Le Dr André Veillette sur les réseaux sociaux: vaccination contre la COVID-19 et autres sujets scientifiques au menu
- UdeMNouvelles
Le 14 février 2022
- Martin LaSalle
Pour répondre aux questions du public sur la vaccination contre la COVID-19 et pour contrebalancer la désinformation, le Dr André Veillette est devenu actif sur les réseaux sociaux.
Professeur au Département de médecine de l’Université de Montréal et directeur de l’Unité de recherche en oncologie moléculaire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, le Dr André Veillette a été membre du Groupe de travail sur les vaccins contre la COVID-19 du gouvernement canadien à partir de l’été 2020. Ce groupe est devenu connu du grand public à mesure que la stratégie vaccinale du Canada s’établissait et que les preuves s’accumulaient quant à l’efficacité et à l’innocuité des différents vaccins.
Si son activité habituelle ne le mettait qu’occasionnellement en contact avec les médias avant la pandémie, le Dr Veillette a constaté qu’au Québec comme ailleurs au pays les questions fusaient sur les réseaux sociaux ainsi que des commentaires de toutes sortes avec leurs lots de contradictions et de fausses informations.
Il a donc sauté dans l’arène pour ajouter sa voix experte et bien informée à toutes celles qui se faisaient entendre, en expliquant, entre autres, le fonctionnement des vaccins, leur rôle pour prévenir les complications liées à la COVID-19 et leur importance dans cette lutte qui se poursuit depuis deux ans.
Aujourd’hui, plus de 5600 personnes suivent le Dr Veillette sur Twitter.
Pourquoi est-ce important pour vous d'intervenir sur les réseaux sociaux?
Parce que les réseaux sociaux permettent de joindre un grand nombre de personnes, d’accroître la sensibilisation de la population aux efforts qui ont été déployés pour élaborer et homologuer les vaccins et de faire valoir l’importance de se faire vacciner. Je suis aussi sollicité par les médias traditionnels, mais il n’est pas toujours facile de donner des détails et d’apporter des nuances; les réseaux sociaux me fournissent l’occasion de poursuivre la discussion et d’en dire davantage.
Mes interventions se sont ensuite élargies pour aborder d’autres aspects scientifiques de la pandémie, qu’il s’agisse du virus ou de ses variants, des tests rapides, de la COVID-19 longue ou encore des mesures sanitaires.
Souvent, les gens m’interpellent directement sur les réseaux sociaux en me posant des questions. Il s’agit habituellement de personnes qui me suivent et qui veulent en savoir plus. C’est toujours un grand plaisir de leur répondre. Le public informé acquiert une expertise pertinente dans l’évaluation de la science et des mesures sanitaires associées à la pandémie. Je ne crois pas que les commentaires sur la science et les mesures sanitaires devraient être la prérogative des scientifiques ou des experts en santé publique. Le public a aussi un rôle important à jouer.
Dans vos messages, visez-vous autant les désinformateurs que les personnes susceptibles de les croire?
On peut essayer de contrecarrer les propos des désinformateurs en opposant à leurs propos des arguments scientifiques, mais je ne crois pas que les désinformateurs changeront d’idée. Mon but n’est pas de passer du temps à échanger avec quelqu’un qui ne veut pas entendre ce que j’ai à dire. Tout comme les extrémistes, je les évite.
Les personnes les plus insidieuses selon moi sont celles qui attribuent la mention «J’aime» à mes messages, mais qui ajoutent des commentaires visant à amoindrir la gravité d’une situation ou qui remettent en question des éléments qui ont été vérifiés scientifiquement. Ce ne sont pas des extrémistes et elles ne se présentent pas comme des «antimesures» ou des «antivaccins»; elles agissent de façon plus subtile. Ces gens sont plus dangereux, car ils semblent crédibles et ils créent de l’interférence dans les messages de la science et de la Santé publique.
Je crois que la plupart des gens savent reconnaître la désinformation et que ceux qu’elle a influencés étaient déjà influençables. Mais les relayeurs que je viens d’évoquer me paraissent plus problématiques parce que leurs arguments paraissent logiques et ils savent se servir des zones grises pour jeter un doute là où il ne doit pas y en avoir. Ils utilisent beaucoup les sophismes ou de fausses vérités dans leurs propos.
Quelle stratégie adoptez-vous pour éviter de vous faire aspirer par la controverse?
Je dis la vérité, même si cela suscite parfois la polémique. Je suis réputé pour être en faveur de la vaccination – même obligatoire – et du dépistage.
J’ai déjà dit ouvertement que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a fait du bon travail jusqu’ici et je ne peux rien pour ceux qui le critiquent à tout va. J’essaie d’être balancé: oui, le ministère de la Santé et des Services sociaux a commis quelques faux pas, mais la campagne de vaccination s’est très bien déroulée et, pour ce qui est des mesures sanitaires, si on ne les avait pas appliquées, nous aurions eu une situation semblable à celle qu’ont vécue la Grande-Bretagne et la France à l’automne 2021. Mais avec Omicron, les choses sont devenues de plus en plus complexes et notre système de santé s’est fragilisé comme jamais auparavant. Face à cette crise, j’ai toujours recommandé aux décideurs d’utiliser la science et le principe de précaution comme boussoles.
À mes débuts sur les réseaux sociaux, certains m’ont apostrophé, mais ils ont rapidement constaté que ce n’est pas une bonne idée! Je suis fidèle à mes principes et je donne le crédit aux décideurs, qui font de leur mieux selon les circonstances, tout en commentant leurs interventions. Il est sain de critiquer les mesures ou l’absence de mesures, mais pas de critiquer les gens.
Quels conseils prodigueriez-vous à vos collègues qui pourraient intervenir à leur tour sur les réseaux sociaux?
Il faut être cohérent avec soi-même pour demeurer crédible et influent à long terme, et éviter de faire ou de dire quelque chose qui serait erroné. Si l’on se trompe, il faut l’admettre et corriger le tir rapidement. C’est important de ne pas se discréditer soi-même, car les gens n’oublient pas!
De plus, il ne faut pas se limiter à Twitter pour commenter l’actualité à coups de 280 caractères. Il faut compléter ce qu’on dit sur les réseaux sociaux par l’entremise des médias traditionnels. Personnellement, j’aime surtout les discussions qu’il est possible d’avoir à la radio, qui durent plus longtemps et permettent de mieux expliquer les choses.