Un nouveau guide pour décrire les compétences en français
- UdeMNouvelles
Le 29 septembre 2023
- Virginie Soffer
Sous la codirection des professeurs Christophe Chénier et Nathalie Loye, une large équipe de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal a participé à la mise à jour et à la bonification de l’«Échelle québécoise des niveaux de compétence en français», du gouvernement du Québec.
Crédit : GettyL’«Échelle québécoise des niveaux de compétence en français», du gouvernement du Québec, a été revue et bonifiée par la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM.
Vous êtes allophone et voyez le poste de vos rêves au Québec. Mais avez-vous le niveau de français requis? L’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français, du gouvernement du Québec, permet de le déterminer.
Sous la codirection des professeurs Christophe Chénier et Nathalie Loye, une large équipe de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal a participé à la mise à jour et à la bonification de ce document.
Offrir un référentiel commun des compétences en français
L'Échelle québécoise des niveaux de compétence en français est un référentiel commun en francisation pour les acteurs clés de l'éducation et de la formation au Québec qui s’adresse «au personnel enseignant, au personnel de conseillance pédagogique, aux directions d’établissements d’enseignement et d’organismes communautaires, aux responsables des programmes et des politiques, aux employeurs ainsi qu’à toute autre partie prenante afin d’établir le profil langagier des personnes adultes pour qui le français n’est pas la langue première».
Cette échelle propose une description précise des compétences en français et peut être utilisée à de multiples fins: suivre la progression des personnes apprenantes en français, guider la création de programmes éducatifs, concevoir des outils d'évaluation, établir des normes de compétence en français, soutenir l'apprentissage en milieu professionnel ou encore faciliter la gestion des services gouvernementaux.
«L'échelle peut par exemple être utilisée pour voir si une personne respecte les critères d'admission à un programme particulier de l'immigration économique. On pourrait lui dire “Vous êtes à peu près au niveau 4 et, pour occuper tel emploi, on pense qu'il faudrait atteindre le niveau 6, alors cela pourrait être une bonne idée de suivre des cours de français”», explique Christophe Chénier, professeur spécialiste en mesure et évaluation à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM.
Mieux décrire chaque compétence langagière
La bonification permet de présenter de façon claire les quatre compétences langagières décrites dans l’Échelle (compréhension et production orales, compréhension et production écrites). Ainsi, les indicateurs décrivant les compétences orales ne font plus référence à des comportements liés à l’écrit, comme cela était parfois le cas dans la version antérieure du document. «C’était problématique, car nous ne pouvions pas utiliser ces indicateurs pour les personnes qui ont un niveau de littératie à l'écrit relativement limité, mais qui à l'oral peuvent s'exprimer très correctement, illustre Christophe Chénier. Nous avons travaillé à corriger cela pour que maintenant toutes les compétences orales ne renvoient qu'à des comportements oraux.»
De nouveaux indicateurs
L’échelle actuelle rend aussi plus lisibles certaines informations, notamment pour ce qui est des indicateurs, qui ne renvoyaient pas toujours à des comportements communicationnels. «Il y avait de multiples informations qui se trouvaient parmi les indicateurs: des savoir-faire, des savoirs linguistiques, des stratégies d'apprentissage», dit Hanène Melki, conseillère en recherche à la Faculté des sciences de l’éducation.
L’équipe a donc travaillé pour que les indicateurs soient exclusivement de nature communicationnelle. Par exemple, une personne apprenant le français et se trouvant au niveau 1 pourra comprendre les salutations d’une caissière ou les remerciements d’un voisin.
Les autres éléments qui n’appartenaient pas uniquement aux indicateurs ont été déplacés dans différentes sections. «Ainsi, tout ce qui est linguistique a été déplacé dans la section Dimensions linguistiques. Il y avait aussi des informations parfois en lien avec le contexte de la communication qui ont été reprises dans les tableaux des paramètres de progression», poursuit Hanène Melki.
En attendant sa version interactive d’ici quelques mois, il est possible de consulter le format PDF de l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français.
Ces travaux sont le résultat d’une collaboration entre le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, le ministère de la Langue française, le ministère de l’Éducation et l’Université de Montréal.
Un test diagnostique pour les personnes immigrantes peu ou pas scolarisées
La Faculté des sciences de l’éducation de l’UdeM travaille à l’élaboration d’un test diagnostique pour désigner les personnes immigrantes peu scolarisées et peu alphabétisées qui n'auraient pas les acquis culturels pour suivre des cours.
Déterminer un niveau de scolarité ou d’alphabétisation comporte de multiples défis. Le premier d’entre eux a trait au fait que souvent ces personnes ne parlent pas du tout français. Comment faire alors pour savoir si elles savent lire ou écrire? «Notre objectif est de décrire le plus justement le profil de ces gens et de les orienter vers les cours qui répondent le mieux à leurs besoins», mentionne Christophe Chénier.
Pour cela, avec ses collègues, il conçoit des outils dans des langues autres que le français, comme le dari, une variété du persan utilisée en Afghanistan, l'arabe et l'espagnol, qui sont parlés principalement par les personnes peu ou pas scolarisées ou alphabétisées qui arrivent au Québec.
Avec Julie Duchesne et Geneviève Picard, il vient de présenter le test diagnostique à Barcelone, au congrès mondial en sciences de l’éducation Literacy Education and Second Language Learning for Adults.