Ce qu’il faut savoir sur la mise à jour de la Politique sur le libre accès aux publications savantes de l’UdeM
- UdeMNouvelles
Le 23 octobre 2024
- Juliette Tirard-Collet
À l’occasion de la Semaine internationale du libre accès, parlons de la Politique sur le libre accès aux publications savantes de l’UdeM et de l’avenir du libre accès.
Le principe directeur de la révision de la Politique sur le libre accès aux publications savantes de l’Université de Montréal était de donner davantage de soutien et une plus grande flexibilité aux membres de la communauté de l’UdeM dans leur choix de plateforme de dépôt et de diffusion en libre accès. Il est désormais plus facile de se conformer aux exigences des différents organismes subventionnaires de la recherche.
Mais en pratique, qu'est-ce que cela change pour la communauté scientifique de l’Université? Vincent Larivière, titulaire de la Chaire UNESCO sur la science ouverte, professeur et chercheur à l’UdeM, y voit plusieurs avantages.
Un libre accès immédiat
Le premier avantage, c’est le caractère immédiat de la publication en libre accès. «Nous avons vu avec la pandémie que les retards dans les publications ont des répercussions sur notre capacité à résoudre des problèmes scientifiques. La recherche va relativement vite. Avoir un délai d’attente d'un an pour l'accès libre à tous, forcément, c'est une barrière à l'avancement des connaissances. Il faut que les articles soient accessibles à tout le monde dès le moment où ils sont publiés. Des délais d’attente d'un an, sans rendre la recherche inutile, ça a un effet sur l'usage qu'on peut en faire», affirme Vincent Larivière. Ces retards, d’ailleurs, venaient historiquement d’une mesure protectionniste en faveur des éditeurs, pour protéger leur marché et forcer les centres de recherche et universités à s’abonner à leurs plateformes pour avoir accès aux découvertes les plus récentes.
Aujourd’hui, les options aux grandes plateformes des éditeurs commerciaux existent et sont fréquemment proposées et soutenues par les établissements universitaires ou par de grands regroupements disciplinaires. On les qualifie de dépôts institutionnels, tel Papyrus, ou de dépôts disciplinaires, tel arXiv pour les physiciens. Ces dépôts s’appuient sur la stratégie d’autoarchivage, également appelée «voie verte» (voir l’encadré). Il s'agit de déposer des articles dans des archives disciplinaires ou institutionnelles. C'est ce que le gouvernement américain préconise.
Vincent Larivière rappelle que cette stratégie existe depuis les années 1990: «Créer une plateforme de dépôt et de diffusion en ligne fiable et accessible est beaucoup moins coûteux, et les équipes de recherche ont tout à gagner à y déposer leurs articles, surtout que cela n’empêche en rien la publication dans les revues plus traditionnelles.»
Coiffant sa casquette de directeur scientifique de la plateforme de revues en libre accès Érudit, le professeur soutient que la «voie diamant» est en quelque sorte la voie idéale de publication en libre accès. «Il s’agit de s'assurer que les revues savantes sont détenues par des groupes d’intérêts collectifs: des universités, des organismes à but non lucratif ou des sociétés savantes. Ces groupes d’intérêts collectifs, grâce au financement de l'État, peuvent alors garantir la gratuité des revues à la fois pour les auteurs et auteures et pour le lectorat. Les revues sont dès lors des biens communs, soutenues par des organismes de financement, les universités», explique-t-il.
Une meilleure diffusion des connaissances scientifiques
Le libre accès et la publication traditionnelle ne sont pas mutuellement exclusifs. «Publier est une façon de diffuser les connaissances, mais c'est aussi une façon pour les chercheurs et chercheuses de bâtir leur réputation, très importante pour asseoir leurs travaux. La revue Nature, par exemple, n'offre pas forcément une meilleure mise en ligne de l'article, mais elle a plus de prestige – publier dans Nature reste une marque de reconnaissance de la recherche, indique Vincent Larivière. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’on n’a pas de sacrifice à faire, ou même de grands changements à apporter, pour publier en libre accès – on y gagne une diffusion plus grande, sans pour autant renoncer à la publication traditionnelle dans les revues connues.»
Le professeur souligne d’ailleurs les trois avantages principaux démontrés du libre accès:
- Publier en libre accès augmente la visibilité des travaux: les articles ouverts seront davantage lus et cités, car les gens y ont accès plus facilement.
- Les articles en libre accès sont utilisés par une plus grande diversité de gens: «Le dépôt dans Papyrus ne remplace pas la diffusion dans Nature. C’est simplement une publication en parallèle de la même information, pour diversifier les publics et assurer une diffusion plus grande des connaissances produites», dit Vincent Larivière. Pour avoir une influence globale sur la science, au-delà des plus fortunés qui peuvent se payer les abonnements des grands éditeurs, il n'y a pas le choix: il FAUT publier en libre accès.
- La publication parallèle dans les revues traditionnelles et en libre accès est permise: près de 90 % des revues scientifiques permettent la publication d’une copie en libre accès des articles parus dans leurs pages. Dans la mécanique de la politique de l'Université, chaque personne a le libre choix de ses plateformes de publication. Tout est donc pensé pour maximiser la diffusion, à la fois dans les revues et dans les dépôts en libre accès.
Se lancer dans le libre accès: l’UdeM est là pour soutenir sa communauté
Au Canada, l’Université de Montréal fait figure de leader en matière de libre accès, mais il reste encore beaucoup à faire pour rattraper nos collègues américains et européens.
Pour que les chercheurs et chercheuses puissent se conformer à la politique institutionnelle sur le libre accès, l’UdeM offre un soutien actif – car c’est ce qui est à retenir: la Politique assure des services et un soutien pour la publication en libre accès. Par exemple, les Bibliothèques offrent un service d’aide pour le dépôt en libre accès, notamment pour valider les licences et compléter les métadonnées ou pour conseiller sur la stratégie à privilégier (voie verte, dorée, diamant) en tenant compte du contexte et du besoin.
Il n'est d'ailleurs jamais trop tard pour publier un article en libre accès! Si des auteurs et auteures de l’UdeM souhaitent mettre en libre accès certains de leurs articles qui ont été publiés par le passé, il leur est possible de le faire dans Papyrus ou dans un dépôt de leur choix.
Marjorie Gauchier, bibliothécaire spécialisée en droit d’auteur à l’UdeM, tient à rappeler ceci: les articles publiés en libre accès jouissent également de la protection du droit d’auteur! «Le droit d’auteur n’est pas lié au prix ou à la commercialisation d’une publication: il s’applique dès qu’on a produit un article, une présentation, un document faisant état de ses recherches et de ses résultats. Diffuser en libre accès, c’est permettre aux gens d’accéder à une publication sans payer, mais ce n’est en aucun cas une renonciation aux droits d’auteur», rassure-t-elle.
Lors de la diffusion en libre accès, les licences Creative Commons permettent de choisir exactement les autorisations accordées ou non aux personnes qui consultent le contenu: partager, modifier ou réutiliser un document, tout peut être ajusté selon les préférences de celui ou celle qui publie. Le droit moral – et notamment le droit à la paternité de l'œuvre – est toujours présent!
La fin des accords transformatifs: de l’or au diamant
Stéphanie Gagnon, directrice générale des Bibliothèques de l’UdeM, fait remarquer que, si les Bibliothèques de l’UdeM soutiennent la mise en œuvre de la politique institutionnelle sur le libre accès, elles sont également engagées dans plusieurs initiatives destinées à favoriser la publication en libre accès. «Nous participons activement à la mise en place du Réseau québécois de recherche et de mutualisation pour les revues scientifiques, une initiative pour soutenir l’élaboration d’un modèle québécois Diamant», dit-elle.
Les Bibliothèques ont récemment pris position contre les accords transformatifs (modèle doré) avec leurs collègues du Partenariat des bibliothèques universitaires du Québec, invitant leurs homologues canadiens à une grande réflexion sur la stratégie canadienne à privilégier pour une transition viable, pérenne, équitable et abordable vers le libre accès.
Toutes les voies mènent au libre accès, mais…
Le libre accès est souvent divisé en «voies», soit le processus par lequel un article (ou toute autre production intellectuelle) rejoint le corpus des connaissances en libre accès.
La voie verte et la voie diamant (ou platine) sont sans frais pour le lectorat et les auteurs et auteures. La voie dorée comprend des frais pour ceux-ci, appelés APC (pour article processing charges), en contrepartie de quoi l’article paraît en libre accès.
La publication en libre accès et la publication traditionnelle ne sont pas mutuellement exclusives: on peut voir des articles publiés à la fois par la voie verte ou platine et chez de grands éditeurs par exemple.
Pour en savoir plus: https://bib.umontreal.ca/libre-acces.
Sur la révision de la Politique
Adoptée en 2019, la Politique sur le libre accès aux publications savantes de l’Université de Montréal vient tout juste d’être révisée en réponse à l’évolution du contexte du libre accès au Canada et dans le monde. La nouvelle politique 60.15 sur le libre accès aux publications savantes est disponible sur le site du Secrétariat général de l’UdeM.
L’UdeM en libre accès
Papyrus
En ligne depuis mars 2005
Nombre d’articles: 5043
Nombre de thèses et mémoires: 23 812
Nombre d’autres éléments: 3543
Nombre d’éléments consultés dans le dépôt durant l’année: 5 321 573
Dataverse UdeM
Nombre d’ensembles de données hébergés: 226
OJS (hébergement de revues produites par des membres de la communauté de l’UdeM)
Nombre de revues en libre accès hébergées: 10
Besoin d’aide?
Les Bibliothèques offrent du soutien et des ressources à la communauté de l’UdeM pour ce qui est des différents aspects du parcours de la recherche: https://bib.umontreal.ca/gerer-diffuser/libre-acces.
Page de ressources du Bureau Recherche-Développement-Valorisation: recherche.umontreal.ca/ressources/libre-acces/