ELUZO: la santé des communautés par les communautés

ELUZO est un projet de coopération internationale chapeauté par l’Université de Montréal et qui réunit une cinquantaine de personnes.

ELUZO est un projet de coopération internationale chapeauté par l’Université de Montréal et qui réunit une cinquantaine de personnes.

Crédit : Béatrice Trudel et Sarah Tremblay-Dallaire, et celle en haut à droite : Lonerve Valeus et Marie Chantal Nyiramafaranga

En 5 secondes

Quatre stagiaires de l’UdeM reviennent du Sénégal, où elles ont contribué à l’élaboration de modèles de sensibilisation à l’approche Une seule santé.

Crédit : Béatrice Trudel et Sarah Tremblay-Dallaire

L’approche transdisciplinaire Une seule santé met l’accent sur l’interdépendance entre la santé des humains, celle des animaux et celle de l’environnement. «Cette approche est davantage utilisée dans les milieux universitaire et institutionnel. Avec ELUZO, nous voulions mettre sur pied un projet d’intervention sur le terrain avec les communautés et particulièrement avec les femmes», explique Magali Martin, chargée de projets internationaux à UdeM international et coordonnatrice d’ELUZO. 

Financé par Affaires mondiales Canada, ELUZO (pour Elles luttent contre les zoonoses) est un projet de coopération internationale chapeauté par l’Université de Montréal et qui réunit une cinquantaine de personnes: chercheurs (de l’UdeM et de l’Université de Guelph), partenaires locaux, étudiants, etc. «L’objectif est de favoriser la prévention des zoonoses [ces agents pathogènes qui peuvent se transmettre des animaux aux humains et vice versa] dans une dizaine de communautés du Sénégal et du Burkina Faso. On met aussi un fort accent sur l’égalité des genres», poursuit-elle. 

Premiers stages

Crédit : Béatrice Trudel et Sarah Tremblay-Dallaire

ELUZO vise à coconstruire avec les communautés des projets pilotes qui répondent à leurs besoins. «Par exemple, un sujet qui est ressorti, c’est la gestion des déchets, qui crée énormément de problèmes sur les plans environnemental, de la santé humaine et de la santé animale», illustre Magali Martin.

Au terme d’une première année de consolidation des partenariats et d’enquêtes de terrain par les chercheurs et chercheuses, quatre stagiaires (deux au certificat en coopération et solidarité internationales, deux à la maîtrise en santé publique) de l’UdeM se sont envolées pour le Sénégal. En binôme, elles ont séjourné dans les régions de Kaffrine et de Fimela de deux à quatre mois. 

Même si elles ont principalement travaillé avec leur collègue de leurs programmes d’études respectifs, le maillage entre les différentes disciplines était essentiel pour les organisatrices et organisateurs. Les quatre étudiantes avaient ainsi des parcours diversifiés, ayant été formées en travail social (Béatrice Trudel et Sarah Tremblay-Dallaire), en médecine (Lonerve Valeus) et en médecine vétérinaire (Marie Chantal Nyiramafaranga).

Par et pour les communautés

Crédit : Lonerve Valeus et Marie Chantal Nyiramafaranga

Les quatre stagiaires avaient comme mandat principal de travailler sur des outils de sensibilisation à l’approche Une seule santé et à l’égalité des genres, après avoir échangé avec les communautés. «Nous avons eu des discussions sur l’égalité des genres avec des groupes de femmes, pour la plupart éleveuses ou cultivatrices. Ce sont elles qui nous ont dit sur quoi devrait porter la sensibilisation», indique Sarah Tremblay-Dallaire, étudiante au certificat en coopération et solidarité internationales. Les deux stagiaires en santé publique, quant à elles, ont collaboré avec des experts locaux en santé animale. «On incluait les chefs de village, les imams, etc., pour que les messages soient mieux acceptés par la communauté», raconte Lonerve Valeus, étudiante à la maîtrise en santé publique. 

Les étudiantes ont par ailleurs travaillé en collaboration avec les animateurs et les animatrices de terrain pour bien adapter les approches. «Nous ne pouvons pas arriver avec nos gros sabots, surtout sur la question de l’égalité des genres», remarque Magali Martin «C’est un sujet qui demande beaucoup de minutie, de patience, d’écoute. Nous sommes des femmes blanches qui arrivons du Nord, c’est important de prendre le temps et de nous adapter», acquiesce Sarah Tremblay-Dallaire.

«Le stage leur a permis de confronter leurs connaissances théoriques avec la réalité du terrain et les défis que cela représente», estime Magali Martin. «On en a profité pour cerner, avec les communautés, les possibles obstacles à la sensibilisation, pour proposer des solutions afin de les surmonter», ajoute Marie Chantal Nyiramafaranga, l'autre étudiante à la maîtrise en santé publique.

Des outils et des acquis en héritage

Crédit : Béatrice Trudel et Sarah Tremblay-Dallaire

Après l’étape des consultations, les stagiaires ont réalisé des outils qui seront ensuite utilisés par ceux et celles sur le terrain qui poursuivront le travail de sensibilisation dans les communautés. 

Même si les femmes sont souvent la courroie de transmission des messages, le public cible devait être plus large: «Les femmes ne voulaient pas que les messages s’adressent uniquement à elles; nous avons donc diversifié nos outils pour cibler différents groupes», mentionne Lonerve Valeus. Messages radio, jeux de rôles, boîte à images, réseaux sociaux ont été mis à profit. 

Revenues depuis quelques semaines, les stagiaires disent avoir appris autant sur le plan personnel (humilité, capacité d’adaptation, ouverture sur le monde) que sur le plan professionnel. «C’est durant mes stages que mes cours prennent tout leur sens», affirme Béatrice Trudel, étudiante au certificat en coopération et solidarité internationales.

Les prochains stagiaires de l’UdeM s’envoleront pour l’Afrique en janvier 2026. ELUZO devrait, au terme des cinq années que durera le projet, offrir une douzaine de stages à des étudiants et étudiantes en nutrition, en santé publique et en coopération internationale. 

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