Jérôme Leclerc-Loiselle: user de créativité dans les soins infirmiers de fin de vie
- UdeMNouvelles
Le 20 août 2024
- Martin LaSalle
Jérôme Leclerc-Loiselle recevra le titre de docteur en sciences infirmières au cours des collations des grades de l’Université de Montréal, qui se déroulent du 19 au 23 août.
Jérôme Leclerc-Loiselle n’a pas toujours su que les sciences infirmières seraient le fer de lance de sa carrière. Comme bon nombre de jeunes qui cherchent leur voie à la fin du secondaire, il opte d’abord pour des études collégiales en sciences de la nature. Ce n’est qu’après une consultation avec un conseiller d'orientation que l’idée des sciences infirmières germe dans son esprit.
En 2010, il entame son baccalauréat en sciences infirmières à l’Université Laval, au cours duquel un stage de recherche consolidera la voie vers sa future carrière.
«Ce stage m’a permis d’entrer dans la vie des gens, de découvrir leur complexité et leur bagage, se souvient-il. C’est là que j’ai eu un coup de cœur pour un pan moins connu de la profession, soit les soins à domicile auprès de personnes en fin de vie.»
Une expérience sur le terrain qui le mène vers la recherche
Après l’obtention de son baccalauréat, en 2013, Jérôme Leclerc-Loiselle décide de mettre ses connaissances en pratique à titre d’infirmier clinicien à Sherbrooke. Cette expérience sur le terrain s’avère précieuse, car elle lui permet de confronter la théorie à la réalité du terrain.
Désireux d'étancher sa soif de connaissances et guidé par un désir d’approfondir sa compréhension des soins infirmiers, Jérôme Leclerc-Loiselle commence, l’année suivante, une maîtrise en sciences infirmières à l’Université de Montréal.
Pendant ce parcours, il jongle avec ses études et son travail en soins à domicile. Cette période s’avère intense, mais formatrice. Sur le terrain, l’étudiant observe des façons de faire qu’il souhaite pouvoir améliorer dans le cadre de sa maîtrise, dont le sujet est une approche intégrée des soins palliatifs.
Il travaille auprès de personnes atteintes de sclérose en plaques et constate que la perspective de la fin de vie reste un sujet tabou chez les infirmières et infirmiers, car celui-ci est rarement abordé pendant les soins.
Un projet de recherche freiné par la pandémie
En 2017, son diplôme de maîtrise en poche, Jérôme Leclerc-Loiselle s’engage dans l’aventure du doctorat, toujours à l’UdeM, sous la codirection des professeurs Sylvie Gendron et Serge Daneault. Son sujet de thèse émerge d’une incohérence qu’il perçoit entre la théorie et l'administration des soins de fin de vie.
«La littérature scientifique sur la pratique infirmière en soins de fin de vie suppose que tout le monde souhaite une mort sans douleur, après avoir fait la paix avec sa vie… Ce sont là deux injonctions qui ne tiennent pas compte de ce qui se passe dans la vie des gens qu’on soigne», déplore celui qui décide alors d’explorer comment les infirmières et infirmiers s’engagent dans la vie que les patients valorisent au terme de leur existence.
Mais l’année 2020 viendra freiner les élans du doctorant, lorsque survient la pandémie de COVID-19.
«J’ai dû revoir plusieurs étapes de mon protocole de recherche, car il m’était désormais impossible d’aller à la rencontre des gens, se rappelle-t-il. Ce fut un moment difficile, voire un deuil, de ne pas pouvoir rencontrer le personnel infirmier et les patients en fin de vie, dont les histoires étaient au cœur de ma recherche.»
Malgré ces obstacles, Jérôme Leclerc-Loiselle persévère et ses efforts portent leurs fruits. En juin 2023, il soutient avec succès sa thèse, qui révèle un élément crucial dans la pratique des soins palliatifs: la créativité.
«Au-delà des injonctions contenues dans les études scientifiques abordant les soins de fin de vie, il importe d’avoir une pratique créative et réflexive qui tient compte du patient, de son histoire, de ses capacités de décider et de ses souhaits en ce qui concerne ses soins, sa vie et sa fin de vie», soutient-il.
Voler de ses propres ailes!
La fin de son doctorat marque le début d’un nouveau chapitre pour Jérôme Leclerc-Loiselle. Il devient professeur adjoint à l’École des sciences infirmières de l’Université de Sherbrooke, réalisant ainsi son ambition de combiner recherche et enseignement. «J’ai fait le tour des universités québécoises», plaisante-t-il.
Mais le diplômé de l’UdeM ne compte pas s’arrêter là. Il entend poursuivre sa quête en matière de soins à domicile, cette fois dans le contexte de l’aide médicale à mourir. Son nouveau projet de recherche vise à élaborer des approches de rétroaction postévènement pour améliorer les pratiques cliniques du prsonnel soignant dans ce domaine délicat.
«Je considère ce nouveau projet de recherche comme un outil pour permettre aux infirmières et aux infimiers de s’approprier leurs nouveaux rôles, notamment dans la communication en contexte d’aide médicale à mourir», explique-t-il avec passion.
Aussi, la collation des grades de la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal, à laquelle il prendra part, représente pour lui à la fois la fin d’un long parcours de formation et la transition qu’il a amorcée en devenant professeur.
«Cette cérémonie vient clore un chapitre de six ans que j’ai vécu avec mes directeurs de recherche, conclut Jérôme Leclerc-Loiselle. Elle représente la légitimité de pouvoir désormais poursuivre mon chemin par moi-même, un sceau final qui me permet de voler de mes propres ailes!»