Un laboratoire d'enseignement et de recherche en hygiène du travail à l’UdeM
- UdeMNouvelles
Le 2 juin 2021
- Virginie Soffer
L’UdeM possède un laboratoire d’enseignement et de recherche en hygiène du travail qui permet de prévenir les maladies liées au travail.
Le Département de santé environnementale et santé au travail de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM) est doté depuis 2010 d’un laboratoire d’enseignement et de recherche en hygiène du travail et d’équipements à la fine pointe de la technologie. Celui-ci se spécialise dans la compréhension des expositions aux contaminants et au bruit en milieu de travail ainsi que dans l’analyse des différentes stratégies d’évaluation de ces expositions. Zoom sur ce laboratoire particulier créé par Maximilien Debia, professeur au département et chercheur au Centre de recherche en santé publique (CReSP) de l'UdeM.
Des appareils à la fine pointe de la technologie
Le laboratoire comporte de nombreux instruments pour la détection des gaz, vapeurs et aérosols, la quantification des niveaux de bruit et la mesure des contraintes thermiques. Une installation permet également de tester les appareils de protection respiratoire, une autre les appareils de protection auditive, on y trouve un poste de fabrication de cassettes d’échantillonnage et un microscope optique permettant de faire du comptage de fibres d’amiante. Plusieurs de ces équipements sont portatifs, ce qui rend possibles les mesures directement sur le terrain lors de visites d’usines.
Un laboratoire accessible aux étudiants
Les étudiants et étudiantes de deuxième cycle en hygiène du travail ont accès aux 225 m2 (2500 pi2) du laboratoire, où ils peuvent comprendre les enjeux de la métrologie et interpréter des données d’exposition. Ils formulent des recommandations sanitaires pour les travailleurs en proposant par exemple des substitutions de produits toxiques, des modifications de procédés, des suivis d’exposition ou encore le port d’équipements de protection individuelle.
Pour des projets de recherche et des stages, plusieurs se sont aventurés hors du laboratoire et se sont rendus dans des milieux de travail, que ce soit en aéronautique, dans le réseau public de la santé au travail, dans des bureaux de consultants. Certains sont allés jusque dans les mines d’or souterraines d’Abitibi-Témiscamingue, la mine de sel des Îles-de-la-Madeleine et les alumineries de la Côte-Nord.
Plusieurs étudiantes et étudiants diplômés des programmes en hygiène du travail ont joué un rôle important durant la pandémie en mettant en place des mesures de prévention dans divers milieux professionnels pour limiter la transmission du SRAS-CoV-2. Ils ont ainsi mis en œuvre des programmes de protection respiratoire dans les hôpitaux et services de soins et mesuré les concentrations de dioxyde de carbone dans des locaux pour s’assurer de leur bonne aération.
Désigner les particules aérolisées, fort utile en période de COVID-19
Les travaux de recherche de Ludwig Vinches, professeur adjoint au Département de santé environnementale et santé au travail de l’ESPUM et chercheur au CReSP, portent sur les particules aérolisées émises par des processus technologiques récents. «Des particules vont par exemple être produites lors de l’utilisation d’imprimantes 3D et passer dans l’air. Je vais alors évaluer l’exposition des travailleurs à ces contaminants et étudier l’efficacité des équipements de protection recommandés. J’élabore aussi des modèles prédictifs pour savoir si la conception de leur équipement a été efficace en amont. En parallèle, j’essaie de déterminer quels sont les paramètres qui permettraient de réduire ces émissions de particules tout en gardant les propriétés recherchées pour l’objet qui a été imprimé.»
Mesurer et comprendre l’exposition
Professeur titulaire au Département de santé environnementale et santé au travail de l’ESPUM et chercheur au Centre de recherche du CHUM, Jérôme Lavoué s’intéresse à l’évaluation des expositions professionnelles pour aider les épidémiologistes ainsi que les praticiens en hygiène du travail. «Il est spécialement important de comprendre la physicochimie des mécanismes d’exposition et des facteurs qui influencent les concentrations relevées en milieu de travail, qui peuvent varier énormément en un court laps de temps. Un peu comme pour un sondage, lorsqu’on n’interroge qu’une petite partie de la population pour se faire une idée de l’opinion de la population au complet, évaluer l’exposition à des substances dangereuses implique d’extrapoler un nombre souvent limité de mesures à l’ensemble des circonstances qui nous intéressent. Parmi mes travaux récents, j’ai créé avec des collègues un outil d’interprétation des mesures d’exposition accessible en ligne [expostats], qui vise surtout à faciliter la communication sur les niveaux d’exposition. Je travaille également sur des banques de données existantes de mesures d’exposition dans les milieux de travail pour renseigner les autorités de la santé publique sur des situations d’exposition simultanée à plusieurs contaminants.»
Cette année, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, on comprend tout particulièrement l’intérêt du laboratoire d’enseignement et de recherche en hygiène du travail, dont l’expertise en matière de métrologie, de qualité de l’air, d’aérosols et de protection respiratoire a été fortement mise à profit.