et d’individus handicapés ou encore éducatrice auprès de jeunes adultes en difficulté dans une maison d'hébergement: ces expériences professionnelles ont donné envie à Myriam Beaulieu de devenir psychoéducatrice. 

Au fil de ces emplois dans le domaine de l’intervention, elle s’est intéressée aux adultes en difficulté. «C’est avec eux que je préfère intervenir dans un cadre de responsabilisation et d’interventions d’égal à égal, où mon rôle est de les aider à prendre du recul par rapport à leur vie, de les accompagner dans leur réflexion quant à leurs choix de vie et de les assister dans la réalisation de leur plan de vie», explique-t-elle.  

Adultes aux prises avec un trouble lié à l’usage de substances

Au cours de sa maîtrise en psychoéducation, en faisant un stage à Lauberivière, une structure d'hébergement pour des personnes sans-abris, Myriam Beaulieu commence à réfléchir à un programme de traitement de la toxicomanie pour ces personnes.  

Employée ensuite comme psychoéducatrice à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, elle s’aperçoit du manque d’outils sur lesquels s’appuyer dans son travail. Elle décide alors de poursuivre ses études au doctorat et de travailler à améliorer les connaissances sur les trajectoires et les besoins des personnes qui présentent un trouble persistant lié à l’usage de substances pour mieux soutenir leur rétablissement. 

Mieux comprendre les trajectoires de rétablissement

Portée par une vision bienveillante de l’adaptation qui oriente ses recherches vers les forces et les ressources des individus, Myriam Beaulieu s’interroge sur les spécificités de ces longues trajectoires de rétablissement et sur les recommandations à adopter. «Ces personnes sont souvent perçues sous l'angle de leurs difficultés et de leur vulnérabilité. Oui, elles peuvent faire des rechutes et les vivre comme des échecs. Malgré leurs difficultés, elles parviennent à acquérir des compétences, des connaissances et possèdent plusieurs qualités pour faire face à leurs démons dont la persévérance est sans doute celle qui ressort le plus clairement, mais aussi l’introspection, l’affirmation, la curiosité, la capacité à dédramatiser, etc.», dit-elle.  

Elle considère ainsi le savoir expérientiel que ces personnes vont accumuler au cours des différentes démarches thérapeutiques. «Elles acquièrent un savoir qui leur permet de mieux faire face aux enjeux et aux défis qui surviennent dans leur processus de rétablissement. Comment se passe un processus de sevrage? Comment réagir à la suite d’une rechute? Comment faire face à l’état de manque?» donne-t-elle à titre d'exemple.   

Favoriser des interventions adaptées

Pour Myriam Beaulieu, les programmes de lutte contre les dépendances devraient offrir des services adaptés aux individus qui souffrent d’un trouble lié à l’usage de substances. «Ce sont des personnes qui ont des parcours assez complexes, des besoins à la fois en santé mentale et en dépendance, qui ont parfois des enfants et qui peuvent aussi être l’objet d’un signalement au directeur de la protection de la jeunesse. Il est donc nécessaire que ces services s’inscrivent dans la continuité, tiennent compte de l’intensité changeante du trouble et soient coordonnés avec d’autres programmes en considérant la complexité des besoins de chacun», observe-t-elle. 

Les prochains travaux de recherche de Myriam Beaulieu viseront à concevoir, mettre en œuvre et évaluer l’implantation de projets pilotes au sein des programmes de santé mentale et de lutte contre les dépendances de centres intégrés et de centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux. «Ces projets permettront par exemple de répondre aux questions suivantes: comment désigner les personnes qui profiteraient d’un programme de rétablissement au long cours? Quels indicateurs choisir? Quelles stratégies clinicoadministratives devrait-on mettre en place pour soutenir l’intégration des services?» conclut-elle.