Trois boursiers, deux continents: bâtir des ponts pour la santé des femmes
- UdeMNouvelles
Le 7 mars 2024
- Youri Nabbad
Trois lauréats de la Bourse du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II ont mis en lumière l'importance des échanges interculturels dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Dans le cadre du programme des Bourses du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, trois lauréats ont été sélectionnés en 2023 pour participer à des échanges interculturels entre le Canada et l’Afrique de l’Ouest par le biais de séjours de recherche axés sur la santé des femmes. Coordonnés par UdeM international, ces séjours s’inscrivaient dans un projet piloté par l’Observatoire Hygeia visant à renforcer la collaboration, le leadership et le réseautage dans la lutte contre les violences faites aux femmes, adolescentes et filles dans les pays associés à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Une science «sans frontières»
Les travaux des boursiers, portant sur des enjeux comme la prise en charge des survivantes de violences sexuelles, la prévention des maladies infectieuses ou encore la santé reproductive des femmes en Afrique de l'Ouest, ont mis en lumière l'importance du partage de connaissances et d’expériences entre l’Université de Montréal et ses partenaires.
«C'est vraiment saisissant de constater que les défis liés à la santé des femmes traversent les frontières et sont communs à plusieurs pays», témoigne Sarah Cooper, doctorante à l’École de santé publique, dont le séjour de recherche en santé maternelle s’est déroulé au Bénin, au Centre de recherche en reproduction humaine et en démographie de Cotonou. «L’immersion dans les systèmes de santé béninois et ouest-africain m’a permis de découvrir différentes facettes de la recherche en santé mondiale et a décuplé ma compréhension des enjeux relatifs à la santé maternelle», dit-elle.
Constat partagé par Samuel Musisiva, qui a emprunté le chemin inverse en quittant l’Afrique de l’Ouest pour le Québec: «Les méthodes de travail en recherche clinique peuvent varier en fonction des contextes, mais les enjeux demeurent similaires pour ces femmes», explique le boursier, originaire de la République démocratique du Congo (RDC). Psychologue clinicien spécialisé en accompagnement émotionnel des victimes de violences sexuelles, le doctorant de l'Université de Liège a rejoint le Centre de justice pour les victimes d’actes criminels de Montréal à la faveur de son séjour de recherche à l’UdeM. «L'échange de bonnes pratiques et de connaissances, surtout en matière de communication, a été profondément enrichissant», mentionne-t-il.
De son côté, le Dre Parvine Basimane Bisimwa, médecin infectiologue à l’Hopital Panzi en RDC, a été affectée au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine. Pour cette spécialiste en infections virales sexuellement transmissibles (VIH, hépatite virale B), la science «ne connaît pas de frontières» et aide à unifier les efforts dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
«La science transcende les traditions et ouvre la voie à l’égalité. En tant que scientifique enseignante et gardienne des valeurs traditionnelles africaines, je sais que le savoir est notre arme pour briser les chaînes de l’oppression», souligne-t-elle.
Pérenniser la coopération en santé des femmes
Au cours de son séjour de recherche, Parvine Basimane Bisimwa a notamment été amenée à mettre en place une plateforme de recherche collaborative sur les infections virales sexuellement transmissibles avec l’équipe du CHU Sainte-Justine. «Il était crucial de concevoir un outil adapté aux différentes réalités de la recherche clinique de part et d’autre pour pérenniser notre collaboration», explique-t-elle.
Pour Samuel Musisiva, la pratique de la justice réparatrice au Canada, axée sur la réparation des préjudices d’un crime par un dialogue direct entre victimes et assaillants, présente des perspectives transposables en RDC.
«La mise en relation directe de la victime et de son agresseur est un véritable levier de guérison, ajoute-t-il. Même si les contextes diffèrent, les fondements de cette approche ont des similitudes avec les pratiques de soutien aux victimes déjà mises en œuvre en RDC. Ces enseignements mutuels enrichissent énormément notre travail d’accompagnement des survivantes.»
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Samuel Musisiva a rejoint le Centre de justice pour les victimes d’actes criminels de Montréal pour son séjour de recherche à l’UdeM, effectué sous la supervision de Sophie Bergeron, directrice scientifique du Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles.
Crédit : Courtoisie
À propos du programme des Bourses canadiennes du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II
Le programme des Bourses canadiennes du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II a pour objectif de constituer un réseau dynamique de jeunes chefs de file et d’engendrer des retombées durables au Canada et à l’étranger grâce à des échanges interculturels.
À l’Université de Montréal, ce programme soutient la mobilité de jeunes chercheurs et chercheuses dans le cadre d’initiatives de coopération internationale menées par des facultés et unités. Le projet «Renforcement des ressources humaines et de la recherche en santé des femmes, adolescentes et filles dans les pays associés à la CEDEAO et en République démocratique du Congo» de l’Observatoire Hygeia est l’une de ces initiatives. Il favorise les échanges axés sur la recherche et l’innovation en santé féminine entre le Canada et l'Afrique de l'Ouest, et vise à renforcer les compétences des boursiers et boursières par leur participation à des stages communautaires, des activités en recherche, des webinaires ou encore des formations adaptées.