Immense succès de la vaccination contre le VPH au Québec
- UdeMNouvelles
Le 9 juillet 2025
- Mylène Tremblay
Une étude québécoise démontre l’efficacité du programme scolaire pour prévenir les infections persistantes aux VPH 16 et 18.
Protéger les jeunes avant qu’ils ne soient exposés au virus: cette stratégie permet d’obtenir les plus grands bénéfices de la vaccination contre les virus du papillome humain (VPH), responsables de la majorité des cancers du col de l’utérus et de plusieurs autres cancers anogénitaux et oropharyngés.
Une vaste étude clinique parue dans JAMA Network Open, codirigée par la Dre Marie-Hélène Mayrand, professeure titulaire au Département d’obstétrique-gynécologie de l’UdeM et chercheuse au Centre de recherche du CHUM, et la Dre Chantal Sauvageau, professeure titulaire à l’Université Laval, chercheuse au Centre de recherche du CHU de Québec et médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec, a comparé différents calendriers vaccinaux. Le constat: deux doses du vaccin quadrivalent (VPH-4) administrées à six mois d’intervalle offrent une protection si robuste contre les infections persistantes aux types 16 et 18 du VPH pendant plus d’une décennie qu’une dose de rappel cinq ans plus tard n’est pas indiquée.
Un essai clinique de grande envergure
Menée entre 2013 et 2021 au Québec, l’étude a recruté plus de 3300 jeunes filles vaccinées dans le cadre du programme scolaire provincial. Toutes avaient reçu deux doses du VPH-4 entre 9 et 11 ans. Les participantes ont été réparties en deux groupes: l’un a reçu uniquement ces deux doses, l’autre a reçu une troisième dose dite «de rappel» cinq ans plus tard.
Durant 13 ans de suivi, les participantes ont autoprélevé régulièrement des échantillons vaginaux pour détecter la présence du virus. Résultat? Les infections persistantes aux VPH 16 et 18 étaient extrêmement rares dans les deux groupes.
«Nos données confirment qu’une série de deux doses, espacées de six mois, offre une excellente protection sur le long terme. Administrer un rappel cinq ans plus tard n’apporte pas de bénéfice supplémentaire mesurable», résume Chantal Sauvageau.
Une stratégie vaccinale optimisée
Ces résultats viennent conforter la décision prise en 2013 par le Comité sur l’immunisation du Québec de ne pas administrer systématiquement la troisième dose de rappel prévue initialement en 3ᵉ secondaire. Ils tombent aussi à point nommé alors que de nouvelles recommandations proposent désormais un calendrier à une seule dose, en s’appuyant sur d’autres études montrant son efficacité jusqu’à 12 ans après vaccination.
«Nous avons besoin de données robustes pour ajuster nos programmes de vaccination. Cette étude québécoise y contribue directement», souligne Marie-Hélène Mayrand, coautrice de l’étude.
Protéger contre le cancer du col
L’enjeu est majeur: le VPH 16 et le VPH 18 sont responsables d’environ 70 % des cas de cancer du col de l’utérus. En prévenant les infections persistantes, la vaccination de masse promet une réduction marquée de l’incidence de ces cancers au cours des prochaines décennies.
Au-delà des types 16 et 18, le vaccin quadrivalent protège également contre les types 6 et 11, responsables de la majorité des condylomes. L’étude québécoise a confirmé la faible incidence de ces infections chez les participantes vaccinées.
Une réussite de santé publique
Ce travail salue également le succès du programme de vaccination scolaire instauré au Québec en 2008. Offert gratuitement en 4ᵉ année du primaire, ce vaccin est administré avant le début de la vie sexuelle, un facteur clé pour garantir une efficacité maximale.
«C’est un bel exemple de prévention en santé publique: des interventions simples, administrées au bon moment, avec des résultats mesurables sur la santé d’une génération», conclut François Coutlée, professeur titulaire de clinique au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’UdeM.
À propos de cette étude
L’article «Protection Against Persistent HPV-16/18 Infection After Different Number of Doses of Quadrivalent Vaccine in Girls and Young Women» a été publié dans JAMA Network Open en juillet 2025.
Autrices et auteur principaux: Marie-Hélène Mayrand, Chantal Sauvageau, Manale Ouakki, Iulia Gabriela Ionescu et François Coutlée.