Santé numérique: former la nouvelle génération, tout un défi!

Ce symposium permettra de faire le point sur les initiatives existantes, de s'inspirer des succès d'ailleurs et, surtout, d’élaborer un plan d'action concret pour que le Québec puisse offrir des formations adaptées aux besoins du système de santé.

Ce symposium permettra de faire le point sur les initiatives existantes, de s'inspirer des succès d'ailleurs et, surtout, d’élaborer un plan d'action concret pour que le Québec puisse offrir des formations adaptées aux besoins du système de santé.

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La transformation numérique bouleverse le domaine de la santé. Pour réussir ce virage technologique, le Québec doit former une relève capable de maîtriser ces outils.

Julie Hussin

Julie Hussin

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La professeure Julie Hussin, du Département de biochimie et médecine moléculaire et du Département de médecine de l'Université de Montréal, siège au comité scientifique du symposium international «Vers une formation repensée en santé numérique: de la réflexion à l'action», qui réunira, le 28 novembre, des scientifiques d’ici et d’ailleurs. Organisé par le Consortium Santé numérique de l'Université de Montréal et le Réseau Santé numérique, l'évènement vise à trouver des pistes de solution pour transformer la formation dans ce domaine en pleine effervescence. L’experte en bio-informatique nous explique pourquoi cette transition est devenue incontournable pour l'avenir de notre système de santé.

Pourquoi organiser ce symposium maintenant?

Il y a une conjoncture favorable autour de la santé numérique au Québec. Plusieurs organisations se sont formées récemment, comme le Consortium Santé numérique à l'Université de Montréal et le Réseau Santé numérique, des Fonds de recherche du Québec. Ces initiatives démontrent l'importance croissante de ce domaine en recherche et en formation.

Où en sommes-nous dans la transformation numérique en santé?

En ce qui a trait à la recherche, nous sommes dans l'action, avec de nombreux projets en cours et un réseau bien financé. C'est du côté de la formation que le bât blesse. Il y a urgence à repenser nos programmes pour qu'ils répondent véritablement aux besoins des milieux médical et hospitalier. C'est précisément l'objectif de ce symposium international, qui réunira des acteurs de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, de la France, de la Suisse et de la Belgique. Cette journée permettra de faire le point sur les initiatives existantes, de s'inspirer des succès d'ailleurs et, surtout, d’élaborer un plan d'action concret pour que le Québec puisse offrir des formations adaptées aux besoins du système de santé.

Pourquoi est-il si difficile de mettre en place ces formations?

Le défi principal réside dans l'interdisciplinarité. Ce n’est pas simple pour les étudiantes et étudiants, qu'ils soient en médecine ou dans d'autres disciplines de la santé, d'acquérir une expertise à la fois en santé et en informatique. En dehors des grands centres urbains, c’est plus difficile de trouver des professeurs qui maîtrisent ces deux aspects. Pourtant, des solutions existent – et c’est ce dont je vais discuter dans le panel auquel je participerai, intitulé «Du premier cycle aux études graduées: parcours inspirants et approches pédagogiques innovantes». L'Université de Montréal est un bel exemple de réussite, avec ses programmes de bio-informatique et son expertise en intelligence artificielle appliquée à la santé. Aujourd’hui, les spécialistes sont souvent soit des informaticiens qui se sont tournés vers la santé, soit des biologistes qui ont appris l'informatique. Et il y a des gens comme moi qui ont suivi des programmes de l'UdeM et qui se sont formés dans les deux domaines depuis le début, la preuve que ce modèle de formation interdisciplinaire peut fonctionner!

Qu'est-ce qui distingue la santé numérique de la bio-informatique, qui est votre champ d’expertise?

Il ne faut pas confondre ces domaines. La santé numérique se concentre sur l'utilisation et l’élaboration d'outils informatiques en matière de santé, entre autres le traitement des données cliniques et hospitalières sur les patients. La bio-informatique, elle, est plus ancienne et combine la biologie moléculaire et la biologie cellulaire avec l’informatique, faisant appel souvent à des données de recherche sur les molécules, qui peuvent ne pas être directement liées à la santé humaine.

Comment former les futurs professionnels à des technologies qui évoluent aussi rapidement?

L'approche doit être double. D'abord, il faut donner aux étudiantes et étudiants une compréhension suffisante des nouvelles technologies pour qu’ils puissent les utiliser. Ensuite, pour ceux qui veulent participer à la recherche, il faut aller plus loin dans la compréhension des algorithmes et des données. Mais surtout, il est essentiel de développer une approche critique à l’égard de ces innovations, ce qui signifie comprendre les biais potentiels, les limites de représentation des données et les questions de sécurité et de vie privée. Ces aspects doivent être intégrés dès le début de la formation.

Pour assister au symposium international «Vers une formation repensée en santé numérique: de la réflexion à l’action, inscrivez-vous d’ici le 28 novembre.