Un leadership tout sauf nanométrique pour Delphine Bouilly
- UdeMNouvelles
Le 5 août 2024
- Myreille Larouche
La jeune professeure du Département de physique et chercheuse à l’IRIC assume un leadership grandissant dans le milieu de la recherche en matériaux au Québec et au-delà.
Delphine Bouilly, professeure agrégée au Département de physique de l’Université de Montréal et directrice de l’Unité de recherche en conception et application de nanobiocapteurs électroniques de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l'UdeM, récolte les honneurs depuis quelques mois. Nommée à la tête de trois réseaux stratégiques, elle a également vu sa chaire de recherche être renouvelée et a obtenu un prix prestigieux de l’Electrochemical Society (ECS). Retour sur son parcours et ses réalisations.
La professeure Bouilly consacre ses énergies à la conception de circuits et de capteurs électroniques ultraminiaturisés capables de détecter et d’analyser des macromolécules biologiques. Dès son recrutement par l’IRIC en 2017, elle obtient la Chaire de recherche du Canada en bionanoélectronique à titre de chercheuse émergente exceptionnelle considérée comme future chef de file de son domaine. Sept ans plus tard, cette prédiction s’avère juste.
Un financement renouvelé pour la conception de circuits électroniques ultraminiaturisés
En mars, le ministre des Transports du Canada, Pablo Rodriguez, a annoncé le renouvellement de la chaire de Delphine Bouilly. Ce financement, d’une durée de cinq ans, soutiendra les travaux du laboratoire de la professeure à hauteur de 100 000 $ par année.
«La Chaire apporte un appui précieux à notre jeune laboratoire, souligne la chercheuse. Elle nous permet d’explorer des designs novateurs de biocapteurs et d’amorcer des collaborations créatives, notamment pour des applications en cancérologie, avec plusieurs collègues de l’IRIC.»
Des nominations au sein de trois réseaux stratégiques
En janvier dernier, Delphine Bouilly a pris la direction adjointe de l’Institut Courtois de la Faculté des arts et des sciences de l’UdeM. Fondé en 2021 grâce au soutien de la Fondation Courtois, l’Institut aspire à accélérer les découvertes en matériaux par la recherche fondamentale non orientée et par l’exploitation des avancées en intelligence artificielle. Rassemblant des équipes de recherche des départements de chimie, d’informatique et de recherche opérationnelle ainsi que de physique, l’Institut Courtois crée une communauté d’échange multidisciplinaire sur les propriétés de la matière.
Delphine Bouilly est aussi devenue codirectrice du Groupe de recherche en physique et technologie des couches minces (GCM). Le GCM est un centre de recherche pluridisciplinaire (physique, chimie, génies) établi conjointement par l’UdeM et Polytechnique Montréal il y a 40 ans. Le centre est reconnu pour son personnel expert et ses plateformes technologiques de pointe pour la croissance des matériaux, l’analyse des surfaces et la microfabrication. En tant que codirectrice de l'unité, Delphine Bouilly veille au soutien des différentes plateformes technologiques ainsi qu’au dynamisme de la vie scientifique pour les 35 membres composant le Groupe et leurs équipes respectives.
Par ce nouveau rôle au GCM, Delphine Bouilly devient de facto la représentante de l’UdeM à la direction du Regroupement québécois sur les matériaux de pointe (RQMP). Regroupement stratégique du Fonds de recherche du Québec – secteur Nature et technologies, le RQMP réunit le GCM et ses équivalents de l’Université McGill et de l’Université de Sherbrooke. Au sein du regroupement, qui compte plus de 80 groupes de recherche, Delphine Bouilly est coresponsable de l’axe de recherche sur les nanomatériaux et les matériaux d’inspiration biologique. Elle contribue ainsi au maillage entre les membres et à l'établissement de collaborations scientifiques.
«Les matériaux sont au cœur de pratiquement toutes les nouvelles technologies, que ce soit des processeurs pour traiter des données massives, des composés pour des infrastructures plus vertes et durables ou des instruments pour la médecine de demain, rappelle la professeure. Cela contribue à l’effervescence qui caractérise notre communauté de recherche en ce moment, notamment avec l’émergence d’interfaces entre l’intelligence artificielle, la robotique et les matériaux.»
«À travers ces réseaux, mon objectif principal est de stimuler et de favoriser les collaborations entre les collègues, poursuit-elle. La modernisation des parcours étudiants, le soutien des plateformes technologiques et la création de liens avec les communautés utilisatrices, en industrie ou dans le milieu médical, sont également des aspects sur lesquels j’ai l’intention de concentrer mes efforts.»
Des contributions saluées par ses pairs
Au plus récent congrès annuel de l’ECS à San Francisco, Delphine Bouilly a reçu le prix Nanocarbons Division SES Research Young Investigator pour ses travaux phares sur la compréhension et l’application de circuits en nanocarbone. Remis depuis 2007, ce prix récompense les contributions exceptionnelles de jeunes chercheurs et chercheuses dans le domaine des nanomatériaux graphitiques.
«Je suis particulièrement honorée par ce prix accordé par la communauté de scientifiques la plus experte de mon champ d'activité, celle qui a suivi mon travail de très près au fil des ans, souligne la professeure. C’est très stimulant de recevoir cette marque de confiance, en particulier de la part de ceux et celles qui m’ont le plus inspirée dans ma recherche.»
Une place à prendre pour ajouter sa perspective
Par ces multiples distinctions, Delphine Bouilly trace progressivement son chemin et exprime de plus en plus sa voix dans sa communauté de recherche. Comme jeune chercheuse, mère de famille, physicienne avec un penchant pour la biologie, comment perçoit-elle son parcours ainsi que les années à venir?
«Contribuer à instaurer des milieux créatifs, ambitieux et accueillants est ce qui me motive le plus, mentionne-t-elle. J’aime particulièrement rassembler les gens et former des équipes qui peuvent accomplir plus que chaque personne individuellement. C’est ce que je fais dans mon laboratoire, en réunissant des gens avec des expertises complémentaires; c’est une belle motivation de le faire désormais à plus grande échelle.»