Carino Gurjao, spécialiste du cancer colorectal, se joint à l’UdeM
- UdeMNouvelles
Le 4 mars 2025
- Myreille Larouche
Reconnu pour sa découverte de l'effet mutagène de la viande rouge sur le cancer colorectal, Carino Gurjao se joint à l’équipe de l'IRIC comme chercheur principal en médecine génomique et intégrative.
Carino Gurjao s’est joint récemment au personnel enseignant de l’Université de Montréal à titre de professeur adjoint au Département de médecine en plus d’avoir été recruté en tant que chercheur principal à l’Unité de recherche en médecine génomique et intégrative de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC).
Son parcours de formation est impressionnant: il a notamment mené ses projets de recherche à l’Institut Curie, au Massachusetts Institute of Technology et à l’Université Harvard (Dana-Farber Cancer Institute et Broad Institute). À l’Université de Paris, sa thèse de doctorat a permis de démontrer, pour la première fois chez l’humain, l’effet mutagène de la consommation de viande rouge sur le cancer colorectal.
Plus récemment, en tant que postdoctorant à l’Université Columbia de New York, il a conduit l'analyse génétique de la plus grande cohorte à ce jour de patients afro-américains atteints d’un cancer colorectal. Son dossier de publications compte déjà plus de 12 articles parus dans des journaux reconnus. En 2022, il a été nommé par le magazine Forbes parmi les 30 personnalités de moins de 30 ans les plus influentes dans le domaine de la santé.
Il a accepté de répondre à quelques questions.
Qu’est-ce qui vous a mené à faire de la recherche? Et plus précisément de la recherche en cancérologie?
Les cellules cancéreuses sont à l’origine des cellules humaines saines, ce qui les rend bien plus complexes à éliminer qu’un virus ou une bactérie, fondamentalement étrangers au corps humain. Cette complexité m’a fasciné dès que j’en ai entendu parler, au point d’y repenser même en dehors des cours!
Je n’ai pas grandi dans un environnement scientifique – il n’y a pas d’universitaires dans ma famille – et ce n’est que bien plus tard, à l’université, que j’ai découvert le monde de la recherche. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que réfléchir sur le cancer pouvait être un métier à part entière.
Comment en êtes-vous venu à vous spécialiser en analyses omiques?
Le cancer peut être vu comme une maladie du génome: une ou plusieurs mutations peuvent survenir dans une cellule, la prédisposant à proliférer de manière anormale. Comme l’ADN peut être étudié non seulement en tant que molécule, mais aussi comme une séquence de lettres ou un polymère physique, l’étude du génome du cancer se situe au carrefour de multiples disciplines. C’était parfait pour moi: je n’avais pas à choisir entre les mathématiques, l’informatique, la physique ou la biologie! Je pouvais aborder la question sous différents angles, en fonction du problème étudié et de mes champs d’intérêt.
De plus, les avancées technologiques récentes ont créé un environnement particulièrement propice à la recherche en sciences omiques: le séquençage de l’ADN est devenu beaucoup plus abordable, et d’énormes quantités de données sont désormais accessibles. Cela ouvre des perspectives passionnantes pour mieux comprendre le cancer.
Quels seront les principaux thèmes de recherche de votre laboratoire à l’IRIC?
Mon laboratoire se concentrera sur deux grands axes autour de l’ADN. D’une part, je m’intéresse à la prévention de précision, c’est-à-dire à l’utilisation de l’ADN pour mieux comprendre l’origine des tumeurs. Par exemple, les rayons UV, le tabagisme ou encore l’alimentation laissent des empreintes distinctes sur l’ADN. En analysant ces empreintes, on peut non seulement établir les causes du cancer, mais aussi mieux prédire quelles personnes sont à risque.
D’autre part, mon équipe travaillera aussi sur les traitements de précision, qui visent à adapter les traitements en fonction du profil génétique de chaque patient. Plutôt que d’administrer un médicament selon le type de maladie, on peut le personnaliser selon les caractéristiques génétiques du cancer et de la personne touchée. Cela permet d’optimiser l’efficacité des traitements et de réduire les incertitudes thérapeutiques.
Votre plus grand souhait pour les prochaines années?
J’aimerais approfondir mon rôle de mentor! J’ai eu la chance d’avoir d’excellents mentors au début de ma carrière, qui m’ont énormément aidé à m’épanouir professionnellement sans jamais me forcer à emprunter telle ou telle voie. Aujourd’hui, j’aimerais pouvoir rendre la pareille à mes futurs étudiants et étudiantes.