Janet Rossant et Trang Hoang: de la passion et de la vision en recherche
- UdeMNouvelles
Le 4 mars 2022
- Mylène Tremblay
Les Dres Janet Rossant et Trang Hoang ont été les invitées de la Faculté de médecine de l’UdeM à l’occasion de la Journée internationale des femmes.
Les Dres Janet Rossant et Trang Hoang ont formé un duo de conférencières inspirantes à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, à l’invitation de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. En avant-première, elles nous ont accordé un entretien autour du leadership et du mentorat en recherche.
Le leadership: de la passion et de la vision
Janet Rossant est présidente et directrice scientifique de la Fondation Gairdner, qui récompense les scientifiques les plus éminents pour leurs recherches sur la santé humaine. Auparavant, elle a été chercheuse et directrice à l’Institut de recherche de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto. Ses travaux sur l’origine des cellules souches et sur la biologie du développement lui ont valu de nombreux prix, diplômes et titres honorifiques.
À travers les prix Canada Gairdner, vous encouragez la nouvelle génération à faire carrière en science et à faire preuve de leadership. Qu’est-ce que le leadership en recherche?
Le leadership consiste à construire des équipes engagées, à les guider et à les rallier autour d’une vision commune. Pour avoir observé de bons leaders, visionnaires et passionnés, mais aussi des antimodèles à l’approche infructueuse, je dirais ceci: si vos équipes ne vous suivent pas, vous ne parviendrez à rien. Pour amener les gens à adhérer à votre vision, vous devez parler avec eux, les écouter, prendre du recul et considérer les différents points de vue jusqu'à ce qu’un consensus se dessine. Un bon leader sait aussi prendre des décisions difficiles. Mais plus l'équipe regarde dans la même direction, moins on s’expose à des choix douloureux.
En 2022, les femmes demeurent sous-représentées dans les postes de direction en recherche. Pourquoi et comment renverser la tendance?
Bonne question! Plusieurs abandonnent en cours de route parce que les conditions ne facilitent pas la conciliation travail-famille. On doit tout faire pour rendre les environnements accueillants, soutenants, ouverts et sécuritaires. Mais une fois que les portes s'ouvrent, il faut les franchir sans passer son temps à se remettre en question. Il m’est arrivé de douter de mes compétences et de me demander ce que je faisais là, comment j’allais gérer tout cela. On doit se montrer plus courageuses!
Quel est votre meilleur conseil à la relève pour exercer un leadership fort et visionnaire?
Je dis toujours: soyez passionnées par vos recherches et vos découvertes. Autrement, vous n’aurez pas envie d'aller travailler tous les matins. Il en va de même lorsqu’on occupe un poste de direction: montrez-vous enthousiastes à l'idée d'améliorer l’endroit où vous êtes, que ce soit un institut, un centre ou un département. Faites-le non pas pour vous, mais pour les autres. Voilà ce qui compte pour un bon leader.
Montrez-vous enthousiastes à l'idée d'améliorer l’endroit où vous êtes, que ce soit un institut, un centre ou un département. Faites-le non pas pour vous, mais pour les autres. Voilà ce qui compte pour un bon leader.— Janet Rossant
Le mentorat: une richesse qui profite à tous
Trang Hoang est professeure titulaire au Département de pharmacologie et physiologie de la Faculté de médecine et chercheuse principale à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal. Reconnue pour ses travaux en biologie des cellules souches normales et leucémiques, elle transmet sa passion pour la recherche, sa rigueur scientifique et sa curiosité intellectuelle aux nombreux étudiants et étudiantes qu’elle accueille dans son laboratoire. Son dévouement a été récompensé du prix Mentor scientifique 2021, du Club de recherches cliniques du Québec.
En 1986, vous avez été la première femme à vous joindre à l’équipe de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, avant de poursuivre votre carrière à l’IRIC, que vous avez cocréé en 2003. Votre rôle de pionnière a-t-il influencé celui de mentore?
En fait, j’étais tellement absorbée par l’excellence scientifique et la découverte que je n’avais pas réalisé que j’étais la seule femme à diriger un laboratoire! Jusqu’à ce qu’une associée me le fasse remarquer à une assemblée des chercheurs… En prenant conscience de cette réalité, j’ai mis en place des mesures pour former la nouvelle génération de chercheuses, avec l’appui du directeur de l’époque, le Dr Michel Chrétien, qui accordait beaucoup d’importance à l’équité.
Pourquoi est-ce si important pour vous de transmettre votre expertise, mais également votre sagesse?
De tous les pays et villes où j’ai vécu – Suisse, Angleterre, États-Unis, Toronto –, c’est à Montréal que j’ai reçu le plus. Aujourd’hui, je redonne. Les débuts d’une carrière en recherche sont difficiles. Il faut acquérir des outils, gagner en confiance, faire preuve de rigueur et de créativité. Cela s’apprend à travers une formation de pointe, mais aussi au contact de personnes expérimentées qui savent transmettre leurs connaissances avec empathie. Pendant mon doctorat, j’ai bénéficié des conseils d’un mentor extraordinaire qui m’inspire encore aujourd’hui. Quand on aide une personne à progresser, c’est tout l’entourage qui en profite.
De plus en plus, un système de mentorat structuré se met en place dans les universités. Concrètement, quelle forme prend-il dans le milieu des sciences?
Il s’agit d’une relation d’aide qui permet à la jeune recrue de cerner les attentes de l’organisation, de se fixer des objectifs et de tracer sa voie. À la fin de l’année, les deux parties évaluent ensemble les réalisations accomplies et établissent une stratégie pour l’année suivante, selon une approche personnalisée. Mais gardons en tête que le mentorat va fonctionner uniquement si la personne mentorée se montre proactive, par exemple en dressant une liste de questions précises axées sur ses besoins. La discussion pourra alors s’engager.
Les débuts d’une carrière en recherche sont difficiles. Il faut acquérir des outils, gagner en confiance, faire preuve de rigueur et de créativité. Cela s’apprend à travers une formation de pointe, mais aussi au contact de personnes expérimentées qui savent transmettre leurs connaissances avec empathie.— Hoang Trang
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