Le Fonds de dotation de l’Université de Montréal réduira ses émissions de carbone de 35 % d’ici 2030

Depuis 2017, le Fonds de dotation de l’Université de Montréal est signataire des Principes pour l’investissement responsable, énoncés par l’Organisation des Nations unies.

Depuis 2017, le Fonds de dotation de l’Université de Montréal est signataire des Principes pour l’investissement responsable, énoncés par l’Organisation des Nations unies.

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L’objectif est une réduction de 35 % en 2030 avec une cible d’étape à 20 % en 2025 de l’intensité carbone. Le Fonds de dotation est constitué des dons philanthropiques reçus par l’UdeM.

Louis Roquet

Crédit : Amélie Philibert

Le Fonds de dotation de l’Université de Montréal visera une réduction de l’intensité carbone de son portefeuille d’actions cotées de 35 % d’ici décembre 2030 avec une cible intérimaire de réduction de 20 % en 2025. Ces objectifs ont été entérinés par le Comité exécutif de l’Université. Au 30 avril 2020, le portefeuille d’actions cotées représentait plus de la moitié du Fonds de dotation, dont l’actif total s’élevait à 325,5 M$. Dans l’avenir, les obligations de sociétés seront ajoutées et éventuellement les portefeuilles privés, comme les fonds d’infrastructure, lorsque les données seront disponibles.  

«L’engagement de l’UdeM dans la lutte contre les changements climatiques est transversal. Nous élaborons des solutions par la recherche; nous formons la relève dans tous les secteurs; nous réduisons les émissions sur nos campus; et maintenant nous allons accélérer la décarbonation de notre portefeuille», explique Louis Roquet, chancelier de l’Université de Montréal.

Cette annonce fait suite à l’adoption, en juin dernier par 15 universités, de la Charte des universités canadiennes pour des placements écoresponsables à l’heure des changements climatiques. Tous les signataires s’engageaient alors à définir un cadre pour guider leurs décisions en termes de placements écoresponsables, à mesurer les émissions associées à leurs investissements, à établir des cibles et à en faire la divulgation.

La cible et la méthode

L’approche choisie par l’UdeM comporte deux volets: la cible elle-même et la méthode de calcul retenue. Il y a en effet plusieurs façons de comptabiliser les émissions liées à un portefeuille d’investissement. On peut compter les émissions totales en fonction des parts de propriété, les émissions par millions investis (empreinte carbone), les émissions par dollars de revenus des entreprises ou par unités de production des entreprises du portefeuille (intensité carbone)… Chacune de ces méthodes fournit un regard différent et peut être adoptée selon la philosophie des investisseurs. Le Comité exécutif, sur recommandation du Comité de gestion du Fonds de dotation, a retenu la méthode de calcul de l’intensité carbone moyenne pondérée telle que préconisée en 2017 par le Task Force on Climate Related Financial Disclosures (TCFD). L’un de ses avantages est que la mesure des émissions de carbone n’est pas influencée par la variation de la valeur boursière de l’entreprise. La formule est présentée ici:

L’Université, tout comme le TCFD, reconnaît que les mesures des émissions de carbone d’un portefeuille présentent de nombreux défis et limites. C’est une arithmétique qui est en évolution. L’adoption des cibles s’inscrit dans une stratégie de gestion orientée vers le défi climatique. Elle englobe, par exemple, l’investissement dans des technologies et produits susceptibles de faciliter la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

L’investissement responsable: le choix de l’influence

Depuis 2017, le Fonds de dotation de l’Université de Montréal est signataire des Principes pour l’investissement responsable, énoncés par l’Organisation des Nations unies. Cette approche intègre les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance dans l’analyse des titres, l’exercice des droits de vote et l’engagement actionnarial. «Le sens de l’investissement responsable, c’est de changer les entreprises de l’intérieur par son droit de vote, par son pouvoir d’actionnaire, par son influence positive», mentionne Louis Roquet.

L’UdeM fait également partie d’un mouvement international d’universités qui reconnaissent la nécessité d’accélérer la lutte contre les changements climatiques en mettant le cap sur la carboneutralité, en mobilisant davantage de ressources pour la recherche sur les changements climatiques et en développant l’offre en éducation environnementale. Cet engagement de l’UdeM contribuera notamment à l’amélioration du bilan carbone canadien. Dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.

Le Fonds de dotation

Le Fonds de dotation de l’Université de Montréal est constitué par les dons philanthropiques et sert à soutenir des projets de recherche, des programmes de bourses pour les étudiants et étudiantes et des projets institutionnels. Le Comité de gestion est principalement formé d’experts externes et d’observateurs gestionnaires de l’Université représentant diverses facultés. Son mandat est de gérer les placements de façon à procurer les rendements nécessaires aux distributions tout en préservant le capital donné, en «contribuant à la transition vers une économie sobre en carbone, entre autres par l’atteinte des cibles de réduction de l’empreinte carbone déterminées par le Comité exécutif, et en tenant compte des autres facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance».