Touwendé Roland Ouédraogo: intégrer l’environnement aux droits de la personne

En principe, presque toutes nos activités quotidiennes sont régies par le droit. Mais malgré les règles établies, les violations et l’ignorance à l’égard des droits de la personne sont fréquentes dans plusieurs régions du monde, notamment celles découlant de la destruction de l’environnement.

C’est en constatant les dérives liées à l’exploitation des ressources en Afrique que Touwendé Roland Ouédraogo a choisi de faire porter sa thèse de doctorat sur cette problématique au croisement du droit de l’environnement et des droits de la personne.

Devenu officiellement chargé de cours à la Faculté de droit de l’Université de Montréal en août dernier, M. Ouédraogo effectue ses études de troisième cycle à l’Université du Québec à Montréal, où il est également chargé de cours.

De Ouagadougou à Montréal en passant par Genève

C’est à la fin de ses études secondaires que Touwendé Roland Ouédraogo se découvre une passion pour le droit. «C’est la voie par laquelle je sentais que je pourrais être utile», se rappelle-t-il.

Il obtient son diplôme d’études secondaires en 2006 et, trois ans plus tard, sa licence en droit public à l’Université Ouaga II, à Ouagadougou, au Burkina Faso, où il décroche ensuite une maîtrise en droit des affaires, en 2010.

Ses excellents résultats lui valent une bourse qui le mène en Suisse en 2011. Le jeune juriste y complétera d’ailleurs sa spécialisation en droits de la personne et en droit international humanitaire, en plus d’y faire une deuxième maîtrise en droit européen. En 2014, il décide de postuler à titre de stagiaire au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) à Genève, dans le cabinet de la conseillère juridique et politique Cécile Aptel.

En plus de lui permettre de parfaire ses connaissances sur de nombreux sujets internationaux relatifs au respect des droits de la personne, son passage au HCDH l’amène à constater la dimension politique et diplomatique de la gestion des dossiers.

«J’ai eu le privilège d’assister à la fin de mandat de la haute-commissaire Navanethem Pillay, de l’Afrique du Sud, et à son remplacement par le prince jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, se souvient Touwendé Roland Ouédraogo. J’ai pu observer que la mission change en fonction de la personne qui occupe le poste!»

Il a aussi été témoin d’une situation pour le moins paradoxale: les stages au HCDH n’étaient pas rémunérés à l’époque et bon nombre de stagiaires venant de l’étranger et devant se loger et se nourrir à fort prix ont dénoncé cet état de choses. «Il y a un restaurant au palais Wilson, qui abrite le siège du Haut-Commissariat, mais les stagiaires n’avaient pas les moyens d’y manger», raconte-t-il.

Environnement et droits de la personne

Arrivé à Montréal en 2016, Touwendé Roland Ouédraogo amorce son doctorat en droit international sur le thème du droit à un environnement sain en Afrique.

De fait, c’est en Afrique qu’on trouve le plus de conventions et de constitutions où sont inscrites les préoccupations environnementales.

«La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, entrée en vigueur en 1986, constitue le premier texte contraignant qui formalise le droit à un environnement sain», dit le doctorant et chargé de cours.

L’objectif de M. Ouédraogo est de vérifier «s’il y a une pratique et une opinio juris des États africains en matière de règlementation environnementale à même de cristalliser une coutume régionale». Pour ce faire, il examine les pratiques législatives, jurisprudentielles et celles des organes exécutifs des pays africains qui ont adhéré à la Charte ou qui ont inscrit dans leurs constitutions un droit de la personne à un environnement sain, ainsi que leur opinio juris.

Fort des expériences qu’il a vécues jusqu’ici sur trois continents, Touwendé Roland Ouédraogo souhaite «contribuer à la doctrine, d’où est d’ailleurs née ma passion de l’enseignement, conclut celui qui est papa d’une fillette de 16 mois. Je suis les traces de mon père et d’un de mes frères, qui ont aussi été enseignants à un moment de leur vie et qui m’ont transmis l’amour de la vulgarisation!»