«Il nous faut un modèle québécois de l’activité physique»

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Dans une prochaine conférence, l’ESPUM recevra des experts pour présenter une nouvelle approche qui favoriserait l’activité physique dès le plus jeune âge et la soutiendrait tout au long de la vie.

Le bilan de santé des jeunes Québécois n’est pas réjouissant: leur capacité cardiovasculaire se détériore, les taux d’obésité et de surpoids sont en hausse et les troubles de santé mentale se multiplient.

À l’horizon se profilent alors de nombreux enjeux de santé publique coûteux, notamment les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, le diabète, l’hypercholestérolémie, les cancers, l’ostéoporose.

Dans une telle perspective, la promotion de l’activité physique s’avère LA solution pour prévenir ces problèmes de santé et les factures médicales élevées liées à leur traitement.

Mais comment favoriser l’activité physique dès le plus jeune âge? Et comment prévenir son abandon à l’adolescence et la soutenir tout au long de la vie?

Telles sont les questions qui seront abordées à la conférence «Réinventer l’activité physique pour une santé durable», organisée à l’occasion des 10 ans de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), en collaboration avec le Réseau des diplômés et des donateurs de l’UdeM.

L’activité a été pensée et sera animée par Sylvana Côté, professeure à l’ESPUM et directrice de l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants et du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant, deux regroupements financés par les Fonds de recherche du Québec.

La conférence mettra en vedette Pierre Lavoie, triathlète et fondateur du Grand défi Pierre Lavoie, qui viendra partager sa nouvelle approche pour promouvoir l’activité physique auprès des jeunes.

Il sera accompagné de son collègue Jean-François Harvey, avec qui il a élaboré cette conception fondée sur la science et expliquée dans leur ouvrage paru il y a quelques jours seulement: Faut que ça bouge!

La parole sera aussi donnée aux Drs Laurent Duvernay-Tardif, médecin et joueur de football professionnel, Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique pour la région de Montréal, et Mélanie Henderson, pédiatre endocrinologue au CHU Sainte-Justine et professeure au Département de pédiatrie de l’UdeM. Ils témoigneront des façons d’inverser la tendance actuelle en parlant entre autres du rôle que peuvent jouer les villes, les directions de santé publique et la profession médicale.

Bousculer les mentalités

Pierre Lavoie

Pierre Lavoie

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La vision de Pierre Lavoie et Jean-François Harvey s’articule autour de quelques principes qui confrontent des idées reçues sur l’activité physique. D’abord, ils soulignent l’importance que les enfants intègrent tôt la notion du mouvement (sauter, botter, courir, grimper, lancer, frapper, nager, glisser, etc.).

«Ces mouvements, le cerveau les apprend pour la vie et majoritairement, soit à 80 %, entre la naissance et six ans, explique Pierre Lavoie. Et si ce n’est pas fait avant six ans, le ou la jeune sera inhabile toute sa vie dans les sports. Je préfère même dire aux parents “imbécile” dans les sports.»

Ensuite, il insiste sur la nécessité de retarder la spécialisation après la puberté. Donc, on troque l’élitisme sportif, la pression de performance et la production de champions contre le plaisir, l’inclusion et l’acquisition globale de compétences; au revoir les Jeux du Québec pour les moins de 14 ans.

«C’est dans les écoles secondaires que le bât blesse, où l’on mesure les enfants, on les compare et l’on exclut ceux qui n’ont pas le potentiel de rapporter des bannières du Réseau du sport étudiant du Québec. La confiance en soi s’effrite, tout comme la motivation, et l’on finit sédentaire parce que rejeté par des systèmes trop pressés de faire des champions», déplore l’athlète.

Un retour à notre vraie nature

Sylvana Côté

Sylvana Côté

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Pour Sylvana Côté, chercheuse spécialisée dans la santé et le développement des enfants, cette vision a énormément de sens. «Les enfants apprennent par le jeu et les humains sont biologiquement constitués pour bouger, avance-t-elle. Pas étonnant que nous ayons des problèmes de santé attribuables à la sédentarité, c’est en contradiction avec la façon dont nous avons évolué. Il faut retourner aux sources, à nos besoins physiques.»

La professeure croit aussi à une approche plus populationnelle et inclusive dans laquelle il incombe aux acteurs de la santé publique et aux gouvernements de faire la promotion de la santé et d’aménager des environnements qui inciteront les enfants à être actifs.

À titre d’exemple, Sylvana Côté et Pierre Lavoie prônent le retour des buttes de neige dans les cours des écoles primaires pour grimper et glisser, en plus de socialiser.

«Les coûts des soins de santé sont un abysse. Il est temps d’investir dans la promotion de la santé et la prévention des maladies chroniques et des problèmes relationnels. Encourager le plaisir de bouger ensemble, n’est-ce pas la meilleure façon de faire?» lance la chercheuse.

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