Le français dans l’ADN de l’UdeM depuis toujours
- UdeMNouvelles
Le 1 octobre 2021
- Béatrice St-Cyr-Leroux
Alors que débutaient la semaine dernière les consultations publiques sur le projet de loi no 96, retraçons l’évolution de l’UdeM comme chef de file universitaire dans la francophonie.
Fondée en 1878, l’Université de Montréal a toujours affirmé son caractère résolument francophone et son ouverture sur le monde.
«L’Université exerce depuis longtemps un leadership en matière de diffusion et de production des connaissances en français, ce qui fait d’elle un acteur social de premier plan en termes de promotion de la langue française au Québec, au Canada et dans le monde», rappelle Jean-François Gaudreault-DesBiens, vice-recteur à la planification et à la communication stratégiques.
La Charte de l’Université place effectivement le français au cœur même de son identité. Mais comment cette priorisation s’est-elle incarnée à travers les années? Comment l’UdeM est-elle parvenue à devenir une référence francophone dans le monde universitaire?
Survol des jalons importants qui ont marqué l’histoire de l’Université de Montréal en matière de protection, de valorisation et de promotion du français.
Une valeur bien ancrée
L’attachement de l’UdeM à la langue de Molière remonte à sa fondation, mais il s’est accru dans les années 60, période de grandes révolutions mondiales et québécoises. «C’est le fait d’être une des plus grandes universités d’expression française au monde qui caractérise l’Université de Montréal et non son caractère religieux», déclarait Roger Gaudry en 1965, peu de temps avant de devenir le premier recteur laïque de l’UdeM.
C’est aussi à cette époque que l’UdeM fonde l’Agence universitaire de la Francophonie, qui regroupe aujourd’hui 1007 universités, grandes écoles, réseaux universitaires et centres de recherche scientifique utilisant la langue française dans 119 pays. Son siège social se trouve d’ailleurs toujours sur le campus de la montagne.
Quand francisation rime avec rayonnement
«Jusqu’aux années 60, l’Université avait une mission de défense de la langue française, explique Etleva Vocaj, conseillère principale à la francisation au Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’UdeM. Cette mission s’est transformée en désir de faire rayonner de manière plus générale le fait français, notamment en devenant un lieu d’accueil pour les nombreux immigrants par une offre de services de francisation.»
À ce chapitre, l’Université de Montréal devient vers la fin des années 90 le premier partenaire du gouvernement du Québec en matière de francisation des nouveaux arrivants. L’expertise de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM a été sollicitée à maintes reprises et un projet est en cours pour la conception de référentiels et d’outils d’évaluation des compétences en français pour le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. «Encore aujourd’hui, grâce à ce solide partenariat avec le ministère, quelque 600 personnes bénéficient annuellement d’une formation leur permettant d’acquérir les compétences linguistiques en français et les compétences interculturelles qui favorisent leur intégration sociale et professionnelle au Québec», précise Mme Vocaj.
Création de nouvelles structures
Le tournant des années 2000 marque l’adoption de la Politique linguistique de l’UdeM, qui devient la première université québécoise à se doter d’un tel outil visant à baliser les orientations de l’établissement quant aux questions linguistiques. L’Université priorise alors la qualité du français de ses futurs diplômés, l’importance de communiquer dans une langue claire et le recrutement à l’étranger.
En 2012, l’UdeM unit ses forces à celles de l’Université libre de Bruxelles et de l’Université de Genève pour constituer un groupe des trois collaboratif, le G3, ayant l’ambition de contribuer au dynamisme et au rayonnement de la francophonie.
C’est en 2014 qu’est créé le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie afin de mieux promouvoir et coordonner les actions universitaires en lien avec la langue française et les relations avec la francophonie. «Le but était également de renforcer et de faire davantage valoir auprès de la communauté universitaire les dimensions stratégiques et concrètes du français», mentionne Jean-François Gaudreault-DesBiens.
Plus récemment, en 2017, l’UdeM a mis sur pied l’Observatoire de la Francophonie économique dans une volonté de contribuer à l’essor économique de l’espace francophone, avec un intérêt particulier pour les États en développement, notamment en Afrique.
L’histoire incarnée
L’histoire de l’UdeM montre bien que le leadership dans la francophonie est une conviction profondément enracinée dans la tradition de l’établissement. Dans un tel contexte, la francisation des nouveaux arrivants s’impose naturellement comme façon de concilier le caractère résolument francophone de l’Université et son ouverture sur le monde.
«Le recrutement à l’étranger est essentiel pour favoriser l’émulation qu’apporte la diversité des expériences, des compétences et des idées et pour se situer parmi les réseaux internationaux influents de recherche. Le français est un tremplin vers de multiples aires culturelles et linguistiques», croit Jean-François Gaudreault-DesBiens.
Nombreux et nombreuses sont ainsi les membres de l’Université de Montréal de prime abord non francophones qui se sont illustrés dans la société québécoise et qui ont contribué à l’épanouissement du français dans le monde universitaire.
Du côté des figures historiques, pensons notamment au Dr Hans Selye, «père» des études sur le stress, à Alan B. Gold, premier juge en chef juif de la Cour supérieure du Québec, ou encore à Denis Szabo, pionnier de la criminologie au Québec.
L’histoire plus moderne apporte également son lot de professeurs et de diplômés qui, à leur arrivée à l’UdeM, parlaient peu ou pas le français, mais qui sont aujourd’hui grandement réputés dans leur domaine: Dan Thanh Duong Thi (diplômée de la Faculté des sciences de l’éducation), Maria-Pilar Ramírez García (professeure à la Faculté des sciences infirmières), Adam Johnson (diplômé de la Faculté de musique), Huy Ong (professeur à la Faculté de pharmacie), Sheila Laverty (professeure à la Faculté de médecine vétérinaire) ou Kim Thúy (diplômée de la Faculté des arts et des sciences et de la Faculté de droit), pour n’en nommer que certains et certaines.
La liste est foisonnante et leur savoir-faire l’est tout autant.