Psychothérapies pour traiter les abus de substances: d’abord une affaire de motivation

Si les études analysées indiquent que les psychothérapies ne semblent pas apporter de grandes améliorations sur le long terme, elles peuvent néanmoins entraîner des changements intéressants à court terme, selon Alexandre Dumais.

Si les études analysées indiquent que les psychothérapies ne semblent pas apporter de grandes améliorations sur le long terme, elles peuvent néanmoins entraîner des changements intéressants à court terme, selon Alexandre Dumais.

Crédit : Getty

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Les approches psychothérapeutiques sont modérément efficaces pour traiter les abus de substances, selon une revue d’études réalisée par le professeur Alexandre Dumais, de l’UdeM.

Les différentes approches psychothérapeutiques seraient d’une efficacité allant de modeste à modérée pour aider les personnes aux prises avec des problèmes d’abus de substances – ou de toxicomanie – à atténuer leurs dépendances. 

C’est ce qui ressort d’une métarevue d’études réalisée par le professeur Alexandre Dumais et son équipe de recherche du Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, dont les résultats ont été publiés dans la revue Psychiatry Research. 

Cette métarevue, qui repose sur 23 méta-analyses comportant de 130 à 33 000 personnes, avait pour objectif d’évaluer l’efficacité de différentes approches psychothérapeutiques pour traiter les abus répétés d’alcool, de cannabis, de stimulants (cocaïne, amphétamines, etc.), d’opioïdes (morphine, fentanyl…) ou d’anxiolytiques. 

Les interventions qui ont fait l’objet de ces 23 méta-analyses sont la thérapie cognitivo-comportementale, la gestion de contingence, le renforcement basé sur des bons, les entrevues motivationnelles et le renforcement motivationnel, pour n’en nommer que quelques-unes.

«Des changements intéressants mais pas majeurs»

Alexandre Dumais

Alexandre Dumais

Crédit : Courtoisie

L’ensemble des études analysées par l’équipe du professeur Dumais, qui est aussi chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, portaient sur des interventions dont l’efficacité a été mesurée après la thérapie et jusqu’à 12 mois ensuite.  

Par exemple, pour le traitement de l’abus d’alcool, des études mesurant l’effet d’une brève intervention auprès d’adolescents et d’adultes ont montré de légères réductions de la fréquence de consommation ou encore de faibles diminutions de la quantité d’alcool ingérée au cours des premiers mois, mais il n’est pas clair si l’effet persistait après 6 ou 12 mois. Les études sur la thérapie cognitivo-comportementale seule n’ont révélé aucune différence statistique quant à l’effet sur la diminution de la fréquence de consommation ou de la quantité d’alcool prise, mais il y avait un effet modeste lorsque la thérapie était combinée avec une entrevue motivationnelle. 

Pour le traitement de la dépendance au cannabis, les brèves interventions psychothérapeutiques n’ont eu qu’une influence négligeable, tandis que la thérapie cognitivo-comportementale associée aux approches motivationnelles réduisaient modérément la fréquence de consommation quatre mois après l’intervention. 

Dans le traitement des dépendances aux stimulants, certaines études ont montré que l’approche cognitivo-comportementale a permis de réduire le nombre de jours où les participants consommaient des amphétamines au cours d’un mois, tandis que les thérapies axées sur la gestion de contingence ont permis de diminuer la consommation de stimulants durant l’intervention, mais l’abstinence n’a pas été maintenue dans les mois suivant la thérapie.  

Enfin, les approches motivationnelles n’ont produit aucun effet significatif sur la consommation abusive de benzodiazépines, tandis que la thérapie cognitivo-comportementale combinée avec une baisse graduelle des doses de benzodiazépines ont permis à certains participants de demeurer abstinents pendant une période n’excédant pas trois mois.

L’importance de consulter et d’être motivé

Si les études analysées indiquent que les psychothérapies ne semblent pas apporter de grandes améliorations sur le long terme, «elles peuvent néanmoins entraîner des changements intéressants à court terme», nuance Alexandre Dumais. Il souligne d’ailleurs que l’efficacité des approches psychothérapeutiques peut être influencée par l’expérience, la formation et la qualité des thérapeutes eux-mêmes, ce qui conduit à des variations parfois importantes dans la manière d’offrir les traitements des différentes toxicomanies. 

Considérant que les études ont rapporté un taux d’abandon moyen de 30 % parmi les participants, l’obtention de résultats favorables dans le traitement des dépendances repose beaucoup sur la motivation des personnes qui y ont recours, selon le professeur.  

«Les résultats de notre métarevue ont montré des effets modestes, mais certaines approches fonctionnent et méritent d’être essayées, conclut Alexandre Dumais. S’il est préférable d’avoir des attentes modérées quant aux effets des interventions en matière de toxicomanie, le plus important est de consulter et d’être motivé à changer ses comportements.»

Participez à une étude sur l’usage du cannabis et les troubles psychotiques

Alexandre Dumais souhaite recruter des volontaires pour un projet de recherche visant à mesurer l’efficacité d’une thérapie faisant appel à un avatar pour traiter les troubles psychotiques liés à l’usage du cannabis.

Cette thérapie novatrice est d’une durée moyenne de huit séances hebdomadaires d’une heure. À travers les séances de réalité virtuelle, les personnes participantes apprendront à adapter leurs réactions émotionnelles aux diverses situations présentées afin d’accroître leur maîtrise des méfaits de la consommation.

Pour prendre part au projet de recherche, il faut être âgé de 18 à 30 ans et avoir reçu un diagnostic de trouble psychotique (schizophrénie, trouble schizoaffectif et trouble délirant, trouble psychotique non spécifié autrement et trouble de l'humeur avec symptômes psychotiques). Il faut aussi consommer régulièrement du cannabis et avoir la motivation de diminuer sa consommation.

La compensation financière versée peut atteindre 360 $.

Pour plus d’information ou pour s’inscrire à l’étude: https://avatar-intervention.ca/therapie-avatar-pour-les-troubles-lies-a-lusage-de-cannabis/.

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