Modéliser l'effet des changements climatiques

L’archéologie du changement climatique peut combler le fossé entre les processus naturels et sociaux en offrant la possibilité de créer des modèles intégratifs pour explorer les répercussions des changements climatiques sur les systèmes humains.

L’archéologie du changement climatique peut combler le fossé entre les processus naturels et sociaux en offrant la possibilité de créer des modèles intégratifs pour explorer les répercussions des changements climatiques sur les systèmes humains.

Crédit : Getty

En 5 secondes

En développant un domaine d'études émergent nommé archéologie du changement climatique, des chercheurs espèrent rendre les modèles humain-environnement plus précis et complets.

Comment les changements climatiques agissent-ils sur la manière dont les humains s’organisent? Comment ont-ils influencé le cours de l’évolution humaine?

Une équipe internationale de scientifiques, comprenant des chercheurs de l’Université de Montréal, estime que la clé pour répondre à ces questions réside dans l’étude approfondie des archives archéologiques.

Selon l’équipe, l’archéologie du changement climatique peut combler le fossé entre les processus naturels et sociaux en offrant la possibilité de créer des modèles intégratifs pour explorer les répercussions des changements climatiques sur les systèmes humains.

Dans un article publié dans Nature Communications, l’équipe de recherche affirme que, bien que les systèmes culturels jouent un rôle important dans la structuration des interactions entre les humains et l’environnement, ils sont mal intégrés dans les modèles analytiques (appelés modèles des systèmes terrestres) actuellement employés par les climatologues.

Pour étudier de manière adéquate l’interaction entre les processus naturels et anthropiques, les chercheurs et chercheuses suggèrent d'intégrer des concepts issus des sciences du climat et de l'anthropologie évolutionniste et de se concentrer sur l'effet structurant des transformations paysagères engendrées par les changements climatiques sur la société humaine.

L'effet de ces transformations peut influencer la démographie, la réorganisation des réseaux sociaux et l'évolution culturelle, expliquent-ils.

Dirigé par l’anthropologue de l’UdeM Ariane Burke, l'article est cosigné par une équipe d'archéologues, d'anthropologues physiques et de chercheurs et chercheuses en sciences de la Terre basés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France, dont les professeurs de l’UdeM Timothée Poisot et Michelle Drapeau.

Un flux de travail pour les modélisateurs

Ariane Burke

Ariane Burke

Crédit : Courtoisie

«Ce que nous proposons, c’est un flux de travail que les modélisateurs peuvent utiliser pour intégrer les systèmes humains dans les modèles des systèmes terrestres», indique Ariane Burke, qui dirige le Groupe de recherche sur la dispersion des hominines et le Laboratoire d’écomorphologie et de paléoanthropologie de l’UdeM.

«Nous utilisons des données environnementales et archéologiques pour créer des modèles de l'adéquation de l'habitat, également appelés modèles de distribution des espèces, qui décrivent la structure du paysage dans lequel les groupes humains interagissaient entre eux et avec l’environnement par le passé», précise-t-elle.

Elle poursuit: «Ensuite, nous nous servons de la théorie de l’évolution culturelle pour prédire les schémas de changement culturel qui peuvent être testés à l’aide des archives archéologiques, ce qui nous permet d'étudier l'influence du changement climatique passé sur l’évolution culturelle à travers une approche paysagère. L'étape suivante sera d'employer des informations qualitatives plus détaillées sur le comportement humain provenant des archives archéologiques, historiques et ethnographiques pour produire des modèles complexes qui décrivent les interactions entre les humains et l'environnement dans des conditions de changement climatique.»

À travers l’histoire, note-t-elle avec ses collègues, les peuples de différentes cultures ont trouvé des moyens de s’adapter, avec des taux de succès variables, aux changements climatiques – par exemple en modifiant les ressources à exploiter ou les plantes à cultiver.

L’archéologie du changement climatique, un domaine émergent des sciences du climat, fait appel aux données issues du registre archéologique pour étudier l'effet du climat sur le cours de l'évolution humaine lors d’évènements climatiques, tels que le réchauffement soudain à la fin de la dernière ère glaciaire, il y a 14 700 ans.

Dans le but de prédire les conséquences potentielles de changements culturels chez les populations, Ariane Burke et ses collègues visent à déterminer les points de basculement dans l'évolution du climat qui ont pu entraîner de tels changements dans le passé.

À propos de cette étude

L’article «The archaeology of climate change: A blueprint for integrating environmental and cultural systems», par Ariane Burke et ses collègues, a été publié le 13 juin 2025 dans Nature Communications.

Le projet a été financé par le Fonds de recherche du Québec – secteur Société et culture et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.