Valérie Courchesne: promouvoir la santé mentale des personnes autistes

Valérie Courchesne

Valérie Courchesne

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Nouvellement professeure adjointe au Département de psychologie de l’UdeM, Valérie Courchesne s’intéresse aux facteurs qui peuvent favoriser le bien-être des personnes autistes.

Élaborer de bonnes pratiques en matière de psychothérapie pour les personnes autistes et mieux comprendre le rôle que peuvent jouer les champs d’intérêt et les forces dans la promotion de leur santé mentale. Tel est le mandat que se donne Valérie Courchesne, qui a rejoint depuis peu les rangs du Département de psychologie de l’Université de Montréal.

Alors qu’elle mène des études de psychologie à l’UdeM, Valérie Courchesne développe rapidement un intérêt pour les travaux de Laurent Mottron, professeur au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université et sommité internationale en recherche sur l’autisme.

Elle termine ensuite un doctorat en recherche et intervention en psychologie clinique aux côtés du professeur-chercheur et d’Isabelle Soulières, professeure à l’Université du Québec à Montréal. Puis, elle effectue un postdoctorat à l’Université McGill sur l'élaboration de méthodes inclusives en autisme.

La chercheuse met alors au point des méthodes d’évaluation des capacités cognitives des enfants autistes basées sur leurs forces. Elle réalise que la déficience intellectuelle est surestimée dans la population autiste, que plusieurs ont un potentiel «caché».

Donner une voix aux personnes autistes

C’est au cours de son second postdoctorat au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto que Valérie Courchesne consolide son créneau de recherche: elle fera de la santé mentale en autisme son cheval de bataille.

«C’est en discutant avec de jeunes autistes pour un projet de recherche que j’ai constaté que presque la totalité d’entre eux vivaient de l’anxiété, ressentaient du stress ou souffraient de dépression, notamment à cause de l’école, des amitiés, de leur avenir, des défis liés à leur autonomie. Et tous ne se sentaient pas outillés pour faire face à ces problèmes», se rappelle la professeure.

La chercheuse se rend à l’évidence qu’il n’existe que très peu de services en santé mentale pour les enfants autistes et qu’on ne comprend pas encore tout à fait les facteurs de risque et de protection.

«Pourquoi certains enfants autistes vont bien et d’autres non? Le statut socioéconomique de la famille joue-t-il un rôle? Est-ce que ceux qui présentent davantage de traits autistiques ou des pics d’habiletés – des talents ou des champs d'intérêt très marqués – sont plus protégés?» se questionne-t-elle.

Une approche centrée sur l’humain

Si Valérie Courchesne souhaite faire la lumière sur la santé mentale des personnes autistes, c’est aussi pour mieux former les psychologues à intervenir de façon plus précise auprès de cette population. Elle mentionne que plusieurs de ses collègues, malgré leur grande expérience clinique, déclarent ne pas posséder les compétences requises pour intervenir auprès de personnes autistes.

«Je reçois chaque semaine des demandes de personnes autistes ou de leurs parents qui cherchent un suivi en psychothérapie et je ne trouve personne vers qui les diriger», note-t-elle.

La chercheuse souhaite donc sensibiliser les professionnels aux besoins en santé mentale des personnes autistes, mais aussi valoriser les particularités de celles-ci.

«J’aimerais contribuer à un changement de paradigme afin qu'on amène les personnes autistes à leur plein potentiel, en célébrant leurs forces et en considérant que la société pourrait en bénéficier», conclut-elle.