Beverly Salomon, pharmacienne communautaire

Beverly Salomon

Beverly Salomon

En 5 secondes

La pharmacienne Beverly Salomon figure dans différents palmarès de femmes influentes. Portrait.

Pharmacienne engagée professionnellement et socialement, Beverly Salomon fait partie des 100 femmes les plus influentes au Canada, selon le dernier classement du Women’s Executive Network. De plus, le dernier concours des prix Femmes d’affaires du Québec l’a désignée leader d’influence dans la catégorie des entreprises privées.

Pourtant, Beverly Salomon n’imaginait pas, enfant, qu’elle deviendrait pharmacienne, un métier qu’elle exerce avec passion depuis près de 20 ans.

La piqûre pour la pharmacie communautaire

Enfant d’immigrants haïtiens qui ont étudié au Canada pour travailler dans le domaine de la santé au Québec, Beverly Salomon pensait d’abord suivre l’exemple de ses parents. Puis, une amie lui a parlé de la pharmacie, où l’on peut obtenir un emploi dans le milieu communautaire, industriel ou hospitalier.

Beverly Salomon pensait initialement opter pour le milieu hospitalier, faisant ses premiers pas, encore étudiante, à l’Hôpital Royal Victoria. C’est pendant un stage obligatoire dans sa dernière année d’études qu’elle a découvert la pharmacie communautaire dans une succursale du Groupe Jean Coutu du quartier Saint-Michel. «J’ai aimé le contact direct avec les gens et, en huit semaines, j’ai senti que je pouvais concrètement les aider. Ils venaient me remercier», se rappelle-t-elle.

Une pharmacienne reconnue

À 24 ans, après avoir commencé un diplôme d'études supérieures spécialisées en gestion à HEC Montréal, elle est devenue propriétaire d’une pharmacie Jean Coutu sur la rue Bélanger Est, dans l’arrondissement de Saint-Léonard. Par la suite, avec son ancien patron, elle a acheté quatre succursales. Lorsqu’elle a eu son premier enfant, elle a revendu ses parts pour se concentrer sur sa famille et sa première franchise.

Son engagement professionnel a été souligné en 2015 par le trophée Excell-Pro de Jean Coutu. Depuis, sa pharmacie fait partie chaque année des cinq finalistes à cette distinction qui récompense l’équipe du laboratoire s’étant la plus démarquée à travers le réseau Jean Coutu.

Parmi ses réalisations, elle a notamment mis en place un service de location de tire-laits à la suite de son expérience personnelle de nouvelle maman qui souhaitait continuer à travailler. «On peut ainsi accompagner les mères qui viennent d'accoucher et dont les bébés ne prennent pas bien le sein, explique-t-elle. Il ne s’agit pas de tire-laits classiques, mais de ceux qui se trouvent à l’hôpital lorsqu’une mère a un problème d’allaitement. Cela rend un grand service aux mères tout en permettant de désengorger les hôpitaux.»

Aider les entrepreneurs des communautés racisées à percer

En 2015, elle a lancé avec un de ses amis le projet Consommons haïtien. Là, elle a réalisé que de nombreux entrepreneurs de communautés racisées ont des produits intéressants qu’ils désirent mettre sur le marché, mais que les commerces leur ouvrent peu leurs portes. Elle a donc fait une place sur les tablettes de sa pharmacie à des produits de maquillage destinés aux femmes noires ainsi qu’à des produits pour cheveux crépus. «Avant le mouvement d'inclusion actuel, on ne trouvait pas ces produits facilement, raconte Beverly Salomon. Une petite fille est venue me remercier parce qu’elle avait accès à la pharmacie à un shampoing pour ses cheveux bouclés. J’étais ravie pour elle et pour sa maman.»

L’engagement de la pharmacienne a été reconnu par l’agence Média Mosaïque, qui l’a inscrite dans son palmarès des 20 personnalités de la diversité en 2016.

Une grande importance accordée à l’éducation

«L'éducation, c'est une richesse, c'est comme cela qu'on m'a élevée», dit celle qui a un certificat en biologie et un baccalauréat en pharmacie de l’Université de Montréal et qui obtiendra cet automne un MBA de HEC Montréal.

Elle se souvient de ses études en pharmacie comme de très belles années, extrêmement enrichissantes tant sur le plan des connaissances acquises que sur le plan humain. En étudiant de nombreuses heures à la bibliothèque, elle a noué des amitiés très fortes qui perdurent aujourd’hui.

«Ma mère est retournée aux études faire sa maîtrise pour pouvoir être infirmière praticienne au Québec. Je me disais que si elle était capable de continuer à étudier à son âge avec les responsabilités de parent, j'étais capable de réaliser aussi de grandes choses», mentionne Beverly Salomon.

Excepté sa mère, elle n’a pas trouvé de modèle auquel s’identifier lorsqu’elle est arrivée au Québec. Ainsi, quand on l’a contactée il y a deux ans pour faire du mentorat à l’Université de Montréal, elle a immédiatement accepté. «Je trouve particulièrement important d’aider les générations montantes à persévérer en éducation. Je suis ravie si je peux aider quelqu’un grâce au mentorat. J’apprends également beaucoup de la personne qui est mentorée», indique-t-elle.

Des connaissances partagées dans les médias

Beverly Salomon, qui adore transmettre ses connaissances, s’exprime dans différents médias. Précédemment, elle était sur les ondes de Montréal Pluriel. Maintenant, on peut l’entendre en créole à l’émission de radio Samedi midi Inter, à CKUT. À l’occasion, elle fait aussi des chroniques au Bossbens Show sur ICI Télévision. Dans l’une d’elles, elle a parlé d’anémie falciforme, une maladie du sang méconnue qui est plus fréquente chez les personnes originaires d'Afrique, de Méditerranée, des Caraïbes et du Moyen-Orient.

Dans d’autres émissions pendant la pandémie, elle a rétabli certains faits scientifiques. «Je bois du thé au gingembre comme de nombreuses personnes haïtiennes, dit-elle. Au pic de la pandémie, une rumeur a circulé selon laquelle le thé au gingembre traitait la COVID-19 et qu'on n’avait pas besoin de vaccin. J’ai utilisé la tribune qui m’était offerte pour démentir cette affirmation.»

Présente à plusieurs conseils d’administration

Après avoir été sollicitée par la direction du Bureau de la communauté haïtienne de Montréal, Beverly Salomon est devenue membre de son conseil d’administration.

Repérée ensuite par Madeleine Féquière et Ben Marc Diendéré, qui dressent chaque année une liste de personnes issues de minorités visibles à laquelle des entreprises peuvent se référer pour diversifier leur conseil d’administration, elle est devenue administratrice d’Equitas. Aujourd’hui, Beverly Salomon siège aux conseils de l’Ordre des pharmaciens du Québec et de la Fondation du CHUM.

Sa motivation? Comme administratrice, «j'ai réalisé qu’on avait une influence directe sur l'avenir de l'organisation», conclut-elle.

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