Intégrer des externes dans la communauté pour mieux les retenir

La ville d’Amos, en Abitibi

La ville d’Amos, en Abitibi

En 5 secondes

La nouvelle immersion d’un an à Amos, en Abitibi, permet aux externes de se familiariser avec la médecine en région et de découvrir une communauté accueillante… en espérant que cette relève l’adopte!

L’équipe du centre hospitalier d’Amos et du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue n’a pas hésité une seconde. Dès que la Faculté de médecine de l’Université de Montréal a lancé l’idée de créer un nouveau type d’externat dans son réseau de centres affiliés, elle a tout de suite répondu présente.

Et pour cause: ces 15 dernières années, le groupe de médecine familiale universitaire (GMF-U) Les Eskers d’Amos est devenu expert dans l’accueil et la formation des étudiantes et étudiants en médecine de famille et autres spécialités.

Véronique Samuel-Thomassin

Véronique Samuel-Thomassin, médecin de famille et directrice locale de programme au GMF-U Les Eskers d’Amos

«Avec le temps, l'équipe est devenue un milieu de stage de médecine familiale très prisé en région. Nous souhaitions mettre notre expertise clinique, notre tradition d’excellence en enseignement, notre dynamisme et notre esprit d’innovation au service des externes. Nos médecins de famille et nos spécialistes étaient prêts à relever le défi. Les étoiles étaient alignées!» raconte Véronique Samuel-Thomassin, directrice locale de programme au GMF-U Les Eskers d’Amos et chargée d’enseignement clinique à la Faculté de médecine de l’Université.

C’est ainsi que le tout nouvel externat longitudinal intégré (ELI) a pris son envol cet automne dans le «berceau de l’Abitibi», situé à 600 km de Montréal. Une première pour le campus de la montagne. Jusqu’ici, seul le campus de la Mauricie offrait cette formule dans le giron de l’UdeM.

Stéphane Terrault

Stéphane Terrault, médecin de famille et directeur médical du GMF-U Les Eskers d’Amos

«Avec l’ELI, l’Université de Montréal fait d’une pierre deux coups: elle augmente le nombre de places de stage dans un contexte de hausse des cohortes et familiarise les externes pendant un an avec la pratique médicale en région en espérant les retenir», dit Stéphane Terrault, directeur médical du GMF-U Les Eskers d’Amos et chargé d’enseignement clinique à la Faculté de médecine.

Kimberlie Paul-Boulanger, externe de l’ELI à Amos

Kimberlie Paul-Boulanger, externe de l’ELI à Amos

«Je sais déjà que je veux pratiquer la médecine de famille en région. L’ELI à Amos me permet de voir à quoi ressemblera ma vie. La distance peut faire peur, mais on est quatre à vivre l’expérience. Quand on a un petit blues ou qu’on est stressés, on s’en parle. Ici, tout est à proximité, on n’a pas à faire des heures de transport pour se rendre au travail. De plus, j’adore la randonnée, ça m’aide à décompresser. J’aime aussi la natation, ici les piscines sont belles. Tout ça a pesé dans la balance.» – Kimberlie Paul-Boulanger, externe, 22 ans, originaire de Sorel-Tracy

Vous avez dit ELI?

Ce projet porteur est le meilleur des deux mondes: ni trop long ni trop court, l’externat est «longitudinal» en ce qu’il s’étale sur un an et «intégré» parce que les semaines de stage d’une même discipline sont réparties sur l’année, avec des blocs de médecine familiale greffés à ceux de six autres spécialités – médecine interne, chirurgie, obstétrique-gynécologie, pédiatrie, gériatrie et anesthésie.

Durant leur stage en médecine familiale, les externes prodigueront aussi des soins aux membres de la communauté autochtone de Pikogan, située aux portes d’Amos (voir l'autre texte).

«Pour les externes, c’est un plus, car ils et elles peuvent apprécier la polyvalence de notre pratique à travers une offre de stages diversifiée», observe la Dre Samuel-Thomassin.

William Francoeur

William Francoeur, externe de l’ELI à Amos

«J’ai choisi l’ELI à Amos pour la nature, la tranquillité des lieux et les sports – je fais du vélo et je joue au hockey –, mais surtout pour la proximité avec les patrons et les patients: on apprend plus parce qu’on pratique plus. L’avantage ici, c’est l’esprit de famille. Aussi, l’hôpital d’Amos est réputé pour l’orthopédie, une spécialité qui m’intéresse. J’aurai la chance de voir un grand nombre de cas.» – William Francœur, externe, 28 ans, originaire de Saint-Séverin, en Mauricie

Sur les 13 stages obligatoires de l’externat, les externes de l’ELI en feront 8 à Amos en première année; les 5 autres se dérouleront dans la grande région de Montréal en deuxième année. Normalement, le stage de médecine de famille en région dure six semaines consécutives, puis les stagiaires retournent en centre urbain.

«Les objectifs et le nombre de semaines totales des stages obligatoires de l’ELI à Amos sont les mêmes que ceux de l’externat traditionnel. C’est l’horaire qui diffère», précise le Dr Terrault. Les huit semaines de stages à option demeurent et les quatre semaines campus se font sur place au campus de la montagne ou à distance par visioconférence.

Un beau succès grâce à mille atouts

Les leaders pédagogiques de l’ELI à Amos – les coordonnateurs Stéphane Terrault et Marie-Pier Nolet, chirurgienne orthopédiste, accompagnés d’Isabelle Paul, obstétricienne-gynécologue – ont si bien vanté les mérites de l’externat et la beauté grandiose de la nature auprès des étudiantes et étudiants que le nombre de candidatures a dépassé leurs attentes: neuf pour quatre places, qui ont été attribuées par un tirage au sort. Un record sachant que le projet partait de zéro.

«On nous connaît à Amos comme milieu de médecine de famille, mais pas comme ELI. On se croisait les doigts pour avoir des personnes intéressées. Il fallait avoir l’esprit aventurier pour postuler!» se réjouit le Dr Terrault.

Voici les arguments massue qui ont été mis de l’avant… et qui ont trouvé de l'écho chez les quatre externes retenus:

  • profiter de l'enseignement personnalisé d’un médecin enseignant (donné à chaque externe);
  • se familiariser avec des pratiques médicales et des cas cliniques variés;
  • collaborer étroitement avec les résidentes et résidents en médecine familiale;
  • acquérir rapidement de l’autonomie et faire partie de l’équipe de soins;
  • expérimenter la continuité des épisodes de soins;
  • s’établir dans un milieu paisible, sécuritaire et en pleine nature;
  • bénéficier d’une multitude d’activités de plein air et d’installations sportives et culturelles flambant neuves.
Sophie-Anne Savard, externe de l’ELI à Amos

Sophie-Anne Savard, externe de l’ELI à Amos

«J’ai toujours été attirée par les régions. L’ELI à Amos me permet de tester cette avenue. Quand l’équipe est venue nous présenter le projet, j’ai trouvé que le milieu avait l’air chaleureux et accueillant. Le fait de travailler de près avec les patrons, de voir une diversité de cas et d’avoir un accès privilégié à plusieurs spécialistes, ça m’a attirée. Je n’étais jamais allée en Abitibi avant. C’est aussi la première fois que je suis en appartement. Les gens ici sont tellement gentils, mon mentor est très aidant. J’aime les sports et le plein air, mais aussi les arts. La maison de la culture est attrayante!» – Sophie-Anne Savard, externe, 22 ans, originaire de Laval

Charlie Dupras, externe de l’ELI à Amos

Charlie Dupras, externe de l’ELI à Amos

«J’ai voulu faire l’ELI à Amos d’abord pour me rapprocher de ma famille. Ensuite pour les multiples occasions d'apprentissage. Par exemple, dans mon stage de chirurgie, j'assiste directement le chirurgien. Le fait d'être dans un petit milieu où tout le monde se connaît, ça facilite l'intégration. Enfin, pour la forêt et les lacs. Les sentiers de randonnée et de raquette sont à quelques minutes. Mon plein air favori!» – Charlie Dupras, externe, 24 ans, originaire de Lorrainville, au Témiscamingue

«Les externes ont saisi l’occasion. Nous voulons travailler en partenariat avec cette relève et écouter ses commentaires pour améliorer notre formule. Nous souhaitons que ces étudiantes et étudiants profitent au maximum de leur expérience. Si nous réussissons notre mission, nous pourrons compter sur le bouche-à-oreille pour attirer de nouvelles recrues», conclut la Dre Samuel-Thomassin.

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