Une galerie d’art universitaire engagée

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Pour son 25e anniversaire, le Centre d’exposition de l’Université de Montréal devient la Galerie de l’Université de Montréal et fait plus de place à la recherche-création et à l’engagement social.

Réelles ou virtuelles, issues de croisements entre les disciplines et les médiums, les expositions présentées par la Galerie de l’Université de Montréal ont toujours été aussi riches que variées.

Mais voilà que cet établissement qui gère toutes les collections de l’UdeM connaît une véritable évolution identitaire: son équipe de direction souhaite miser sur la création pour s’engager dans les enjeux sociaux actuels.

L’art pour provoquer des rencontres

Crédit : Guy L'Heureux

Auparavant nommée Centre d’exposition de l’Université de Montréal, la Galerie d'aujourd'hui est devenue une institution muséale agréée par le ministère de la Culture et des Communications. Elle s’affirme entre autres comme un lieu de diffusion où se rencontrent les disciplines artistiques et scientifiques.

«La Galerie de l’UdeM se démarque en misant sur l’interdisciplinarité et les rencontres entre arts et sciences, faisant ainsi une place importante à la recherche-création, indique Laurent P.-Vernet, directeur de la Galerie. C’est ce type de relations dynamiques, entre artistes et chercheurs, que nous voulons notamment mettre de l’avant.»

Il rappelle que l’UdeM est un terreau fertile pour ce genre de collaborations avec sa présence dans toutes les sphères du savoir et ses nombreux chercheurs-créateurs et chercheuses-créatrices d’une variété de domaines présents dans les facultés de l’aménagement, de musique ainsi que des arts et des sciences.

Résolument tournée vers la société et le public

Outre ce désir de refléter l’effervescence de la recherche-création à l’UdeM, la nouvelle direction de la Galerie souhaite s’adresser directement aux personnes et à leurs réalités, à l’écoute particulièrement des enjeux sociaux auxquels elles sont actuellement confrontées.

«J’ai envie que la Galerie soit pertinente et qu’elle fasse partie des discussions sur les enjeux préoccupants de l’heure, comme les changements climatiques, l’intelligence artificielle ou les questions identitaires, affirme Laurent P.-Vernet. Les œuvres d’art peuvent être des témoignages puissants qui traduisent des réalités sociales, dénoncent les injustices et expriment des perspectives diverses.»

Des œuvres engagées

Cette volonté se matérialise notamment dans le hall d’entrée de la Galerie, où a été présentée en 2022-2023 la phrase en néons «Il y a un noir au musée». Cette œuvre aux allures simples de Stanley Février, artiste et chargé de cours au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal, invite à réfléchir à la discrimination dans le milieu de l’art et dans la société. En parallèle, une série de rencontres inspirées de cette œuvre ont été organisées pour échanger sur les invisibilités, le sexisme, l’exclusion, l’injustice et les inégalités que vivent les personnes en situation minoritaire.

Ici, l’art est donc un catalyseur pour amorcer des discussions et des débats sur des questions sociales importantes. Une philosophie qui sera au cœur de diverses expositions à venir.

À l’hiver 2024, l’exposition Les engendrements portera sur les défis de la maternité, de l’infertilité et les abus en procréation médicalement assistée. Elle est créée en collaboration avec la Chaire McConnell-Université de Montréal sur la réappropriation de la maternité: libérer la parole et le corps des femmes. De plus, l’année prochaine, un projet d’Alex Noël, professeur au Département des littératures de langue française de l’UdeM, abordera la question de la mémoire queer.

«Tel est le rôle d’une galerie d’art, universitaire qui plus est: que l’art permette de nous ouvrir à des réalités complexes qui diffèrent de la nôtre», conclut Laurent P.-Vernet.

Art et science physiquement réunis

À l’été 2022, la Galerie de l’Université de Montréal s’est associée au Musée d’art contemporain des Laurentides et à la Station de biologie des Laurentides pour offrir une résidence à quatre professionnels des arts visuels et médiatiques.

Pendant une quinzaine de jours, les quatre artistes ont pu se promener sur le territoire forestier et aquatique de la Station à la rencontre des chercheuses et des chercheurs qui y étudient une variété de sujets liés à la biologie et à la géographie. «Non seulement un tel projet collaboratif ouvre le dialogue entre artistes et scientifiques, mais il leur permet de trouver un langage commun», souligne le directeur de la Galerie.

Au terme de ce processus de recherche-création, deux expositions à la Galerie et au Musée devraient voir le jour.

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