Un don de cinq millions pour changer la scolarité des enfants de son quartier

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  • Le 3 décembre 2024

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Michel-Éric Fournelle, président de la Fondation Famille Michel Fournelle

Michel-Éric Fournelle, président de la Fondation Famille Michel Fournelle

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

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La Fondation Famille Michel Fournelle fait un don de cinq millions de dollars à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM pour financer le Réseau des écoles associées de Côte-des-Neiges.

L’Université de Montréal jouxte deux des quartiers les plus défavorisés du Québec: Parc-Extension à l’est et Côte-des-Neiges à l’ouest. Le symbole est fort, la responsabilité immense. En tant qu’acteur social, l'UdeM a vocation à s’engager en faveur de ce voisinage, à multiplier les ponts, les initiatives, les programmes pour désenclaver le savoir universitaire et y associer toute la population et toutes les communautés. C'est exactement ce qui va être fait dans Côte-des-Neiges grâce au don de cinq millions de dollars de la Fondation Famille Michel Fournelle, le plus grand jamais reçu par la Faculté des sciences de l’éducation (FSE).

Un programme centré sur l’enfant

Destiné au Réseau des écoles associées, cet argent n’aura qu’un objectif: soutenir la réussite scolaire en contexte d’inclusion auprès des élèves des écoles défavorisées. Directement rattaché au quatrième pilier de la grande campagne L’heure est brave (Favoriser l’épanouissement des communautés), ce programme ne pouvait laisser insensibles la Fondation Famille Michel Fournelle et son président, Michel-Éric Fournelle, qui ont fait du bien-être des enfants leur combat quotidien. Leur don en 2021 au Centre de pédiatrie sociale Atlas avait montré leur engagement auprès de la jeunesse de Côte-des-Neiges. Par leur nouveau don, ils réitèrent leur engagement à travers les écoles cette fois-ci.

«Dès que j’ai entendu parler du Réseau des écoles associées de l’Université de Montréal, j’ai embarqué, explique Michel-Éric Fournelle, qui siège également au comité consultatif de la Faculté des sciences de l’éducation. Au Québec, l’éducation est un système centré sur son propre fonctionnement, avec beaucoup de balises, de procédures, de règles… C'est très lourd. Alors que le programme des écoles associées est lui centré sur l’enfant, ses besoins, les enjeux locaux et régionaux aussi, comme la composition des classes.» Bref, tous ces particularismes que le système peine hélas à gérer du fait de sa vocation généraliste et du nombre considérable de personnes à servir. Un écueil connu, mais qui a des répercussions majeures dans les quartiers à faible revenu.

La recherche indique en effet que les élèves des milieux défavorisés sont beaucoup plus ̀à risque de subir, entre autres, des retards scolaires et d’avoir des problèmes d’hyperactivité et de comportement. Autant d’obstacles qui nuisent à leurs résultats scolaires et augmentent leur risque de décrochage. Or, Montréal est au cœur de ce problème: sur les 478 quartiers à faible revenu de l’ensemble du Canada, 35,5 % se trouvent dans la métropole québécoise. La complexité des classes dans les écoles situées en milieu défavorisé rend la tâche des enseignantes et enseignants, particulièrement celles et ceux nouvellement diplômés, extrêmement exigeante. Cette réalité explique pourquoi les abandons sont si nombreux, malgré la qualification, tôt dans la carrière.

L’équivalent scolaire des hôpitaux universitaires

Mais ce cercle vicieux n’est pas une malédiction. Certaines écoles défavorisées obtiennent des taux de réussite comparables à ceux des écoles de milieux plus favorisés grâce à une formidable mobilisation de leurs enseignants et enseignantes et de la direction. C'est ce qu’on appelle «l'effet école» et le Réseau des écoles associées entend le maximiser par deux leviers. Celui de l’accompagnement, d’abord, qui va permettre aux écoles de réduire tous les risques engendrés par la défavorisation. Celui de la formation, ensuite, qui va permettre d’envoyer dans ces milieux les futures enseignantes et futurs enseignants formés à la FSE, de les confronter dès le départ à ce qui sera bientôt leur réalité, de les outiller surtout pour qu’ils puissent relever les défis de leur mission d’intérêt public.

«En résumé on veut que nos écoles associées soient l’équivalent des hôpitaux universitaires, dit Ahlem Ammar, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation. Qu’elles soient un lieu de formation initiale, un lieu de recherche et un lieu de formation continue pour les équipes écoles.»  Ce projet d’envergure institutionnelle s’inscrit dans le temps. Il vise un changement de paradigme dans la formation et la recherche afin de redéfinir les pratiques et de façonner l’avenir de l’éducation. Un quartier à la fois. En commençant par celui de Côte-des-Neiges...

Un philanthrope local

«J’ai grandi ici, j'y ai vu beaucoup de pauvreté», mentionne Michel-Éric Fournelle lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi ce quartier. «Moi, j’ai eu la chance d’aller dans de bonnes écoles, mais je veux aider en devenant un acteur local majeur. C’est tellement important d’avoir cet ancrage! Avec cinq millions, vous pouvez changer les choses à l’échelle d’un quartier; mais à l'échelle d’une ville ou d’une région, c’est trop grand, vous saupoudrez les ressources», ajoute-t-il. Pourtant, du côté du donateur comme de la FSE, l’objectif va bien au-delà de Côte-des-Neiges! Tous espèrent que ce don exceptionnel, en assurant la pérennité du programme, va inspirer d’autres philanthropes, que l’effet école se doublera d'un effet boule de neige, que d’autres dons suivront et qu’ainsi d’autres quartiers, d’autres villes et surtout d’autres enfants profiteront bientôt du programme.

«Les besoins sont tellement grands et c’est si gratifiant de donner de son vivant, confie le président de la Fondation Famille Michel Fournelle. Non seulement cela permet de voir la portée de son geste dans la communauté, mais de plus vous rencontrez des gens passionnants, différents, courageux, que jamais vous n’auriez croisés autrement. Vous vivez votre philanthropie!»

Lorsque Michel-Éric Fournelle a vendu l’entreprise immobilière familiale pour 490 M$ dans l’idée de lancer une fondation, il ignorait absolument tout du milieu de l’éducation. Et désormais, le voilà lecteur averti sur le sujet, bienfaiteur d’un programme éducatif de l’Université de Montréal, soucieux de maximiser la réussite des élèves défavorisés de son quartier et désireux de réduire le taux d’attrition chez les enseignantes et enseignants. Élever la vie des autres en enrichissant la sienne: et si c’était cela la meilleure définition du don?

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