Dainelys Guadarrama Bello: l’art de maîtriser les cellules pour en faire des biomatériaux
- UdeMNouvelles
Le 22 août 2023
- Martin LaSalle
Originaire de Matanzas, à Cuba, Dainelys Guadarrama Bello vient de décrocher son doctorat en sciences biomédicales à l’Université de Montréal.
Le doctorat en sciences biomédicales qu’a décroché Dainelys Guadarrama Bello, option Médecine expérimentale, est le fruit des efforts qu’elle a déployés tout au long d'un parcours universitaire qui aura duré 18 ans.
Native de Matanzas, à Cuba, Dainelys Guadarrama Bello a toujours été studieuse tout en excellant au basketball – sport auquel elle s’est consacrée du primaire jusqu’à ses études préuniversitaires, durant lesquelles elle a participé aux championnats provinciaux.
Son amour pour ce sport l’a suivie au cours des cinq années où elle a fréquenté l’Université de La Havane, où elle s’est inscrite au baccalauréat en chimie en 2004.
«On me voyait en informatique, mais j’étais plus intéressée par les sciences, se rappelle-t-elle. J'ai d'abord cru que le seul débouché en chimie ou en mathématiques était l'enseignement, mais une personne m’a informée qu’il était possible de faire un baccalauréat complet dans ces disciplines pour faire de la recherche.»
Quelques semaines avant de passer les examens d’aptitude qui marquent la fin des trois années préuniversitaires, elle décide de tenter sa chance en chimie. Seulement trois étudiants de sa province d’origine sont sélectionnés au baccalauréat en chimie à l’Université de La Havane, et Dainelys Guadarrama Bello est du nombre.
C’est à cette université qu’elle rencontre un certain Adrian Paz Ramos, qui deviendra son mari!
L’attrait des biomatériaux… et de la langue française
Ayant terminé son baccalauréat avec une moyenne de plus de 4,75 sur 5, qui lui vaut la plus haute distinction, elle est embauchée par le Centre national de recherche scientifique (CNRS) de Cuba à titre de chercheuse au cours de l’été 2009.
Elle se familiarise alors avec la science des biomatériaux et plus particulièrement avec les technologies permettant de modifier des ciments acryliques pour le scellement des prothèses articulaires, notamment pour les hanches et les genoux.
Dès l’été 2013, elle amorce une maîtrise en sciences et technologie des matériaux à l’Université de La Havane tout en continuant de travailler pour le CNRS en compagnie de son mari.
«Après ma maîtrise, nous souhaitions tous les deux poursuivre nos études et nous avions la possibilité d’aller en Espagne ou au Canada, indique-t-elle. Nous avons choisi Montréal, car j’étais attirée par le côté francophone de la ville et parce que j’avais déjà commencé à suivre un cours de français dans une école de La Havane.»
Son conjoint est admis au doctorat du Département de chimie de l’Université de Montréal en 2013. Dainelys Guadarrama Bello le rejoint quelques mois plus tard et amorce une deuxième maîtrise, cette fois en sciences biomédicales, option Médecine expérimentale, sous la direction du professeur Antonio Nanci, de la Faculté de médecine dentaire.
«J’avais sollicité le Dr Nanci en lui transmettant mon curriculum vitæ afin de savoir s’il était possible de me joindre à l'équipe de son laboratoire et il m’a rencontrée en personne pour me parler d’un projet de recherche sur les interactions entre les cellules qui produisent les os et le titane utilisé dans la fabrication de prothèses orthopédiques, évoque-t-elle. C’est ainsi que j’ai fait mon entrée à l’Université de Montréal.»
La multiplication des rôles
Les premiers mois dans le laboratoire du Dr Nanci ont requis une certaine adaptation pour Dainelys Guadarrama Bello, surtout sur le plan de la langue.
«À mon arrivée, un doctorant originaire de France a voulu me montrer le protocole et la structure du laboratoire, tandis que ma compréhension du français était encore limitée: je ne comprenais que 20 à 30 % de ce qu’il me disait, mais lui pensait que je comprenais tout», se souvient-elle.
Sa détermination lui permet non seulement de s’adapter rapidement aux différents accents francophones que son oreille entend au laboratoire, mais aussi d’assumer un nouveau rôle: elle accouche de son premier enfant le 21 avril 2017. Une semaine plus tard, elle déposait son mémoire de maîtrise!
Peu de temps après, elle entame son doctorat, toujours en sciences biomédicales. Elle observe alors les interactions de plusieurs types de cellules avec le titane en testant différentes méthodes pour rendre la surface du titane plus poreuse à l’échelle nanométrique.
«Nous avons découvert qu’il est possible de rendre la surface plus nanoporeuse, ce qui permet d’accélérer la guérison osseuse lorsqu’une personne reçoit un implant dentaire, explique-t-elle. De plus, nous avons démontré que, en modifiant la topographie de la surface, on obtient un effet antibactérien qui permet d’éviter l’inflammation lors d’une implantation.»
Maintenant qu’elle a terminé son doctorat, Dainelys Guadarrama Bello agit, depuis janvier, à titre de conseillère principale de recherche au laboratoire du Dr Nanci, «un mentor exceptionnel qui m'a soutenue inconditionnellement», conclut-elle.
Et, depuis le début du mois de juillet, sa petite famille s’est agrandie avec l’arrivée d’un deuxième bébé!