Sophie Brochu de passage à l’UdeM pour parler de leadership

Les étudiantes et étudiants de doctorat ont toute l’admiration de Sophie Brochu, qui a arrêté ses études après son baccalauréat en sciences économiques à l’Université Laval. «Je l’ai terminé de peine et de misère, dit-elle en toute franchise dans un entretien téléphonique. J’ai détesté étudier l’économie de façon abstraite. Mais dans ma dernière année de baccalauréat, j’ai suivi un cours optionnel en économie de l’énergie et je suis tombée en amour avec cet univers. Je n’en suis jamais sortie.»

L’ex-pdg d’Hydro-Québec qui a passé 22 ans chez Énergir, dont 12 à titre de présidente et chef de la direction, a en haute estime les gens qui réussissent à consacrer les efforts, le temps et l’énergie nécessaires pour parfaire leur compréhension d’un sujet, d’un métier, d’une science jusqu’au doctorat ou au postdoctorat. «Ce sont des capacités humaines qui me dépassent considérablement», affirme-t-elle.

Sophie Brochu sera de passage à l’Université de Montréal le 2 décembre pour s’adresser aux étudiants et aux étudiantes de troisième cycle. Qu’a-t-elle envie de leur dire? Bien des choses, mais elle ne veut surtout pas vendre le punch de sa conférence.

«Je peux dire tout de même que, au cours de ma carrière, je suis parvenue à cerner ce dont nos organisations, nos institutions et la société ont besoin. Cela ne signifie pas que j’ai raison, mais c’est ce dont je veux leur faire part», indique-t-elle.

Alors que bien des gens peuvent se questionner sur les débouchés des études doctorales au-delà de l’enseignement et de la recherche, Sophie Brochu tient à livrer à l’auditoire un message où sérénité et ambition ne s’opposeront pas.

«On peut être formé dans une science donnée et appliquer ce savoir et cette intelligence plus largement dans un environnement tout autre qui sera enrichi de cette science», déclare celle qui a vu en arrivant à Hydro-Québec beaucoup de gens avec un doctorat et un postdoctorat dans différents secteurs d’activité.

Un parcours d’exception

Née à Lévis, Sophie Brochu vient d’une famille de gens d’affaires. Elle a choisi une tout autre voie en entrant en interprétation au Conservatoire d’art dramatique de Québec. Même si elle a beaucoup aimé ce monde, elle a finalement réalisé qu’elle n’était pas une artiste. C’est alors qu’elle a opté pour l’économie à l’Université Laval. Elle a commencé sa carrière en 1987 à la Société québécoise d’initiatives pétrolières comme analyste financière et elle y a été nommée vice-présidente en 1992. Elle est arrivée à Gaz Métro (devenu Énergir) en 1997 à titre de vice-présidente au développement des affaires et elle est devenue en 2007 la première femme à occuper les plus hautes fonctions de l’organisation. Elle y est restée jusqu’en 2019. En 2020, elle a été désignée présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, une fonction assumée pour une première fois par une femme. Elle a quitté son poste en 2023.

Âgée de 61 ans, elle a toujours été très active dans sa communauté. Entre autres, elle est engagée depuis de nombreuses années auprès de Centraide du Grand Montréal et de Forces Avenir, un organisme qui encourage l’engagement étudiant dans la communauté. Elle est aussi cofondatrice de La ruelle de l’avenir, un organisme qui lutte contre le décrochage scolaire dans les quartiers Centre-Sud et Hochelaga-Maisonneuve. Également préoccupée par la place des femmes dans le monde des affaires, elle est l’une des leaders de la première heure de L’effet A, une initiative qui vise à propulser l’ambition féminine.

Depuis plusieurs années, Sophie Brochu est administratrice de société. Elle est membre du conseil d’administration de CGI, de CAE et de Saint-Gobain, une multinationale française de produits de construction en pleine expansion au Canada.

Membre de l’Ordre du Canada, Sophie Brochu a reçu un doctorat honoris causa de HEC Montréal en 2016.