Les ingrédients d’une transition alimentaire réussie

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Pour sauver notre système alimentaire malmené par les changements climatiques, la chute de la biodiversité et l’épuisement des sols, une transition socioécologique s’impose. Voici le mode d’emploi.

Geneviève Mercille

Geneviève Mercille, professeure agrégée au Département de nutrition de l’Université de Montréal

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

Dans un Québec au système alimentaire connecté à celui du reste du monde, comment s’assurer de nourrir la population de façon saine, durable et équitable en tout respect de l’environnement? Telle est la question au cœur du rapport du Défi alimentaire, l’un des trois défis clés de la transition pour le Québec qui mobilisent la communauté universitaire et les forces vives de la société au sein du projet Chemins de transition.

Trois années de travail mené par un comité expert multidisciplinaire en coconstruction avec le groupe citoyen Espace pour la vie ont été nécessaires pour tracer les contours d’une trajectoire de changement sur un horizon de 20 ans. Au total, 59 jalons ont été identifiés comme autant d’étapes pour passer de la situation actuelle à un futur souhaité, et assurer avec succès la transition socioécologique.

Geneviève Mercille, professeure agrégée au Département de nutrition de l’Université de Montréal, a assuré la coordination scientifique de l’ambitieux rapport.

«L’idée, c’est de mobiliser la communauté et d’accompagner nos étudiantes et étudiants. Nos choix individuels dépendent d’un système alimentaire mondial. Les nutritionnistes, les médecins et les professionnels de la santé devront agir comme des acteurs de changement pour promouvoir le droit à l’alimentation, l’équité et le respect de l’environnement. Le Défi alimentaire est un outil pour stimuler l’action collective.» ─ Geneviève Mercille, présidente du comité expert multidisciplinaire du Défi alimentaire.

Nous avons survolé le document avec elle pour en tirer les éléments essentiels.

Quels sont les «ingrédients du futur» ─ tendances lourdes ou émergentes, controverses, angles morts ─ qui ont servi à poser un diagnostic prospectif?

  • Les agriculteurs alimentent le «garde-manger» de la population: miser sur l’importance de l’agriculture et valoriser la profession;
  • La nouvelle génération d’agriculteurs a changé de même que les formes de production: valoriser les productions alternatives et les petites exploitations à travers des subventions de l’État aux agriculteurs engagés;
  • L’éducation à l’école et auprès des ménages est la clé: rapprocher le consommateur du producteur et de la nature;
  • Des communautés locales se mobilisent autour de la mise en place d’une gouvernance concertée et décentralisée: mieux répondre aux besoins des populations.

Quelle est la vision d’un futur souhaitable pour le Québec en 2040?

À partir du diagnostic prospectif, quatre scénarios du futur de l’alimentation au Qué­bec ont été élaborés:

  1. Chaque individu a droit à une alimentation saine et durable; ce besoin essentiel et universel doit être reconnu et appliqué;
  2. Pour être régénérateurs (humain, animal, environnement), les modèles bioalimentaires doivent être diversifiés, adaptés aux écosystèmes et sobres en carbone;
  3. Vecteur de partage et de valorisation des identités, des savoirs et des cultures culinaires, l’alimentation est un levier d’inclusion, mais aussi de réconciliation avec les peuples autochtones;
  4. La territorialisation de l’alimentation à l’échelle régionale doit favoriser synergie, collaboration et planification cohérente.

Comment nourrir en santé toujours plus d’humains sans épuiser les ressources? Quel est le meilleur chemin pour accélérer la transition socioécologique?

Programme d'éducation alimentaire (jalon 6), financement de la recherche en agroécologie (jalon 28), terres agricoles sorties de la spéculation (jalon 36): quelque 59 jalons interreliés et répartis sur 5 blocs composent cette trajectoire sur 20 ans.

"Afin de passer en vitesse supérieure, les forces vives doivent non seulement combiner leurs efforts, mais aussi trouver les façons de créer des synergies. La trajectoire pour une transition socioécologique est parsemée à la fois de petits projets expérimentaux et de grandes transformations structurelles, d'actions de sensibilisation et de changement des normes sociales, de volonté et d'investissements majeurs." ─ Extrait du rapport du Défi alimentaire.

Le travail de l'équipe de Chemins de transition ne fait que commencer. Prochaine étape: le partage des connaissances et des apprentissages à travers des conférences, des ateliers et d'autres activités pédagogiques. La transition est en marche!

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