Linda Pagani et le mieux-être des pilotes de F1 et de leur entourage
- UdeMNouvelles
Le 11 février 2025
- Catherine Couturier
Alliant ses champs de recherche diversifiés et sa passion pour les sports motorisés, la nouvelle affectation de Linda Pagani l’amènera jusque dans le nord de l’Italie.
Crédit : Getty
La professeure (et passionnée de course automobile) Linda Pagani enseignera l’importance du bien-être et de la santé mentale pour les futurs pilotes de F1 à l’Université de Pavie, en Italie.
De la pauvreté à la maturité scolaire en passant par les écrans chez les jeunes, la motricité, l’activité physique et les effets néfastes de la fumée secondaire, la professeure de l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal Linda Pagani a touché à de nombreux thèmes au fil de sa carrière. «On pense souvent qu’on doit étudier la même chose toute sa vie, mais j’ai plus d’une corde à mon arc!» relate celle au parcours atypique. Aujourd’hui, son intérêt pour le bien-être durable chez les jeunes adultes la transporte… sur les pistes de courses automobiles.
Alliant ses champs de recherche diversifiés et sa passion pour les sports motorisés (elle fait de la moto depuis plusieurs années), sa nouvelle affectation l’amènera jusque dans le nord de l’Italie. Elle se joint ainsi à l’équipe de professeurs invités de la nouvelle maîtrise en gestion individualisée des athlètes dans le sport automobile de l’Université de Pavie. «J’étais très enthousiaste quand on m’a demandé de participer à ce projet», raconte-t-elle.
Un rayonnement important
Son recrutement par le tout nouveau programme d'études est le fruit des multiples rencontres qu'elle a faites au cours de sa carrière prolifique. En juin 2024, alors qu’elle est à l’Université de Calabre pour ses premiers mois de congé sabbatique, elle rencontre son protégé Luca Correale, jeune chercheur du département de santé publique, médecine expérimentale et médicolégale de l’Université de Pavie: «Je lui ai donné un cours intensif sur le bien-être durable. Il a tout de suite voulu intégrer cette notion à ces propres programmes.» Il est alors en train de mettre sur pied à Pavie la maîtrise en gestion individualisée des athlètes dans le sport automobile, une première mondiale. «La rencontre avec Linda a été inspirante», confie le chercheur.
C’est ainsi que la professeure Pagani a commencé à donner des cours (d’abord à distance, mais aussi en personne lors d’un séjour en novembre 2024) dans les programmes de santé publique au doctorat et à la maîtrise de l’Université de Pavie, avant de se joindre à l’équipe de professeurs invités de la nouvelle maîtrise. Elle y passera par ailleurs la suite de son année sabbatique cet automne, poursuivant ses recherches et son enseignement sur le bien-être durable.
Les pilotes automobiles, des athlètes de pointe
La maîtrise en gestion individualisée des athlètes dans le sport automobile est née d’une constatation: «Pendant longtemps en sport automobile, on s’est focalisé uniquement sur le véhicule. Mais sans l’humain derrière le volant, la machine n’est rien», note Luca Correale. Ce programme d’études vise donc à former 15 entraîneurs et autres personnes gravitant autour des pilotes de F1 (mais également de F2, F3, F4, etc.) en matière de préparation physique et mentale. En effet, la catégorie «formula» englobe un large éventail de championnats de courses à roues ouvertes avec leurs propres règles et règlements standardisés. «Tous ces sports impliquent un savant équilibre entre le pilote, le véhicule et l’équipe, qui comprend notamment les entraîneurs personnels, les mécaniciens et les ingénieurs», remarque Linda Pagani.
La professeure, de son côté, traitera de bien-être mental et de résilience: «J’enseigne la connaissance de soi et comment travailler avec ses forces et ses traits de personnalité de façon à vivre sa vie comme un parcours héroïque. Ainsi, lorsqu’on fait face à l’adversité, on peut déployer sa force de caractère pour mieux s’adapter à son environnement», résume-t-elle. Parce que dans un sport extrêmement sélectif et où l’on affronte quotidiennement la mort, les défis restent nombreux. «Les pilotes doivent gérer beaucoup de stress et peuvent facilement perdre leur concentration durant la course. Il est fondamental d’être bien préparé», explique Luca Correale. S’adaptant à des pistes différentes à chaque course, surmontant le décalage horaire constant, les pilotes doivent se surpasser malgré la pression. «Les ingénieurs et l’équipe technique travaillent durant des mois sur le véhicule. Si le pilote fait une erreur, c’est le travail de toutes ces personnes qui est gaspillé», poursuit-il.
Avec son bagage de connaissances, Linda Pagani aidera les membres de l’équipe derrière le pilote à prendre soin les uns des autres et à travailler en cohésion. «Une chose importante que j’enseigne, c’est de tirer des leçons du point de vue de la croissance. Lorsqu’on met ensemble la passion, le talent et la force de caractère, on a une meilleure chance de réussir. Et si l’on ne réussit pas, ça donne une occasion de grandir», conclut-elle.
