Natalina Martiniello: améliorer la qualité de vie des non-voyants

Natalina Martiniello

Natalina Martiniello

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Spécialiste de la réadaptation en déficience visuelle, Natalina Martiniello devient professeure adjointe à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal.

«Il est important de comprendre comment maximiser l’utilisation du toucher et d’autres méthodes de communication non visuelles», souligne Natalina Martiniello. Celle qui a fait de la réadaptation visuelle et de l’accessibilité son cheval de bataille est devenue professeure adjointe à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal en janvier, où elle était déjà chargée de cours.

Favoriser l’accès

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Après un baccalauréat en littérature et éducation à l’Université McGill, Natalina Martiniello fait une maîtrise et un doctorat en science de la vision à l’Université de Montréal et se spécialise en réadaptation visuelle. Alors qu’elle travaillait comme clinicienne en réadaptation visuelle, elle constate le manque d’outils d’évaluation et d’intervention pour les adultes et les aînés qui ont à se servir du braille. Apprendre à lire le braille à l’âge adulte nécessite en effet des stratégies qui prennent en considération les changements uniques dans les capacités tactiles, motrices et cognitives que les personnes vivent.

«J’ai été chanceuse parce que ma famille s’est assurée que j’avais tous les outils dont j’avais besoin», dit la professeure adjointe. Même si elle avait alors une basse vision, elle a appris à lire le braille et à utiliser une canne blanche. «Je veux m’assurer que tout le monde a les mêmes options», poursuit-elle.

Forte de ses expériences personnelle et professionnelle, Natalina Martiniello a joué un rôle actif dans l’élaboration d’initiatives pour soutenir l’apprentissage du braille, l’accessibilité et l’inclusion. Elle a présidé l’organisme Littératie braille Canada (auparavant l’Autorité canadienne du braille) et est experte en la matière auprès de l’Academy for Certification of Vision Rehabilitation & Education Professionals, l’organisme de certification des professionnels en réadaptation visuelle.

Poursuivre la recherche

À travers sa position unique, Natalina Martiniello oriente ses recherches vers la question du braille, les technologies de communication non visuelles et la déficience visuelle acquise pour améliorer les conditions de vie des personnes qui ont une déficience visuelle. «Ces gens peuvent avoir une qualité de vie et être indépendants; afin qu’ils y parviennent, on doit offrir des services et faire de la recherche pour mieux soutenir l’acquisition de ces différentes compétences», résume-t-elle.

La nouvelle professeure s’intéresse entre autres aux facilitateurs liés à l’apprentissage du braille, testant diverses technologies et étudiant leurs effets. «Pour moi, la recherche est une méthode idéale pour analyser ces questions plus largement», confie Natalina Martiniello. Des afficheurs braille, par exemple, qu’on branche à un ordinateur ou à un téléphone intelligent, permettent une traduction simultanée en braille. Les points du braille sont aussi plus hauts que sur le papier. Ses recherches doctorales, réalisées en collaboration avec des centres locaux et nationaux de réadaptation visuelle, ont exploré la portée de ces dispositifs pour les clients âgés.  «La précision et la vitesse de lecture étaient améliorées», observe-t-elle.

La chercheuse se penche en équipe sur l’incidence des téléphones intelligents qui intègrent des fonctionnalités d’accessibilité, telles que les logiciels de lecture d’écran. «Je suis privilégiée de poursuivre aux côtés d’experts issus de plusieurs disciplines ce travail en science de la vision à l’École d’optométrie, où nous proposons également un programme d’études supérieures pour former les futurs cliniciens et cliniciennes en réadaptation visuelle», remarque-t-elle.

Faire tomber les barrières

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Malgré l’acquisition de nouvelles compétences, les personnes aveugles ou avec des déficiences visuelles se heurtent toujours à des barrières. «Il reste des obstacles à l’inclusion, à l’accessibilité physique et dans la perception des autres», estime Natalina Martiniello. Elle s’intéresse ainsi à la question plus large des politiques et de l’inclusion. Heureusement, «la plupart des barrières peuvent tomber avec des changements de pratiques et de politiques», affirme-t-elle.

Son postdoctorat, pour lequel elle a reçu des bourses provinciales et fédérales, a d’ailleurs porté sur l’inclusion des chercheurs et chercheuses avec une déficience visuelle en science de la vision. Elle a lancé plusieurs projets, dont une boîte à outils pour faciliter l’accès à des conférences scientifiques. La professeure continuera ses travaux dans cette voie pour toucher à tous les volets de la recherche, jusqu’aux résultats de recherche. Différents outils peuvent être mis à profit, comme des afficheurs qui permettent de lire une page au complet d’un coup plutôt qu’une ligne à la fois, ce qui ouvre tout un nouveau monde aux personnes avec une déficience visuelle: graphiques, tableaux, mathématiques, etc.

Parce que si la recherche fondamentale sur les déficiences visuelles est absolument essentielle, Natalina Martiniello veut améliorer l’accessibilité et l’inclusion. «Le taux de chômage chez les personnes qui vivent avec une déficience visuelle est encore à 70 %», rappelle-t-elle. Il faut donc continuer d’abattre les barrières.