Deux expositions immersives à la Galerie de l’UdeM

Exposition «Monstra te esse Matrem», du bioartiste François-Joseph Lapointe

Exposition «Monstra te esse Matrem», du bioartiste François-Joseph Lapointe

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Les expositions multimédias «Monstra te esse Matrem» et «Constructions opératiques» sont présentées à la Galerie de l’Université de Montréal du 5 au 23 septembre.

Fruits de projets en recherche-création, deux nouvelles expositions immersives sont à découvrir à la Galerie de l’Université de Montréal jusqu’au 23 septembre.  

La première, Monstra te esse Matrem, est le résultat d’une résidence du professeur du Département de sciences biologiques de l’UdeM François-Joseph Lapointe au Centre d’art actuel Bang. Sa réalisation a été rendue possible grâce à un financement du Fonds de recherche du Québec ‒ Société et culture. 

La seconde, Constructions opératiques, est née d’une collaboration interdisciplinaire entre Ana Sokolović, professeure à la Faculté de musique et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en création d’opéra avec Olivier Asselin, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de la Faculté des arts et des sciences, et Marie-Josèphe Vallée, professeure à l’École de design de la Faculté de l’aménagement, et plusieurs partenaires comme l’Opéra de Montréal et la Société des arts technologiques. Le projet a été financé en partie par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. 

Le miracle de la maternité

On visite Monstra te esse Matrem dans une ambiance tamisée, propice au recueillement. On a l’impression d’être entré dans une chapelle. Une impression accentuée en s’assoyant sur un banc et en mettant des écouteurs qui diffusent de la musique en latin comme lors d’une messe. Sur le côté, une boîte lumineuse, ressemblant à un vitrail bleuté et doré, représente non pas la naissance de Jésus, mais une cartographie du microbiome d’un bébé né par voies naturelles. Une autre boîte lumineuse représente celui d’un bébé né par césarienne.  

En arrivant, on voit surtout un immense retable inspiré de la Renaissance qui présente une version de la Vierge allaitante revisitée grâce à nos connaissances biotechnologiques par le professeur Lapointe, cotitulaire de la Chaire McConnell-Université de Montréal en recherche-création sur la réappropriation de la maternité. Brouillant les frontières entre art et science, le bioartiste transpose visuellement des données génétiques et invite à s’interroger sur la miraculeuse transmission de la vie. 

Une légende raconte que, immergé dans la contemplation d’une statue de la Vierge Marie, Bernard de Clairvaux aurait prononcé les mots «Monstra te esse Matrem», qu’on pourrait traduire par «Montre-toi ma Mère», et la statue se serait alors miraculeusement animée et aurait projeté du lait jusque dans la bouche du moine. Rassurez-vous, il ne vous arrivera pas la même chose! Par contre, si vous vous recueillez suffisamment longtemps devant le retable, vous pourriez voir le tableau s’animer et un miracle de lactaction se produire.

L’opéra comme vous ne l’avez jamais vu ni entendu

Quand vous pensez à l’opéra, ce sont peut-être des œuvres longues et peu accessibles qui vous viennent à l’esprit. Désireuse de renouveler l’opéra, Ana Sokolović, professeure à la Faculté de musique de l’UdeM, a proposé de créer, dans des séminaires interdisciplinaires, des œuvres modernes, très courtes. Ainsi, dans le cadre du projet OpéRA de poche, mené en collaboration avec l’Opéra de Montréal, des créations de seulement 5 minutes ont vu le jour. Dans la Galerie de l’UdeM, vous pouvez assister gratuitement à deux de ces opéras ainsi qu’à deux autres, plus longs, de 20 minutes.   

Les œuvres produites abordent des thèmes d’actualité comme les changements climatiques. Ainsi dans Following Comprehensive Analysis, Cause of Death of Montreal’s Humpback Remains Undetermined…, il est question de la baleine qui s’est retrouvée il y a trois ans dans le fleuve Saint-Laurent. Dans Une maison dans la main, le cadre est également le Saint-Laurent et l’accent est mis cette fois sur ses débordements. Un vieil homme voit sa maison menacée d’être ensevelie par l’eau. Attaché à ses souvenirs, il ne veut pas la quitter. 

Les opéras ont été écrits par des étudiants et étudiantes de la Faculté des arts et des sciences et de l’École nationale de théâtre du Canada, mis en musique par d’autres de la Faculté de musique et le décor a été réalisé par d’autres encore de la Faculté de l’aménagement et du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques. «L’opéra est habituellement une création séquentielle. On commence par écrire le livret. Ensuite, le compositeur se penche sur la musique. Puis, le tout part en production et la scénographie est conçue. Dans le projet OpéRA de poche, tous les segments ont été créés en même temps. Les artistes se sont réunis pour que l’imagerie influence la musique, par exemple, ce qui a donné un autre résultat», explique la commissaire de l’exposition, Marie-Josèphe Vallée. Cette méthodologie a permis d’expérimenter de nouvelles possibilités créatives et l’exposition montre plusieurs variations de mises en scène. 

Les œuvres sont donc présentées sous des modalités inédites, notamment grâce à de nouveaux dispositifs technologiques. Ainsi, pour l’opéra Une maison dans la main, on voit surgir en réalité augmentée les chanteurs sous une tablette numérique qu’on est invité à déplacer dans l’espace. Des écouteurs à conduction osseuse, qui se placent à la hauteur des tempes, permettent de prolonger cette expérience auditive en réalité augmentée. Dans une autre partie de la Galerie, on peut voir une proposition scénique différente pour cet opéra: on se trouve cette fois-ci dans une maison et l’eau ruisselle sur un écran géant pendant que les voix de l’orchestre et des chanteurs sont diffusées par des haut-parleurs multidirectionnels. En se déplaçant dans la pièce et en se rapprochant d’un haut-parleur, on peut entendre uniquement un chanteur et ressentir émotionnellement sa présence, comme s’il se trouvait à nos côtés. «Les nouvelles technologies permettent alors d’apporter plus de proximité», déclare Zoey Cochran, directrice adjointe à la recherche à la Chaire de recherche du Canada en création d’opéra, qui a également participé à la mise sur pied de cette exposition.  

  • Exposition "Monstra te esse Matrem" de l'artiste François-Joseph Lapointe

    Exposition «Monstra te esse Matrem», du bioartiste François-Joseph Lapointe

    Crédit : Amélie Philibert
  • Exposition "Constructions opératiques" par la commissaire Marie-Josèphe Vallée

    Exposition «Constructions opératiques», par la commissaire Marie-Josèphe Vallée

    Crédit : Amélie Philibert
  • Exposition "Constructions opératiques" par la commissaire Marie-Josèphe Vallée

    Exposition «Constructions opératiques», par la commissaire Marie-Josèphe Vallée

    Crédit : Amélie Philibert
  • Exposition "Constructions opératiques" par la commissaire Marie-Josèphe Vallée

    Exposition «Constructions opératiques», par la commissaire Marie-Josèphe Vallée

    Crédit : Amélie Philibert

Informations pratiques

Galerie de l’Université de Montréal 

2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine
Pavillon de la Faculté de l’aménagement, salle 0056 

  

Horaire 

Du mardi au samedi, de 10 h à 17 h
Le jeudi, de 10 h à 19 h
Du 5 au 23 septembre 2023  

 

Vernissages 

Constructions opératiques: le jeudi 7 septembre, de 17 h à 20 h 
Monstra te esse Matrem: jeudi 14 septembre, de 17 h à 20 h