Un nouveau référentiel pour les compétences langagières en français en milieu de travail

Dans le référentiel, chaque tâche a été décrite de manière contextualisée et comporte des exemples concrets.

Dans le référentiel, chaque tâche a été décrite de manière contextualisée et comporte des exemples concrets.

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Quel niveau de français pour quel travail? Un nouveau référentiel l’indique pour plus de 140 professions.

Quel niveau de français faut-il pour être guide touristique, réceptionniste… ou magicien? 

On pourrait croire à une question farfelue, mais elle est au cœur d’un projet très sérieux: le Référentiel québécois de profils de compétences en français de métiers et professions, un outil qui répertorie les niveaux de compétence en français associés, pour l’instant, à plus de 140 professions exercées au Québec et qui vise à analyser celles de 400 autres. Conçu en collaboration avec une équipe de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, ce référentiel veut répondre à une question simple pour les personnes immigrantes, les travailleurs en formation et les acteurs du monde du travail: quels niveaux de français sont nécessaires pour exercer tel ou tel métier au Québec? 

Ce nouvel outil, dont les contenus des deux premiers ensembles sont consultables en ligne, ne vise pas à fixer des exigences officielles. Il a plutôt pour ambition de donner des repères clairs et concrets: quelles tâches de communication sont associées à un métier donné? À quel niveau de français ces tâches peuvent-elles être réalisées de façon fonctionnelle, que ce soit à l’oral ou à l’écrit? Ce référentiel s’adresse ainsi autant aux personnes en processus d’intégration à la société québécoise qu’à celles qui apprennent le français, aux concepteurs de programmes de formation qu’aux employeurs. 

Un chantier d’envergure né d’un besoin sur le terrain

L’idée d’un tel outil est née d’un constat formulé dès 2019, alors que le gouvernement du Québec élargissait l’accès à la francisation aux personnes en emploi, aux étudiants étrangers ou encore aux travailleurs temporaires. Rapidement, un besoin criant est apparu: il manquait un cadre de référence permettant de mieux arrimer l’apprentissage du français aux réalités du monde du travail.  

C’est à l’Université de Montréal que le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) et le ministère de la Langue française (MLF) ont confié le mandat de concevoir ce référentiel. L’équipe de recherche était composée de spécialistes en didactique du français langue seconde

Décrire plus de 9300 tâches professionnelles

Comment faire pour décrire les tâches de chaque métier exercé au Québec? La première étape a consisté à sélectionner les tâches, ce dont s'est chargée l'équipe interministérielle. «Le MIFI et le MLF utilisent la Classification nationale des professions, qui décrit toutes les tâches associées à chaque métier», explique Dominic Anctil, professeur au Département de didactique.  

Dans le référentiel, chaque tâche a été décrite de manière contextualisée et comporte des exemples concrets. Ainsi, une tâche comme «répondre à des demandes de clients en personne ou au téléphone» est associée à un niveau de compétence en production et compréhension orales. Ce niveau de compétence a été évalué par l’équipe de l’UdeM à l’aide de l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français, dont l’édition 2023 a aussi été produite par le groupe de recherche de la Faculté des sciences de l'éducation.  

La langue de travail perçue de l’intérieur

Pour attribuer les bons niveaux, l’équipe universitaire simule littéralement les situations de travail. «On se met dans la peau d’une personne qui occupe cet emploi et l’on se demande ce qu’il faut comprendre, quels énoncés il faut pouvoir produire», indique Geneviève Picard, conseillère de recherche. Le but n’est pas de viser un français parfait, mais un usage fonctionnel, suffisant pour accomplir la tâche de façon satisfaisante. 

Ce travail de terrain est nourri par la diversité des parcours dans l’équipe. Elham Aryapour souligne ainsi: «En tant que non-francophone native, mon expérience d’apprenante est prise en compte dans l’équipe, tout comme mes 20 années d’enseignement du français langue seconde. Chaque tâche fait l’objet de discussions pour s’assurer qu’elle est comprise de la même manière par tous. Si des incompréhensions surgissent, on en analyse les causes pour les corriger, en gardant à l’esprit que cet outil s’adresse aussi à des personnes immigrantes.» 

Accessible en ligne, le Référentiel québécois de profils de compétences en français de métiers et professions est appelé à évoluer et à s’enrichir au fil du temps.  

Et pour répondre à la question de départ: oui, même un magicien a besoin de compétences langagières, ne serait-ce que pour accueillir son public… ou négocier son contrat! 

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