Le réaménagement des pavillons Roger-Gaudry et Marie-Victorin au service de la mobilité

Laboratoire accessible, avec mobilier adapté

Laboratoire accessible, avec mobilier adapté

Crédit : BBL / Jodoin Lamarre Pratte / Provencher_Roy architectes en consortium.

En 5 secondes

Le réaménagement des pavillons Roger-Gaudry et Marie-Victorin prévoit une série d’améliorations relatives à la mobilité pour mieux accueillir les personnes en situation de handicap moteur.

Comment améliorer l’accessibilité universelle lors de grands travaux effectués sur des bâtiments anciens construits à une époque marquée par la rareté ou l’absence de normes d’accessibilité? Et comment le faire tout en préservant leur intégrité architecturale?

Les importants travaux de réaménagement qui ont lieu présentement aux pavillons Roger-Gaudry et Marie-Victorin répondent au souhait de l’Université de Montréal de redéfinir ses environnements de travail, d’enseignement et de recherche afin d’offrir de véritables milieux de vie à la communauté universitaire. En ce sens, ils sont une occasion exceptionnelle d’adapter les lieux et d’accroître leur accessibilité ainsi que la mobilité des personnes en situation de handicap.

Mais alors que ces deux bâtiments ont été construits il y a plus de 50 ans, les professionnels font face à de nombreuses contraintes structurales ou techniques ou encore à des enjeux liés à la protection et à la conservation du patrimoine bâti. Comment repenser l’accessibilité dans ces conditions?

Nous nous sommes entretenus avec Michelle Beausoleil, architecte et gestionnaire de projet à l’Université de Montréal, et Audrey Monty, architecte associée chez Provencher_Roy.

Aller au-delà du code du bâtiment

Dès le départ, l’équipe de projet de l’Université de Montréal et les architectes étaient conscients de la nécessité d’aller au-delà des exigences minimales du Code de construction du Québec afin de privilégier un environnement bâti accessible et pour que toute personne puisse avoir un sentiment d’inclusion dans l’espace. «C’est un choix qu’a fait l’Université de Montréal», dit Michelle Beausoleil.

Elle donne en exemple les boutons poussoirs, qui ne sont pas obligatoires, mais qui ont été intégrés dans les locaux types tels que les salles de classe, les laboratoires et les salles de toilettes. La majorité des lieux telles les cuisinettes ou les salles de classe auront aussi des éviers accessibles en fauteuil roulant, avec une hauteur de comptoir de 865 mm et un dégagement pour les jambes. De même, les nouveaux laboratoires de recherche du pavillon Roger-Gaudry seront équipés d’un comptoir adapté pouvant accueillir deux personnes en fauteuil roulant, avec une hauteur et un dégagement appropriés ainsi qu’une hotte chimique ajustable en hauteur afin que la recherche puisse être accessible à tous et à toutes.

«On a uniformisé ces éléments à la grandeur dans le projet, dans tous les secteurs réaménagés du pavillon Roger-Gaudry, afin d’améliorer au maximum la vie des membres de la communauté, dans les limites des contraintes de ces deux bâtiments», affirme Mme Beausoleil. 

Intégrer l’accessibilité dès la conception du projet

Pour Audrey Monty, aller plus loin que les obligations minimales du code signifiait entamer une réflexion dès la conception des plans. Et se poser beaucoup de questions!

Est-ce qu’une personne en fauteuil roulant qui entre dans un lieu de travail peut aisément se déplacer dans la pièce? Comment s’assurer qu’elle ne sera pas prisonnière de l’espace? Si elle passe une entrevue, peut-on bouger les chaises pour la recevoir naturellement? Les lieux de travail sont-ils conçus pour s’adapter facilement à l’arrivée impromptue d’un employé ou d’une employée à mobilité réduite?

«Dès la conception, précise Mme Monty, on a voulu que tous les locaux offrent ces commodités-là. Cette réflexion sur la dimension des lieux et sur la disposition du mobilier qu’on a tout le temps en tête quand on propose des aménagements, l’espace de recul des fauteuils roulants, ce n’est pas inscrit dans les plans, ce n’est pas dicté, ça n’a l’air de rien, mais on a veillé à faire l’exercice en amont et à se poser les bonnes questions pour bien tenir compte de la chaîne des déplacements des personnes à mobilité réduite.» 

La même attention a été portée aux salles de toilettes, où l’on a conçu dès le départ des aménagements avec une aire de rotation plus grande que celle exigée par le code. Cette aire de rotation, qui doit être au minimum de 1500 mm, est l’espace de retournement ou de manœuvre permettant d’opérer un demi-tour dans un lieu qui doit être libre de tout obstacle.

La majorité des toilettes accessibles individuelles, dans les étages rénovés du pavillon Roger-Gaudry, ont été conçues afin d’offrir un espace plus généreux pour accommoder les fauteuils roulants électriques, de plus en plus nombreux et plus grands que les fauteuils à propulsion manuelle.

Des lieux pour tous

L’idée maîtresse qui a guidé les équipes dans la conception des plans était d’offrir des lieux que chaque membre de la communauté pourrait s’approprier, qu’il s’agisse par exemple pour quelqu’un en fauteuil roulant de se rendre partout, de pouvoir tourner sur lui-même pour revenir sur ses pas. Un véritable défi dans le pavillon Roger-Gaudry, dont la structure serrée et rigide ne se prête pas naturellement à ce genre d’aménagements.

Les architectes du projet ont également voulu rendre tous les locaux de soutien accessibles, tels les laboratoires et les chambres froides, grâce à l’inclusion de rampes d’accès dont les pentes seront toutes conformes. Le catalogue de mobilier a été revu afin de proposer des meubles adaptés et déplaçables dans les salles de classe ou les bureaux. Une salle d’allaitement ainsi que des douches accessibles entièrement équipées font également partie des éléments d’aménagement qui seront ajoutés au projet.

«On a surtout réfléchi à l’équité, à la façon d’offrir les mêmes chances à tous, dit Audrey Monty. C’était vraiment important pour nous, cette idée de pouvoir aller partout. La sensation du cul-de-sac en fauteuil doit être exaspérante. Voilà ce qui nous a guidés dans la conception.»

Le projet de réaménagement des espaces est réalisé par BBBL / Jodoin Lamarre Pratte / Provencher_Roy architectes en consortium (pavillon Roger-Gaudry est) et par NFOE + EVOQ architectes (pavillon Roger-Gaudry ouest et pavillon Marie-Victorin).

  • Salle de classe accessible, avec mobilier adapté

    Crédit : BBL / Jodoin Lamarre Pratte / Provencher_Roy architectes en consortium.
  • Zone étudiante accessible, avec mobilier déplaçable

    Crédit : BBL / Jodoin Lamarre Pratte / Provencher_Roy architectes en consortium.
  • Zone étudiante accessible, avec mobilier déplaçable

    Crédit : BBL / Jodoin Lamarre Pratte / Provencher_Roy architectes en consortium.
  • Salle de toilettes accessible

    Crédit : BBL / Jodoin Lamarre Pratte / Provencher_Roy architectes en consortium.

Un projet qui répond aux demandes étudiantes

Pour répondre aux demandes particulières de la communauté étudiante, le projet de la réaffectation des espaces prévoit un rehaussement de l’accessibilité universelle de plusieurs composants des pavillons Roger-Gaudry et Marie-Victorin. Les étudiants parents seront ainsi heureux d’apprendre que des tables à langer seront installées dans les toilettes individuelles, que l’accès pour les poussettes sera amélioré et qu’une salle d’allaitement sera aménagée dans le pavillon Roger-Gaudry.

Plusieurs salles de toilettes, entièrement équipées, et des douches seront accessibles pour les personnes à mobilité réduite.

Des dispositifs et choix de conception faciliteront l’accès de la communauté aux locaux, notamment des boutons poussoirs, des portes plus larges, des hauteurs de comptoir adaptées ainsi que de la place pour les genoux. Des toilettes individuelles accessibles avec évier permettront aussi de répondre aux besoins particuliers d’étudiants et étudiantes.

Dans la meme serie

Accessibilité universelle