La diversité ethnoculturelle en éducation, comment l’aborder?

L’école doit devenir un milieu sécuritaire, une zone de confiance où existe un soutien socioémotionnel et une pédagogie de bienveillance.

L’école doit devenir un milieu sécuritaire, une zone de confiance où existe un soutien socioémotionnel et une pédagogie de bienveillance.

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Dans un Québec pluraliste, les étudiants en éducation doivent apprendre à s’ouvrir à la diversité pour garantir un climat scolaire propice à la réussite de tous les élèves.

Au Québec, les élèves issus de l’immigration constituent un peu plus de 30 % des effectifs des écoles primaires et secondaires. Une réalité grandissante en contexte urbain comme en régions plus éloignées.

Comment améliorer et adapter les pratiques enseignantes pour couvrir les besoins diversifiés de cette population?

«Il n’y a pas de recettes toutes faites pour des pratiques efficaces en milieu multiethnique. Ça ne fonctionne pas ainsi et cela risquerait de conduire à une folklorisation des pratiques. C’est surtout une question de perception, d’ouverture et d’attitude», estime Rola Koubeissy, professeure au Département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal.

La chercheuse s’intéresse aux processus d’enseignement et d’apprentissage en contexte de diversité et d’inclusion, particulièrement chez les élèves issus de l’immigration et réfugiés. Et pour elle, l’inclusion ethnoculturelle en milieu scolaire passe d’abord par la sensibilisation du personnel enseignant à la valorisation de la diversité des élèves, diversité à considérer comme une richesse.

Élargir ses horizons

Rola Koubeissy

Rola Koubeissy

Crédit : Courtoisie

«Il faut avant tout faire preuve d’ouverture si l’on veut comprendre la réalité des divers milieux culturels et reconnaître que les codes, les normes et les habitudes sont différents. Il est aussi important d’être sensible au parcours migratoire des élèves et de concevoir qu’ils ont besoin de s’adapter à une nouvelle culture», affirme Rola Koubeissy.

La professeure précise qu’il s’agit au final d’un processus de décentration, au cours duquel l’enseignant ou l’enseignante adopte la perspective de l’élève et prend conscience de ses propres filtres culturels. Les mots d’ordre deviennent alors flexibilité, respect et savoir-être.

«L’inclusion ethnoculturelle relève d’un processus de coconstruction qui se met en place au fil des interactions avec l’élève, mais aussi avec les parents, les autres professionnels de l’école et certains organismes communautaires», poursuit-elle.

Un rôle qui va au-delà de la pédagogie

L’éducation interculturelle et la prise en compte de la diversité exigent donc une forme de différenciation pédagogique, soit une nécessité d’adapter l’enseignement en fonction des besoins de chacun. Ce soutien s’incarne par exemple dans la façon dont est perçu l’apprentissage de la langue.

«Un élève qui ne maîtrise pas le français n’a pas nécessairement de difficultés d’apprentissage. Il faut plutôt l’accompagner dans l’acquisition de la langue en la considérant non seulement comme un outil technique, mais également comme une clé vers le développement d’une compétence culturelle, une manière de s’intégrer à une nouvelle société», dit Rola Koubeissy.

Dans cette optique, elle mentionne l’importance de valoriser la langue maternelle et la culture d’origine, au même titre que celles de la société d’accueil.

En contexte de crise, accroître sa vigilance

Le rôle social, voire affectif, que joue l’enseignant ou l’enseignante est encore plus essentiel auprès des élèves réfugiés, croit Rola Koubeissy. «L’immigration de ces jeunes est involontaire, parfois même forcée, ils ont peut-être vécu des traumatismes et des pertes, en plus des chocs culturels», rappelle-t-elle.

Pour faciliter la formation à l’inclusion de ces élèves, la chercheuse travaille actuellement avec des collègues de l’Université du Québec à Montréal sur un guide concernant les pratiques enseignantes dans des contextes de crise. Elle base ses recommandations sur une étude qu’ils ont récemment menée auprès de réfugiés syriens au Liban.

«Encore une fois, le cœur du message reste la sensibilisation du personnel enseignant à la réalité de ces élèves ainsi que la flexibilité des pratiques, en plus de la création de liens sains avec les parents, réitère-t-elle. L’école doit devenir un milieu sécuritaire, une zone de confiance où existe un soutien socioémotionnel et une pédagogie de bienveillance.»

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