COVID-19: l’effet sur la communauté LGBTQ+
- UdeMNouvelles
Le 2 novembre 2020
À travers un sondage en ligne, une équipe menée par le professeur Robert-Paul Juster cherche à savoir comment la pandémie affecte les personnes LGBTQ+.
Comment le sexe, le genre et l’orientation sexuelle des individus affectent-ils leur adaptation à la crise de la COVID-19?
C’est ce que Robert-Paul Juster, professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, aimerait savoir.
Avec la collaboration de Silke Jacmin-Park, étudiante au Département de psychologie de l’UdeM, Robert-Paul Juster et son équipe lancent un questionnaire en ligne pour connaître les défis vécus par la communauté LGBTQ+ durant la pandémie ainsi que les facteurs de résilience qui protègent ces personnes des conséquences néfastes de la crise sanitaire sur leur santé mentale.
En entretien, il nous explique.
Pourquoi ce sondage?
La crise que nous vivons oblige à se pencher sur ces questions pour une raison bien simple: en plus d’être un danger pour la santé des individus, cette pandémie a le potentiel d’exacerber certaines inégalités qui existent entre les hommes, les femmes et les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre. Notre questionnaire en ligne, anonyme et confidentiel, servira à éclaircir la situation.
Qui peut répondre à ce sondage?
Cette étude est ouverte à tout le monde, pas seulement à la communauté LGBTQ+. Pour mieux comprendre comment le sexe, le genre et l’orientation sexuelle des individus influent sur leur adaptation à la crise que nous traversons, il est nécessaire de sonder l’ensemble de la population. En particulier, nous avons besoin de beaucoup plus d’hommes dans notre étude.
Pourquoi s’intéresser aux défis des personnes LGBTQ+ en situation de pandémie?
Au Canada, celles-ci sont particulièrement vulnérables aux répercussions de l'isolement social. On parle de gens qui sont deux fois plus susceptibles de vivre seuls que les personnes hétérosexuelles et qui sont à haut risque d’anxiété, de dépression, de comportements suicidaires, d'automutilation et de toxicomanie. En somme, les membres de la communauté LGBTQ+ sont plus vulnérables à des problèmes de santé mentale accrus que les personnes hétérosexuelles et cisgenres durant la crise actuelle.
Mais il y en a aussi qui démontrent une certaine capacité de résilience?
Oui; nous savons que, à l’intérieur de cette communauté, certains sous-groupes ayant vécu des expériences de stigmatisation et d'adversité adopteront des comportements d'adaptation qui favorisent la résilience et auront donc une meilleure santé mentale. Cela s'expliquerait par un concept appelé «compétence face à la crise».
Ces personnes gèrent les crises mieux que les autres?
Ça peut être le cas, oui. On pourra dire que, par le statut même, les groupes marginalisés sont parfois forcés d’apprendre à gérer les crises de façon inattendue. Par exemple, comment les hommes gais et bisexuels et la communauté transgenre ayant vécu la crise du VIH/sida durant les années 80 gèrent-ils celle de la COVID-19? Nous voulons examiner si la compétence face à la crise a un rôle à jouer dans le développement de la résilience chez certaines personnes LGBTQ+.
Quand aura-t-on les résultats du sondage?
Nos résultats préliminaires montrent que les personnes transgenres et non binaires ainsi que les personnes bisexuelles et pansexuelles rapportent plus de symptômes de dépression et d’anxiété comparativement à la population générale. Nous avons par contre besoin de davantage de participants et participantes avant de communiquer les résultats finaux.
À propos du questionnaire
Conçu par le Centre d'études sur le sexe et le genre, l'allostasie et la résilience, affilié au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, et soutenu par le Fonds de recherche du Québec ‒ Santé, le sondage en ligne s'adresse aux hommes, aux femmes et aux personnes issues de la diversité sexuelle et de genre (LGBTQIA2+). Ils répondront à 13 courtes questions qui ne demandent que de 20 à 40 minutes. La participation est volontaire et anonyme et les renseignements recueillis demeureront confidentiels.
Relations avec les médias
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Jeff Heinrich
Université de Montréal
Tél: 514 343-7593