Caterina Mamprin, un parcours façonné par l’amour de l’éducation

Caterina Mamprin

Caterina Mamprin

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Spécialiste du bien-être des élèves et du personnel enseignant, Caterina Mamprin a intégré la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM en tant que professeure adjointe en psychopédagogie.

Avec une volonté d’apporter des solutions concrètes aux défis de l’éducation, Caterina Mamprin s’est spécialisée en adaptation scolaire et en orthopédagogie. Les recherches de cette nouvelle professeure adjointe en psychopédagogie de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal visent à mieux comprendre et à soutenir ceux et celles qui travaillent en milieu scolaire.

Une passion pour la psychologie et l’adaptation scolaire

Dès le début de son baccalauréat en psychologie à l’UdeM, Caterina Mamprin a été captivée par la matière enseignée. «À chaque fin de cours, j'appelais ma mère pour lui raconter ce que j'avais appris. J'étais émerveillée par la richesse des connaissances sur l'être humain et par toutes ces petites choses qui nous aident à comprendre nos comportements quotidiens», se souvient-elle. Cependant, elle trouvait que ses études restaient trop théoriques et éloignées des réalités du terrain. 

Le déclic est venu lorsqu’elle a rencontré quelqu’un qui lui a parlé de l’adaptation scolaire: «Je me suis dit que c’était exactement ce que je voulais faire.» Elle a alors entrepris une propédeutique en adaptation scolaire, suivie d’une maîtrise en orthopédagogie. 

«Durant ma propédeutique, j’ai côtoyé des étudiantes et étudiants passionnés par l'enseignement, qui avaient des étoiles dans les yeux en parlant du métier. Mais à la maîtrise, j’ai découvert un aspect plus difficile. Beaucoup cherchaient des solutions pour gérer leur classe et permettre à tous les élèves de développer leur plein potentiel», dit-elle. Un texte sur le bien-être au travail chez le personnel enseignant, présenté dans l’un de ses cours, a été le déclencheur pour Caterina Mamprin et l’a incitée à faire un doctorat sur ce thème. 

Le soutien apporté par les pairs en milieu scolaire

Dans son doctorat à la Faculté des sciences de l'éducation de l’UdeM, Caterina Mamprin s’est particulièrement intéressée au soutien que les enseignants et enseignantes obtiennent de leurs collègues au sein de groupes de discussion. «On s'assoyait, les gens étaient là et discutaient de ce qu'ils vivaient, c'est tout. Il n’y avait pas de consigne, pas de question de départ si ce n'est de demander comment ça va, puis la discussion démarrait. Le groupe devenait un espace sécuritaire pour parler, basé sur la confidentialité et le respect mutuel», explique-t-elle. 

Ces travaux ont révélé l’importance des dynamiques de groupe et du soutien direct et indirect apporté par les uns et les autres. «Souvent, on va définir le soutien comme une demande d'aide franche et une aide effectivement reçue. Mais il y a aussi de l'aide indirecte, quand quelqu'un communique une information qui résonne avec la situation d'une autre personne. C’est une forme de soutien très précieuse», ajoute-t-elle. 

Favoriser le bien-être des enseignants

Après son doctorat, Caterina Mamprin a poursuivi ses recherches en tant que professeure à l’Université de Moncton, en collaboration avec des membres de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick. Ensemble, ils ont tracé un tableau de la situation du personnel enseignant après la pandémie. Ce tableau a montré des symptômes fréquents d’épuisement professionnel chez les membres de l’Association et des indices liés au bien-être au travail en baisse, même après la pandémie. 

Ces recherches ont conduit Caterina Mamprin à explorer des stratégies pour mieux soutenir les enseignants et enseignantes, en tenant compte de la complexité de leur situation. Elle s’est alors posé cette question: comment soutenir celles et ceux déjà épuisés, surtout lorsqu’ils perçoivent l’aide comme un fardeau supplémentaire? 

La chercheuse a lancé deux autres études pour approfondir le sujet. La première se concentre sur le soutien mutuel et le phénomène de contagion émotionnelle. «Les symptômes d’épuisement peuvent se “propager” et prendre la forme de coruminations. Par exemple, les enseignants et les enseignantes qui expriment leur fatigue dans la salle des profs peuvent alimenter un sentiment négatif chez les autres», précise-t-elle. Elle a ainsi désigné les facteurs qui amplifient ce phénomène, comme les caractéristiques environnementales et l’état des personnes présentes. 

La seconde étude explore les différents paliers du système scolaire, des ministères au personnel enseignant, pour comprendre quelles formes de soutien sont efficaces. L’objectif est de déterminer les ressources utiles sans ajouter de charges supplémentaires sur les épaules de gens déjà fragilisés. Cette étude vise également à comparer les sources de soutien mobilisées afin de cerner les profils d’enseignants et enseignantes potentiellement vulnérables, en fonction notamment des symptômes d’épuisement professionnel vécus au quotidien. Actuellement, les données continuent d’être collectées et analysées. 

En parallèle, Caterina Mamprin a collaboré avec des conseillers en mieux-être et en counseling pour le personnel enseignant. «Nous les avons informés des situations les plus critiques pour mieux orienter leur travail auprès des enseignants et des enseignantes», indique-t-elle. Des fiches ont été élaborées pour étudier la situation au Nouveau-Brunswick et proposer des pistes d’action.  

Mieux comprendre les familles réfugiées

En plus de ses travaux sur le bien-être des enseignants et des enseignantes, Caterina Mamprin a participé à des projets de recherche, sous la direction de Garine Papazian-Zohrabian, professeure au Département de psychopédagogie et d'andragogie de l'Université de Montréal, sur les deuils et les traumatismes chez les enfants réfugiés, notamment ceux issus de la crise syrienne. Elle a ainsi contribué à la création du cours en ligne ouvert à tous Réfugiés et demandeurs d’asile: réalités psychosociales et éducatives et pistes d'intervention et a été coordonnatrice de l’équipe de recherche interdisciplinaire sur les familles réfugiées et demandeuses d'asile. 

En compagnie de sa directrice et de l’équipe de recherche, elle a également séjourné au Liban pour détricoter le parcours migratoire de réfugiés, observer leurs conditions de vie dans les camps et les formes que prenait l’école dans ces circonstances difficiles. «Les écoles accueillaient plusieurs groupes d’élèves à tour de rôle: les élèves libanais venaient le matin et les élèves syriens l'après-midi, souvent dans un contexte de conflits sous-jacents», décrit-elle. 

De retour à Montréal, elle a accompagné des enseignantes et enseignants pour les aider à mieux comprendre leurs élèves des classes d’accueil. «Nous avons découvert qu'ils ne connaissaient pas toujours le vécu des enfants. Nous avons travaillé pour qu’ils posent les bonnes questions et deviennent plus sensibles à ces réalités complexes», explique Caterina Mamprin. 

Elle poursuit ses travaux en cherchant à favoriser la relation éducative. «Je veux trouver le point de jonction pour que les enseignants et enseignantes et les élèves puissent véritablement être disponibles afin d'avoir une relation éducative. Quand on est stressé ou épuisé, la relation change et l’on devient moins sensible à la réalité de l'autre, que ce soit du côté des adultes ou de celui des enfants», mentionne la chercheuse en insistant sur l’importance de ce lien éducatif pour l'apprentissage. 

La transmission des savoirs comme fil d’Ariane

Caterina Mamprin n’est pas seulement une chercheuse confirmée, elle est aussi une enseignante passionnée. «Quand j'ai réalisé que je voulais enseigner, je me suis regardée dans un miroir et j'ai compris que c'est ce que je faisais depuis que j'ai 16 ans. J’ai été monitrice de camps de jour, de ski, de télémark, et j’ai toujours aimé être dans cette relation éducative», confie-t-elle. 

Sa première expérience d’enseignement comme chargée de cours à l’Université de Montréal a été une révélation. «Même si la classe comptait 70 personnes, il y avait une dynamique de groupe. J’étais contente d’apprendre à connaître mes étudiants et étudiantes et de voir comment le groupe fonctionnait», dit-elle avec enthousiasme. Par la suite, elle a pu confirmer cette passion lors de son passage à l’Université de Moncton à titre de professeure adjointe.  

Aujourd’hui, elle donne à l’UdeM des cours sur la santé mentale à l'école et le développement de l'enfant. Forte de ses nombreuses expériences, elle espère continuer à inspirer et à soutenir les futurs enseignants et enseignantes tout en poursuivant ses recherches sur les défis contemporains de l’éducation.