Greffer des cellules souches pour traiter la cécité
- Salle de presse
Le 6 décembre 2024
- UdeMNouvelles
Des scientifiques de l'Université de Montréal ont réussi à transplanter des rétines fabriquées à partir de cellules souches chez des minicochons aveugles afin de restaurer leur vision.
Une équipe dirigée par le chercheur Gilbert Bernier, de l’Université de Montréal et du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, a mis au point une méthode pour effectuer des transplantations rétiniennes à partir de cellules souches sur des minicochons aveugles. Ces animaux ont montré des signes de vision restaurée, ce qui constitue une avancée prometteuse pour les humains également. Les résultats de cette étude ont été publiés le 5 décembre 2024 dans la revue Development.
Des millions de personnes dans le monde souffrent de maladies dégénératives de la rétine. Dans la plupart des cas, la perte de vision est due à des dommages à la macula, une région centrale de la rétine riche en cônes photorécepteurs – des cellules essentielles pour percevoir les couleurs et les détails fins. Bien que la qualité de vie soit alors grandement altérée, il n’existe actuellement aucun traitement approuvé pour remplacer la macula endommagée.
Pour réaliser cette avancée, l’équipe du professeur Bernier a conçu une méthode permettant d'amener les cellules souches à former des couches cellulaires reproduisant la structure de la rétine humaine. Ces cellules souches, appelées cellules souches pluripotentes induites humaines, sont des cellules adultes «reprogrammées» capables de se différencier en n’importe quel type cellulaire. Grâce à ces cellules, l’équipe a créé des «feuillets rétiniens» enrichis en versions immatures de cônes photorécepteurs, qui peuvent devenir matures lorsqu’ils sont cultivés en laboratoire.
Après avoir créé ces feuillets en laboratoire, les scientifiques ont entrepris la délicate tâche de les greffer sur des miniporcs présentant une macula endommagée.
Le professeur explique que, «pour nous rapprocher autant que possible d’une application clinique humaine, nous avons choisi des miniporcs, dont la taille des yeux est proche de celle des humains et dont le poids est similaire. Ainsi, toutes les chirurgies de notre étude ont pu être réalisées par un chirurgien rétinien».
De nouvelles connexions entre les neurones et les cellules greffées
Une fois les feuillets transplantés, l’équipe de recherche a constaté que les greffes rétiniennes parvenaient à s’intégrer aux tissus endommagés de la rétine des miniporcs. De manière encourageante, ces derniers ont montré des signes de récupération visuelle: de nouvelles connexions neuronales se sont formées entre les cellules photoréceptrices greffées et les neurones des miniporcs. De plus, une activité neuronale des photorécepteurs a été détectée dans la zone greffée lorsque les animaux étaient exposés à une lumière vive.
Devant l’urgence de mettre au point des traitements contre la perte de vision, des chercheurs du monde entier explorent différentes approches pour réparer une macula endommagée.
«Des équipes utilisent des cellules photoréceptrices dissociées; d’autres créent des organoïdes rétiniens microdisséqués, des miniorganes cultivés en laboratoire, dit Gilbert Bernier. En revanche, notre méthode permet la formation spontanée d’un tissu rétinien plat, déjà polarisé et organisé, comme dans une rétine embryonnaire humaine.» Cette méthode permet également de produire de grandes quantités de tissus rétiniens pour des greffes.
Cependant, l’une des limites de cette méthode réside dans la difficulté de contrôler le placement et l’orientation des greffes pendant la chirurgie. La macula ne mesure que quatre millimètres de diamètre, soit environ la longueur d’un grain de riz.
«Bien orienter, placer et stabiliser la greffe dans la rétine demeure un grand défi chirurgical», indique le professeur.
Son équipe travaille désormais à améliorer le taux de succès des transplantations, notamment par l’élaboration d’un dispositif expérimental de chirurgie rétinienne pour garantir une orientation et une implantation adéquates de la greffe à l’endroit précis de la maladie rétinienne.
Bien que de nombreux défis subsistent, cette étude met en lumière le potentiel de la transplantation de feuillets rétiniens pour traiter les maladies dégénératives de la rétine.
À propos de cette étude
L’article «Caractérisation moléculaire et transplantation sous-rétinienne de feuillets rétiniens hypo-immunogènes chez un modèle de cochon miniature de dégénérescence sévère des photorécepteurs», par Gilbert Bernier et ses collègues, a été publié le 5 décembre 2024 dans la revue Development.
Source: The Node & Online Editor, Development.
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Julie Gazaille
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